A moins d’une semaine de la date théorique du Brexit, déjà repoussée à deux reprises jusqu’au jeudi 31 octobre, personne ne sait encore quand aura réellement lieu le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Et pour cause, après le coup d’éclat du “nouveau deal” négocié à la hâte par Boris Johnson avant le sommet européen des jeudi 17 et vendredi 18 octobre, rien ne s’est passé comme l’escomptait le tenancier du 10 Downing Street. Réunis en séance exceptionnelle, samedi 19 octobre, les députés britanniques ne se sont en effet pas prononcés sur l’accord Johnson et ont préféré prendre leur temps en votant un amendement allongeant son délai d’approbation.
Après le revers encaissé à la Chambre des Communes, le Premier ministre britannique a alors été contraint de faire parvenir au président du Conseil européen, Donald Tusk, une demande de report du Brexit au 31 janvier 2020, comme l’y oblige la loi Benn dite “loi anti-no deal”. Rien n’a donc été entériné depuis cette date et la tentative de Boris Johnson de faire adopter son accord en seulement deux jours s’est définitivement soldée par un échec mardi 22 octobre.
Dans l’impasse, le chef du gouvernement britannique a finalement annoncé, jeudi 24 octobre, sa volonté d’organiser des élections générales anticipées jeudi 12 décembre prochain. Mais là encore, la partie n’est pas gagnée d’avance puisqu’il faudra que le projet soit voté, lundi 28 octobre, et qu’il récolte la majorité qualifiée des suffrages comme requis par le “Fixed-term Parliaments Act” adopté en 2011. Tous les regards se portent désormais sur la position qu’adopteront les travaillistes, deuxième force politique à la Chambre des Communes et qui auront sans doute le dernier mot sur la tenue ou non de ces élections anticipées.
Là est donc le nœud de cette situation sans queue ni tête. D’un côté, Jeremy Corbyn, le leader du parti travailliste a conditionné son vote à l’approbation préalable par Bruxelles de la demande de report au 31 janvier 2020. De l’autre, l’Union européenne a finalement annoncé, vendredi 25 octobre, qu’elle attendrait le résultat du scrutin de lundi pour donner une réponse sur le délai supplémentaire demandé par le Royaume-Uni. Il faut dire que parmi les Etats membres, des dissonances commencent à se faire entendre, notamment de la part de la France, qui ne souhaite qu’un report “technique” donc bien plus bref que celui souhaité par les Britanniques. Or, ce délai devra inévitablement être adopté à l’unanimité par les 27.
L’horizon d’un retrait au jeudi 31 octobre s’est donc considérablement éloigné en l’espace de quelques jours. Entre course contre la montre et stratégies politiques contradictoires, la semaine qui s’annonce devrait donc conditionner le devenir du Brexit… enfin, tout est possible.