Transport for London (TfL) a annoncé sa décision dimanche 11 mars : selon le quotidien The Guardian, la société londonienne de transport a interdit une campagne publicitaire de la région française Normandie, appelant les entreprises britanniques à traverser la Manche pour échapper au Brexit.
La campagne pour l’agence de développement de Normandie se présentait en fait sous la forme d’une maquette d’un faux journal, intitulé pour l’occasion The Normandy Times et contenait comme principal titre: “Les propriétaires d’entreprises britanniques peuvent maintenant voter avec leurs pieds et laisser derrière eux les craintes post-Brexit”.
La publicité comportait également une petite annonce expliquant : “Entrepreneur sexy aimant les affaires, les promenades côtières et les déjeuners baignés par le soleil, recherche… de préférence quelqu’un d’allergique aux tarifs post-Brexit, à la législation et aux restrictions.”
“Si vous n’avez pas voté pour le Brexit ou que cela n’est pas bon pour votre entreprise, pourquoi ne pas voter avec vos pieds et ouvrir un bureau ou installer une unité de production en Normandie”, indiquait juste en-dessous le message publicitaire.
TfL a motivé ce rejet en vertu d’une clause relative aux publicités susceptibles de contenir “des images ou des messages relatifs à des sujets de controverse ou de sensibilité publique” et argumentant également que cette campagne normande “n’était pas entièrement conforme” à ses directives publicitaires.
La France tente de plus en plus de prendre sa part économique dans le flou du Brexit. Lundi 5 et mardi 6 mars, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait d’ailleurs fait le déplacement à Londres et avait annoncé la relocalisation de milliers d’emploi vers l’Hexagone suite à la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne.
Plusieurs régions françaises ont également entre 2016 et 2017 fait campagne dans la capitale anglaise auprès des grandes entreprises, notamment de la City. Cela a été le cas de l’Ile-de-France en janvier 2017 et des Hauts-de-France en octobre 2017. L’article du Guardian rappelle également qu’il y a deux ans, Defacto, qui gère le quartier d’affaires parisien de La Défense, avait mené une campagne similaire à la région normande avec le message : “Fatigué du brouillard ? Essayez les grenouilles !”
“Le Conseil de Normandie a été désolé d’apprendre que Transport for London a refusé deux fois de mener notre campagne médiatique au motif qu’elle abordait “des sujets de controverse ou de sensibilité publique””, a déclaré Hervé Morin, président de la région.
Il a en profité pour rappeler que la Normandie offrait des allégements fiscaux et aidait à l’obtention de subventions allant jusqu’à 100.000 € (£89.000) aux entreprises britanniques qui souhaitaient s’installer de l’autre côté de la Manche. “Nous sommes très désireux de faire passer notre invitation aux entrepreneurs britanniques qui souhaitent s’installer ou rester dans la Zone Euro”, a réitéré Hervé Morin, qui n’a pas baissé les bras et a annoncé : “Nous avons donc décidé de lancer la campagne dans la presse nationale.” Dont le Guardian.
La campagne publicitaire sera aussi visible grâce à un bus floqué de l’annonce du “Hot entrepreneur” et qui circulera lors d’une tournée à Bristol, Birmingham, Manchester, Cambridge et Londres plus tard en mars.