A 8 ans, elle se rêvait avocate. A 37 ans, elle est finalement à la tête des Petits Bellots, une halte-garderie qu’elle a elle-même fondée à Londres. “J’ai toujours suivi mon intuition”, explique Tessia Brival. Et le parcours de la Française le prouve. Après des études de droit à Paris XI, elle prend la voie du notariat. Mais elle rate de peu son examen. “Mon nom aurait dû être sur la liste”, insiste-t-elle, “car j’avais donné le meilleur de moi-même. J’avais les compétences, les connaissances. C’est là que je me suis dit que quelque chose clochait”. Tessia Brival a besoin de prendre du recul, et justement, son intuition la pousse à aller à l’étranger. “Je me suis dit que je devais aller le plus loin possible pour bien réfléchir à ce que je voulais”.
Partir loin, et surtout dans un pays anglophone, où elle pourrait être en immersion totale dans une autre culture, une autre langue. “C’était l’Australie ou les Etats-Unis”, confie-t-elle, “mais il n’était pas question que je parte en backpack, je cherchais quelque chose de structuré”. Le programme au pair lui semble idéal. “Ma tante est assitante maternelle, et j’ai toujours grandi entourée d’enfants”, explique la Française. Après des recherches sur internet, elle fait le comparatif, et regarde même l’option de partir en Angleterre. Les Etats-Unis répondent alors à toutes ses attentes. “La famille me payait l’avion et même une bourse pour étudier les modules que je souhaitais, j’avais deux semaines de vacances et un week-end sur deux, et j’étais payée près de 1,000 dollars par mois”.
A 25 ans, Tessia fait donc ses valises, direction San Francisco, où elle s’occupera de deux jeunes enfants, âgés de 4 et 6 ans. “Cela a été une expérience extraordinaire, le choc des cultures m’a ouvert les yeux sur de nouvelles perspectives, j’ai gagné en maturité”. Pendant cette année américaine, elle étudie pendant trois mois les ressources humaines au sein de la prestigieuse université de Berkeley grâce à la bourse offerte par la famille. “Après ce que j’avais vécu là-bas, je n’avais aucune envie de rentrer en France”, confie la jeune femme. Mais il faudra bien. “Je me suis dit : ‘je me donne 6 mois pour voir ce qui pourrait se présenter à moi’”. Elle décide alors de tenter le concours d’un master en ressources humaines internationales. “Ce qui m’a attiré dans ce diplôme, c’est qu’il y avait un trimestre de cours à Paris, et 6 mois à Londres”. Elle passe l’examen de l’école IGS, mais elle le loupe. “Quand je suis allée voir le responsable, je lui ai dit : ‘il faut que vous me preniez’. Il m’a répondu que mes résultats n’avaient pas été assez bons. Je lui ai alors répondu : ‘certes, mais au moins je ne peux pas faire pire que ça’”. Son attitude et sa détermination, séduisent le responsable de l’établissement, qui finalement lui offre une place dans le cursus.
Après un trimestre à Paris, Tessai Brival débarque donc à Londres, où elle obtient son diplôme à la London South Bank University. La jeune femme décide de rester dans la capitale anglaise et se met à chercher du travail. Elle décrochera un poste à Bank of America, où elle impressionne par son CV. Mais à peine un mois après sa prise de fonction comme ‘RH representative’, la Française apprend qu’elle est enceinte. “Je me suis alors posée la question de ce que je voulais faire et puis j’ai eu envie de rester à la maison pour élever mon fils”. Avec l’ambition d’”être la meilleure éducatrice pour son enfant”, elle se documente, lit et apprend sur l’éducation des enfants. “Mais ce n’était pas assez pour moi, alors je me suis lancée dans une formation d’assistante maternelle, qu’on appelle ici ‘childminder’”.
Agréée par l’organisme officiel, l’Ofsted, Tessia Brival, qui aura un second enfant entre-temps, ne décide pas pour autant d’en faire son métier. Cependant, elle rencontre d’autres assistantes maternelles dans le quartier et l’une d’elles lui propose assez rapidement de la rejoindre au sein de sa structure de crèche bilingue “La Petite Ruche”. Elle accepte. “J’ai adoré cette expérience de maîtresse, j’ai beaucoup appris sur la gestion de l’accueil des enfants”, estime-t-elle, ajoutant que cela lui a donné envie de s’engager sur une formation d’éducatrice de jeunes enfants.
C’est à ce moment-là qu’elle se sent prête à lancer son propre projet. Mais pas question d’ouvrir une énième crèche à Londres. Tessia Brival préférera le modèle de la halte garderie, mode de garde inconnu ou méconnu des Britanniques. “J’avais envie de pallier un manque”, se justifie-t-elle. Et elle sait de quoi elle parle. “Cette idée est née de mon propre besoin. Les mamans qui décident de rester à la maison ont parfois besoin d’une heure ou deux pour faire des courses ou s’occuper d’elles. Et les enfants, eux, ont besoin de se sociabiliser. Sauf qu’à Londres, impossible de trouver une telle structure d’accueil”. Ce sera donc le créneau que prendra Tessia Brival. En 2017, elle fonde Les Petits Bellots. “En chti, ça veut dire mignon. Le grand-père de mes enfants, qui vient du Nord, a toujours appelé mes fils comme ça. Et je me suis dit que ce nom irait parfaitement”.
Elle ouvre une première classe à Primrose Hill, quartier où elle habite. “Je louais une salle au sein du community center pendant deux heures et j’y accueillais les enfants que les parents avaient inscrits”. Le concept plaît, Tessia Brival ouvre donc une seconde classe. “Au départ, je ne pensais même pas au développement, ça s’est fait naturellement”. Quatre ans plus tard, Les Petits Bellots compte 7 classes dans trois quartiers différents, à Primrose Hill donc, mais aussi Hampstead et Chelsea. Avec la pandémie, la Française a dû arrêter à Notting Hill et Maida Vale.
Et comme une continuité à cette petite entreprise de halte-garderies, Tessia Brival sort un livre, Rejuvenated Mums Make Happy Kids, le 17 novembre prochain. “J’aurais jamais pensé être un jour auteure, mais j’aime expérimenter plein de choses et surtout aider les mamans à ne pas s’oublier car elles ne sont pas que des mères, mais des individus à part entière”.
Cet ouvrage, écrit en quatre mois, explique l’importance de prendre soin de soi, mais aussi d’écouter ses besoins et ses envies. “Le seul moyen de grandir, c’est de sortir de sa zone de confort, se donner des chances. Le potentiel humain est illimité, les seules limites c’est nous qui nous nous les imposons. Rien n’est impossible, surtout qu’on a chacun nos talents”, explique la Française, qui espère, elle, un jour devenir coach de développement personnel. “Je suis en train de suivre une formation, car j’ai envie d’aider les gens à réussir, à réaliser leurs rêves”.