Venir à Londres, là même où il a créé son dernier album “Liberté chérie”, était important à ses yeux. “Ce n’est pas pour conquérir les Anglais, je reste lucide quand même : je ne suis qu’un chanteur français”, plaisante Calogero, “mais cette ville m’inspire tout le temps”. Sur la scène de l’O2 Shepherd’s Bush Empire mardi 29 janvier, il espère simplement conquérir le cœur du public qui aura choisi de venir le voir.
Si Calogero devait définir Londres en un mot, nul doute qu’il la qualifierait d’énergique. “Dès que j’arrive à la gare (de St Pancras, ndlr), j’ai envie d’écrire des chansons”, confesse l’artiste français, “ma culture musicale vient de là”. Cette ville, qu’il visite très régulièrement, ne cesse d’ailleurs de l’inspirer et il raconte que dès qu’il se trouve dans un des innombrables disquaires de la capitale anglaise, il dégaine son téléphone et “shazame” (Shazam est une application pour identifier les titres des musiques, ndlr) tout ce qu’il entend et qui lui plaît. Ce qu’il aime aussi à Londres, où il est certain qu’il viendra vivre un jour, est sans conteste la diversité, le multiculturalisme. “L’état d’esprit de cette ville me fait dire qu’elle a un pas d’avance. Tout est créativité et moi qui suis passionné de déco, je suis servi”.
C’est donc Londres, et plus exactement les mythiques studios d’Abbey Road, qu’il a choisi pour créer son dernier album, “Liberté chérie” sorti en 2017 et écoulé à plus de 400.000 exemplaires en quelques mois. “J’ai grandi avec The Cure ou The Beatles. Travailler avec des musiciens et des ingénieurs du son anglais, c’est plus facile car ils ont déjà cette culture musicale qui est en moi. Je n’ai presque rien à expliquer, ils comprennent tout de suite ce que je recherche”, explique l’auteur-compositeur-interprète.
Cette liberté artistique est essentielle pour lui. Mais la liberté en général davantage. “Etre libre, c’est avoir le choix. En France, on a ce choix. C’est d’ailleurs un vrai sujet en ce moment où on voit la guerre et la souffrance ailleurs dans le monde”, confie Calogero, “il se passe aussi quelque chose dans notre pays, les gens se battent, on assiste à des lynchages”. Pourtant, rappelle-t-il, il a grandi dans quartier difficile (à Echirolles, dans la banlieue grenobloise, ndlr) et les bagarres d’antan n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. “Je n’ai jamais connu de mouvement de foule, où des personnes sont lynchées. Je suis choqué par cela”. Il fait ainsi référence à une de ses chansons, Liberté chérie qui a donné d’ailleurs le titre à l’album tellement il était important pour Calogero d’affirmer son attachement à cette notion. Dans son texte, il parle de Marin, frappé à coups de béquille et laissé pour mort le 11 novembre 2016 à Lyon alors qu’il tentait de s’interposer alors qu’un homme agressait un couple s’embrassant dans la rue. “A mes yeux, c’est un héros. J’ai voulu expliquer mon incompréhension face à cette violence gratuite par mes mots et ma musique”.
Le Français s’est toujours engagé dans ses chansons, d’aucuns se souvenant des paroles d’”Un jour au mauvais endroit” qui parlait de l’agression de deux jeunes d’Echirolles tués pour un mauvais regard. Calogero se veut authentique dans tout ce qu’il fait. Cela pourrait d’ailleurs expliquer la fidélité de son public. “Mais je sais que rien n’est acquis, je n’ai pas la recette du succès, je fais simplement de la musique avec mon cœur et je crois que le public ressent cette honnêteté”, analyse le chanteur. Il revendique aussi d’avoir gardé son âme d’enfant. “Quand je vais acheter une guitare, je suis comme un gamin de 10 ans. A Londres par exemple, quand je suis à Denmark Street, la rue des boutiques de musique, je pourrais passer la journée devant un ampli et être heureux”.
Pour varier les projets et outre son travail personnel, Calogero collabore avec d’autres artistes comme Julien Clerc et a même choisi de travailler sur l’album de Maëlle, 18 ans et gagnante de The Voice saison 7. “C’est un défi pour moi, de faire face à la jeune génération. Qu’elle m’ait fait confiance pour lui faire un costume sur-mesure, cela me touche beaucoup”. Mais l’artiste vient surtout d’ajouter une nouvelle corde à son arc d’artiste : celle de compositeur pour le cinéma. C’est Claude Lelouch qui lui a confié les clés pour la suite du film culte “Un homme et une femme”. “C’est une première pour moi même si cela faisait longtemps que le monde du cinéma m’intéressait”, confesse le Français, qui remercie Francis Lai, qui lui a mis le pied à l’étrier. “Mon maître absolu est Ennio Morricone et un jour alors qu’il avait entendu une de mes musiques, il avait dit que je devrais composer pour le cinéma”. Un jour qu’il n’oubliera jamais et cette prophétie vient ainsi de se réaliser.
Des rêves, Calogero en a d’autres, et notamment un où on ne l’attendait pas. “Mon rêve absolu serait de composer une comédie musicale qui serait jouée à Londres”, révèle-t-il. Une idée qui est en train de germer fortement dans son esprit, mais sans pression. “J’ai plusieurs pistes sur ce que je voudrais raconter, mais je ne sais pas comment et sous quelle forme. Je vais prendre mon temps”. Le chanteur-compositeur est un friand des comédies musicales, il est même venu il y a quelques jours à Londres avec sa fille pour voir Aladin. Il reviendra donc mardi 29 janvier pour profiter de la capitale et des rues d’un de ses quartiers préférés, Soho.