Avec les congés d’été, certains en rêvent : partir randonner, découvrir les superbes paysages des îles britanniques et dormir sur place, en pleine nature, dans sa tente… oui, mais doit-on, pour cela, obligatoirement rejoindre un camping ou un site dédié (où l’on se retrouvera avec d’autres vacanciers) ou bien peut-on, sous certaines conditions, passer la nuit à l’écart ? Quelle législation entoure le camping sauvage au Royaume-Uni ? Et qu’en est-il aussi de ceux qui voyagent en camping-cars et vans aménagés ?
Comme souvent, de ce côté-ci de la Manche, les règles varient selon les « nations ». Dans ce cas-là, Pays de Galles, Angleterre et Irlande du Nord suivent la même logique. Le camping sauvage – le fait, par exemple, d’installer sa tente hors d’un site de camping officiel – n’est pas permis, à moins d’avoir l’autorisation des propriétaires.
Or, une très grande part des terres sont privées, en Angleterre… Et même lorsque le droit d’errance, de se promener (« right to roam ») est permis – ce qui ne concerne qu’une petite portion de terrains –, camper n’est pas forcément de mise. C’est même plutôt le contraire. « Le ‘Countryside and Rights of Way Act 2000’ (qui donne notamment accès, aux randonneurs, à certains espaces naturels, ndlr) exclut spécifiquement le camping », indique Kate Ashbrook, secrétaire générale de l’Open Spaces Society, qui milite pour le droit du public à accéder à davantage d’espaces.
Le respect des terrains privés est aussi valable dans les parcs et réserves naturelles. Ainsi que le stipule le parc national d’Eryri, au Pays de Galles : « Nous encourageons toujours les gens à aller sur les lieux de camping officiels. Le camping sauvage n’est permis qu’avec l’autorisation du propriétaire et l’essentiel du parc se situe en terrain privé ».
Et d’ajouter que si une autorisation de camper devait être donnée, il est en outre fortement recommandé aux personnes de suivre le Eryri Wild Camping Code. Soit de camper, bien sûr, « bien à l’écart des fermes et habitations », de ne pas venir en groupe mais juste avec une ou deux tentes, de ne rester qu’une nuit « afin de minimiser son impact », de ne laisser « aucune trace » de son passage, de ne pas allumer de feu de camp et d’utiliser une « plaque de cuisson pour la cuisine ». Pour les toilettes, ceux-ci doivent se situer à 30 mètres à l’écart de tout sentier, plan d’eau. Pour la vaisselle, il est bien évidemment demandé de ne pas utiliser les sources d’eau naturelles (lacs, rivières).
Une exception (au fait de planter sa tente sans demander d’autorisation) existe en Angleterre. Celle entourant le parc national de Dartmoor, auquel s’applique le Dartmoor Commons Act de 1985 lequel donne, potentiellement, un droit de camper aux randonneurs (valable uniquement pour le « backpack camping » quand on part avec sa tente dans le sac à dos et non les personnes en camping-car, qui doivent elles rejoindre des parkings traditionnels). La chose est toutefois actuellement contestée, un processus judiciaire étant en cours avec un propriétaire du parc.
Concernant d’éventuelles sanctions contre des campeurs qui installeraient leur tente sans autorisation, Kate Ashbrook précise que les propriétaires ont évidemment le droit de leur demander de partir (la chose ne se produisant qu’à petite échelle, toutefois, elle serait généralement tolérée). Dans tous les cas, cela relèverait de la « civil offence », « sans amendes attachées ». Sauf s’il y a dégâts : « Si vous avez causé des dommages, coupé des arbres ou détruit une clôture, cela pourrait faire l’objet d’une amende ».
Pour les vans et camping-cars, la logique est évidemment la même. Il faut l’autorisation des propriétaires et autorités locales. Les choses seraient même plus restrictives du fait, notamment, d’un accès plus limité aux parcs. Il y a quelques temps, un dispositif avait en outre inquiété les propriétaires de vans : il était notamment question de potentielles amendes jusqu’à £2,500, de saisies de véhicule… pour toute personne campant dans un véhicule refusant de bouger et ayant causé des dommages. Le site vanlife.uk indique néanmoins n’avoir connaissance d’aucun cas de ce genre. « Beaucoup de gens campent de manière discrète et respectueuse, en ne laissant pas de trace. Ce qui arrive le plus souvent est qu’on vous demande simplement de partir. »
Les règles entourant le camping sauvage sont, enfin, différentes en Écosse. « Vous pouvez aller sur la plupart des terres et en profiter, tant que vous vous comportez de façon responsable, indique l’agence pour la nature Nature Scot. Ce sont les ‘Scottish access rights’, qui diffèrent des positions anglaise et galloise ». Concrètement, quand vous vous trouvez en pleine nature, vous devez suivre le Scottish Outdoor Access Code, « lequel se base sur trois principes clefs : le respect de l’intérêt d’autrui, la protection de l’environnement et le fait d’endosser la responsabilité de ses actions ».
Et l’organisation de préciser que des exceptions existent, notamment au niveau du célèbre parc du Loch Lomond et des Trossachs, de mars à septembre, où il n’est permis de camper à certains endroits qu’en passant par des campings clairement identifiés ou avec un permis. A noter que ce droit au camping sauvage, sans autorisation, ne s’étend encore une fois pas aux visiteurs motorisés en camping-cars, vans… Organisme en charge de promouvoir le tourisme local, Visit Scotland encourage néamoins les visiteurs à « réserver dans des campings dédiés », mettant en avant toute une série d’options sur son site et en rappelant, bien sûr, les fondamentaux du « wild camping » en Écosse.