Ils sont les pieds de voûte de notre corps, ceux-là même qui chaque jour nous font faire des petits et/ou grands pas dans nos vies. Force est pourtant de reconnaître, qu’on a souvent tendance à les négliger, nos pieds. A Londres, un homme est à pied d’œuvre pour les bichonner. Ce faiseur de miracles, c’est Bastien Gonzalez mondialement connu comme le pédicure des stars. Et pour cause, parmi sa clientèle, il compte des grands noms du cinéma, de l’art et de la finance. Rencontre avec LE “main-gicien”.
Pas question de rester au pied du mur
“C’est une mauvaise chute quand j’étais jeune moniteur de ski qui m’a fait changer de trajectoire”, (s’)introduit Bastien Gonzalez. Fou de glisse, le Corrézien d’origine qui visait les podiums se voit contraint de déchausser et d’intégrer un centre de rééducation. Il y fait une rencontre décisive avec un podologue qui va le remettre sur pied et surtout, lui mettre les pieds à l’étrier… du métier.
Un travail d’arrache pied
“Après 6 mois de rééducation à base de 4 heures par jour, j’ai eu un coup de foudre pour cette profession. Comme j’avais besoin du savoir, j’ai quitté l’université de médecine pour la podologie“, explique-t-il fièrement. Trois ans plus tard, le voilà fraîchement diplômé. C’est à Paris, place des Vosges plus exactement, que le jeune Bastien Gonzalez décide d’ouvrir son premier cabinet. “On m’a dit “Tu es fou !”. J’ai répondu “J’aime les beaux endroits“”, se souvient-il malicieusement. Un an et demi plus tard, le cabinet tourne à 20 personnes par jour, 6 jours par semaine avec des rendez-vous pris un mois à l’avance.
Podologue mais pas au pied de la lettre
Pour séduire sa clientèle, le podologue a mis sur pied un concept déjà bien loin de celui des cabinets traditionnels. Non content d’être un “simple” docteur des pieds, Bastien Gonzalez s’est aussi formé à la pédicure et propose un traitement plus pointu au niveau des ongles. Sa botte secrète ? Un polissage inspiré de sa grand-mère. “C’est en la voyant se polir les ongles des mains avec une peau de chamois que j’ai eu la révélation : avec la chaleur suscitée par la friction, le sang circule et les oxygène. Une astuce de beauté qui existait d’ailleurs au temps de Marie-Antoinette, possesseuse de tout un kit de polissoire. Je n’ai rien inventé“, plaisante-t-il. Il n’empêche que son approche est un joli pied de nez à la profession et qu’outre les clients, le succès est au rendez-vous.
L’appel du pied
A 25 ans, il revend son cabinet et s’installe à l’hôtel Costes, rue Saint-Honoré. Les tops modèles y défilent. “De bonnes clientes“, sourit-il. “Manque de graisse et d’élasticité de la peau au niveau du pied additionnés à des chaussures à talons égal corps à cor. Pour les soigner, car c’est bien de traitement qu’il s’agit – dans pédicure il y a cure“, insiste-il, “j’enlève le cor de façon qualitative. Je ne suis pas un dealer de pédicure. Mon but, ce n’est pas de voir les clients tous les mois. Telle est ma ‘marque de fabrique'”. Et c’est ce qui le propulse en quelques années au rang de “Virtuose du pied” et lui vaut d’être approché par le milliardaire Sol Kerzner pour créer des Pédi-Spas dans ses hôtels de luxe One&Only. En 2001, le premier studio “Pédi:Mani:Cure by Bastien Gonzalez” ouvre ses portes à Maurice. Suivront une vingtaine d’ouverture de studios dans les plus beaux palaces du monde en moins de 15 ans, la création de sa société BGA (Bastien Gonzalez Alonzo) Corp et le lancement de sa propre marque de produits “Révérence de Bastien”.
Pas question de perdre pied
Les stars font des pieds et des mains pour avoir un rendez-vous, il a remis sur pied une princesse du Moyen-Orient, il voyage de Singapour à Barcelone en passant par Monaco, pourtant Bastien Gonzalez garde les pieds sur terre. “Je suis partenaire avec les hôtels dans lesquels mes studios sont implantés. Cela me permet de garder une autonomie et d’appliquer ma philosophie du bien-être que sont l’éducation et l’émotion. Les pieds vous portent toute une vie, il faut les respecter. C’est le message que je m’efforce de faire passer pendant mes soins. J’estime que cela fait aussi partie de ma mission”, affirme-t-il. “Entretenir ses pieds, c’est la garantie d’une bonne santé et de conserver les 26 os, 16 articulations, 20 muscles et 107 tendons dont ils sont composés”, insiste-t-il. L’émotion quant à elle, tient en un mot : “massage“. Du pied puis de la jambe. “C’est un ostéopathe avec lequel j’ai travaillé qui m’a dit “Bastien, c’est bien ton massouillage des pieds mais considère la jambe aussi”, se souvient-il. “Cela permet de libérer les tensions des muscles qui sont les ficelles de la marionnette. Si les ficelles sont tendues, la marionnette ne bouge pas bien“, ajoute-t-il. “La finalité de ces deux fondamentaux appliqués par mes équipes de choc, c’est de faire vivre une expérience fabuleuse, de pied en cap“, conclut-il avec le sourire.
Pour prendre son pied à Londres…
…c’est au Mandarin Oriental Hyde Park qu’il faut se mettre en marche. Bastien Gonzalez y a installé son studio depuis juin 2018. “Je suis ravi d’avoir un flagship dans ce lieu mythique chargé d’histoire et content d’être dans la capitale anglaise. J’aime cette ville, son énergie. D’un point de vue professionnel, j’apprécie la ponctualité et l’enthousiasme des clients anglais. Et sur le plan entrepreneurial, les Britanniques sont bien moins frileux. Si tu es droit dans tes bottes et que tu respectes le “standard of protocole”, ils te font confiance.“.
Confiant pour l’avenir de son studio y compris en cas de Brexit dur, Bastien Gonzalez le reste. “J’ai la chance d’avoir une grande diversité pour voir venir. Mais comme je lâche rarement pied, je n’hésiterai pas à faire des pieds et jouer de mes mains pour ne pas perdre ma clientèle.“