Comment continuer à payer son loyer quand on a perdu son emploi ou que l’on gagne moins à cause de l’impact de la pandémie sur le marché du travail ? Comment casser son bail si on décide de rentrer temporairement ou définitivement en France suite à la crise du coronavirus ? Autant de questions que de nombreux Français installés au Royaume-Uni se posent. Pour y voir plus clair, le gouvernement britannique a publié un document pour aider les locataires et propriétaires à réussir à faire cohabiter les intérêts de chacun dans cette situation.
“Il y a trois affirmations claires dans ce document”, explique Valérie Rapp, agent immobilier chez Agent & Homes, “la première, c’est que toutes les procédures d’expulsion d’un logement sont suspendues jusqu’à septembre 2020”. La seconde, poursuit la Française de Londres, est l’impossibilité de faire partir son locataire pendant toute la période de l’épidémie. “Enfin, ce document modifie les règles d’accès au logement pour les agences et propriétaires”. En somme, impossible de faire des visites dans le cadre d’une vente ou d’une location.
Mais que se passe-t-il si un locataire ne peut plus payer son loyer ou ne peut payer d’une partie ? “Il faut faire une demande au plus tôt au propriétaire, en lui expliquant sa situation”, conseille Valérie Rapp, “car le contrat locatif ne change pas malgré la situation liée au coronavirus”. Cependant, l’agent immobilier souligne que les propriétaires sont appelés à être compréhensifs à leur tour, sachant que le gouvernement leur a octroyé une suspension de leurs emprunts pendant trois mois, baptisé “mortgage holiday”, de mars à juin. Dans des situations très critiques, le document explique que “si un locataire craint de ne pas pouvoir payer son loyer, ou si les propriétaires prennent connaissance de locataires qui pourraient être en difficulté, des conseils sont disponibles auprès d’acteurs spécialisés tels que Shelter, Citizens Advice et The Money Advice Service”. Ces organismes peuvent apporter leur aide comme faire de la médiation ou aiguiller les personnes afin qu’elles obtiennent un soutien financier.
Si le propriétaire accepte de baisser le loyer, dont le montant sera discuté et validé par les deux parties, il ne pourra cependant pas le réajuster après le passage de la crise. En d’autres termes, il ne sera pas en mesure d’augmenter le loyer pour tenter de récupérer le manque à gagner. “Il n’aura pas à intérêt de toute façon, car il gagne davantage à conserver des bons locataires sur la durée”, confie Valérie Rapp. Surtout que l’état du marché immobilier d’après crise demeure une inconnue.
A la question, est-il possible de casser un bail, la spécialiste explique que cela n’est pas possible sans la bonne volonté du propriétaire. “Déjà”, rappelle la Française, “on est censé être tous en confinement, donc quel serait l’intérêt de casser son bail ? Ensuite, le document publié par le gouvernement rappelle que les clauses du contrat signé entre les deux parties restent inchangées autant pour le propriétaire que le locataire”. A leurs risques (sans périls à vrai dire) par ailleurs pour celles et ceux qui choisiraient de partir du jour au lendemain sans avertir le propriétaire. Certes, ce dernier ne pourra pas les poursuivre juridiquement pendant la crise de coronavirus, mais leur caution ne le sera pas rendue. “J’insiste sur le fait qu’il ne faut pas avoir peur d’échanger avec son propriétaire, de lui expliquer la situation. La plupart comprennent bien qu’il est essentiel de s’entraider aujourd’hui”, résume Valérie Rapp.