A l’annonce de la mort de Jacques Chirac jeudi 26 septembre, les médias britanniques ont dressé un portrait mitigé de l’ancien président de la République, à l’image des relations entre le Royaume-Uni et la France.
Lui qui a été 18 ans maire de Paris est aujourd’hui présenté par le Guardian ou le Sun comme le “premier ancien président condamné pour corruption et détournement de fonds publics”. Les surnoms n’ont d’ailleurs pas manqué pour qualifier le locataire de Matignon (de 1974 à 1976, et de 1986 à 1988) ayant enchaîné deux mandats présidentiels (entre 1995 et 2007). La réputation qui le suivait était celle d’un “bulldozer”, d’un “tueur”, d’une “girouette” et même d’un “super-menteur”, pouvait-on lire dans les colonnes de BBC News et du Guardian. Pas si étonnant, au vu de sa carrière politique marquée d’embûches, de désaffections et d’oppositions fratricides.
Plus largement, le bilan de Jacques Chirac dressé par The Guardian était pour le moins mitigé. Pointant notamment du doigt son “inaction” soldée d’une “stagnation politique” sous sa présidence, le quotidien indique qu’il n’a pas été à même de rassembler la France, résorber la dette, enrayer les inégalités ou encore diminuer le taux de chômage.
Le Mail online s’attardait quant à lui davantage sur la personnalité de l’homme dans sa vie privée. Jacques Chirac est ainsi décrit comme un “homme à femmes”, un “coureur de jupons”, en référence aux différents écarts qu’il aurait eu au cours de ses 63 années de mariage avec Bernadette. The Herald Scotland retenait de son côté “le style” du personnage. “On se souvient également de M. Chirac pour un autre trait apprécié des Français : le style. Grand, chic et charmeur, M. Chirac était un bon vivant qui appréciait ouvertement les pièges du pouvoir : les voyages de luxe à l’étranger et la vie dans un palais appartenant à l’Etat”.
Connu pour sa verve et son sens de la petite phrase, le Corrézien a marqué les mémoires britanniques, notamment après sa remarque acerbe à l’encontre de son homologue de l’époque, la Première ministre Magaret Thatcher. Lors d’un sommet européen en février 1988, Jacques Chirac avait déclaré, agacé : “Mais qu’est-ce qu’elle me veut la mégère ? Mes couilles sur un plateau ?”, rappelait ainsi The Guardian. Une réplique captée par son micro resté ouvert et faisant réponse au désaccord sur le remboursement d’une partie de la contribution de la Grande-Bretagne au budget européen.
Bien que son bilan politique soit discuté, tous les médias britanniques s’accordaient à dire que Jacques Chirac était resté un homme politique cher au cœur de ses compatriotes après son départ de l’Élysée. Lui qui a un temps connu “la cote de popularité la plus basse de tous les présidents (en fonction, ndlr) depuis la fin de la guerre” est aujourd’hui dépeint comme “l’un des politiciens préférés des Français”, analysait le Guardian. Soulignant au passage son “panache” dans sa façon d’incarner le“monarque républicain”, ce dont “Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont par la suite montrés dépourvus”. Selon le quotidien, plusieurs moments forts de sa présidence ont en effet étayé ce sentiment comme la suppression du service militaire obligatoire ou encore, précisait The Independent, son refus ferme d’engager la France dans la guerre en Irak en 2003.
“M. Chirac a fait preuve de courage et de sens politique pendant sa présidence”, a souligné pour sa part The Herald Scotland, faisant référence à sa prise de position sur l’Holocauste. “Pendant son heure de gloire peut-être, le dernier dirigeant français ayant des souvenirs de la Seconde Guerre mondiale a écrasé le mythe de l’innocence de son pays dans la persécution des Juifs et leur déportation pendant la Shoah, alors qu’il reconnaissait le rôle de la France”, a écrit le média écossais.