Le Cercle d’outre-Manche (CoM), think tank créé en 2004, regroupe des acteurs économiques franco-britanniques composés de présidents et chefs d’entreprise, de directeurs généraux ou d’associés de groupes internationaux opérant dans divers secteurs d’activité. Alors que le Brexit patine davantage ces dernières semaines, le groupe de réflexion a décidé de lancer un sondage auprès des membres du CoM et des conseillers du commerce extérieur de la France au Royaume-Uni. Les résultats viennent d’en être dévoilés.
L’enquête a été menée entre les 25 février et 20 mars derniers, soit quelques jours avant la nouvelle date de sortie – pour le moment encore officielle – du pays de l’Union européenne fixée au vendredi 12 avril. Le CoM a choisi de sonder plus de 100 patrons ou cadres exécutifs français travaillant pour des groupes/sociétés françaises implantés au Royaume-Uni ou pour des groupes internationaux présents outre-Manche. Ce panel représente ainsi, selon le Cercle d’Outre-Manche, l’ensemble des secteurs d’activité et leur taille va de de la start-up de moins de 10 employés au grand groupe de plus de 5.000 employés. “Le pool d’entreprises qui a répondu à notre enquête emploie au total dans le pays près de 100.000 personnes”, détaille le think tank.
Il était essentiel de prendre le pouls des acteurs économiques, car les derniers rebondissements autour du Brexit ont créé, selon le CoM, “une situation particulièrement chaotique et anxiogène”. “Les inquiétudes sont aujourd’hui évidemment de plus en plus vives notamment dans les milieux économiques et patronaux”, explique le groupe de réflexion. Parmi eux, les 30.000 entreprises françaises qui exportent au Royaume-Uni et les 3.400 entreprises qui y sont implantées. “Une récente étude de l’assureur-crédit Euler Hermes évalue à 3 milliards d’euros la perte en valeur pour les entreprises françaises en cas de ‘no deal’ d’où l’importance de s’y préparer”, estime le Cercle d’Outre-Manche.
Les sondés devaient répondre à plusieurs questions dont : avez-vous vu un ralentissement de vos activités lié au Brexit (entre juin 2016 et mars 2019) ? ; avez-vous au sein de votre entreprise une “Brexit Task Force” ? ; comment vous êtes-vous préparé aux différents scénarios du Brexit ? Avez-vous recruté des personnes supplémentaires ou fait appel à des sociétés extérieures (consultants spécialisés) ? ; envisagez-vous un recentrage de vos activités en France ou en Europe continentale ?… Les résultats des analyses ont permis de constater qu’”une majorité de dirigeants d’entreprises français (61%) restent confiants sur un accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne”, bien qu’“une part importante (40%) des dirigeants de grands groupes interrogés pense qu’il y aura un ‘no deal’”.
Par ailleurs, près de 40% des dirigeants interrogés affirment que le Brexit, qu’ils qualifient entre autres de “nouvelle démonstration de la capacité d’un vote populiste à appauvrir un pays en bonne santé” ou de “gâchis pour le UK et l’UE”, a eu un impact sur leurs décisions d’investissement au UK au cours de ces deux dernières années. Une tendance qui augmente sensiblement depuis le début de l’année notamment, précise le rapport du Cercle d’Outre-Manche. Les secteurs les plus touchés par cette baisse des investissements sont l’industrie (67%) et les services financiers (71%). La future sortie du Royaume-Uni donne également envie à 42% des patrons de très petites et petites entreprises principalement de délocaliser leurs activités ailleurs en Europe.
Le CoM conclut enfin sur le fait que 95% des préoccupations des dirigeants interrogés résident avant tout dans l’accès à la main d’œuvre qualifiée et non qualifiée, les tarifs douaniers, le transport et logistique, l’impact sur la consommation et enfin l’impact négatif sur l’image du Royaume-Uni.