“Crucial”, c’est l’adjectif de Downing Street qu’a repris toute la presse britannique pour qualifier cette nouvelle (et supposée dernière) semaine de négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. En effet, la période de transition se terminant le 31 décembre 2020, le temps presse pour trouver un accord. Mais, les discussions s’étant éternisées, c’est aussi la possibilité de ratifier le texte, si accord il y a, dans le temps imparti qui ajoute un nouveau défi.
Après la victoire de Joe Biden, les événements se sont enchaînés rapidement pendant toute la semaine de la dernière table ronde des négociations : le départ de Lee Cain, directeur de la communication du No 10 Downing Street suivi par celui de Dominic Cummings, conseiller principal de Boris Johnson et fervent défenseur de la campagne du “Leave” en 2016, ainsi que la mise en quarantaine du Premier Ministre lui-même, détecté cas contact de Covid-19… Cette situation côté Royaume-Uni aurait pu laisser penser que ce grabuge aurait une influence sur les négociations avec l’UE, avec un assouplissement des positions britanniques.
Le journal français Le Monde écrivait d’ailleurs dimanche 15 novembre que “les Britanniques ont craqué les premiers” puisque Londres a reconnu une partie de la régulation financière européenne. Certes, explique l’article, ce système sera moins efficace que le passeport européen, mais “cela permettra à des firmes européennes de continuer à offrir leurs services à la City, le quartier d’affaires londonien”.
Mais c’est sans compter les multiples rebondissements qui ponctuent les négociations depuis plus d’un an. En effet, le cabinet du Premier Ministre a rapidement réaffirmé que ces changements n’affecteraient en rien la volonté de l’île de défendre sa “souveraineté totale”. De quoi relancer à nouveau un dialogue de sourds.
Après une nouvelle tentative de discussion avec la venue dans la capitale anglaise de Michel Barnier, négociateur en chef pour l’UE, les échanges, finalement toujours aussi stériles, se sont poursuivis cette fois-ci à Bruxelles depuis lundi 16 novembre. La commission européenne et sa présidente Ursula Von der Leyen, ont en effet reçu David Frost, le représentant britannique. “Nous restons déterminés, patients et respectueux. Nous voulons que notre future coopération reste ouverte mais juste dans tous les domaines”, a tweeté Michel Barnier.
Mais les points d’accroche demeurent toujours les mêmes depuis le milieu de l’été, comme le rappelle Simon Coveney. Le ministre irlandais des affaires étrangères répète d’ailleurs sa préoccupation de la perspective d’un “no deal”, ainsi le rapporte le journal britannique The Guardian. En effet, la question des droits de pêche en est toujours au même stade, aucune des deux parties ne voulant lâcher du lest. Selon les mots de l’Irlandais, le sujet serait donc le principal point qui empêcherait les deux côtés de la Manche de s’entendre. Si une solution n’est pas trouvée à ce problème, autrement dit si le Royaume-Uni ne revoit pas sa position, il n’y aura pas moyen de trouver un accord d’ici les prochaines semaines.
Si c’est cette option qui finit par être choisie, les relations commerciales entre la Grande-Bretagne et l’Union Européenne seraient ainsi soumises à la régulation de l’Organisation mondiale du Commerce, impliquant alors des tarifs sur les importations et les exportations qui augmenteraient les coûts de façon considérable.
Pire, on se dirigerait vers “le chaos”. “Certains ports britanniques seraient dans l’impossibilité d’effectuer des contrôles sur les importations de produits frais en cas de sortie sans accord”, ainsi écrit Sky News, rapportant l’inquiétude de groupes industriels. C’est donc une solution que personne n’aimerait voir se réaliser. Même si l’horloge tourne, Boris Johnson continue d’affirmer que son pays “prospérera même sans accord avec l’UE”, confie la BBC.
Problème, cette possible partie de poker menteur ne peut vraiment plus durer, à 7 semaines de la fin de la période de transition. Il y a donc plus qu’urgence, mais qui de l’UE ou du Royaume-Uni par céder ? Là réside toute la question dont la réponse devrait forcément arriver dans les 10 prochains jours, comme l’espère le ministre des affaires étrangères irlandais Simon Coveney.