Caroline Le Luel est galeriste, elle a fondé French Art Studio en 2007 et promeut au Royaume-Uni de nombreux artistes (peintres, sculpteurs) venus de l’Hexagone. Pourtant, la Française, qui a suivi son mari à Londres en 2005, avait fait jusque-là toute sa carrière dans le secteur économique, plus exactement dans le management de projets. “Quand je suis arrivée à Londres, j’ai décidé de faire une pause professionnelle. J’étais maman de deux jeunes enfants et je voulais profiter de cette expatriation pour m’occuper de ma famille”, confie-t-elle.
Deux ans plus tard, alors que son plus jeune entre à l’école, la jeune femme souhaite retrouver une activité. Mais pas question de reprendre le même chemin professionnel. “Ce n’était pas par désintérêt, je souhaitais simplement avoir un travail qui me permettait d’être plus souvent avec ma famille”. Elle réfléchit donc à une reconversion. L’idée lui est soufflée par son beau-frère, Alban Le Luel, artiste parisien, spécialisé dans la technique mixte (peinture et scuplture murale). “Il savait que j’avais toujours baigné dans l’art, car ma mère m’avait beaucoup influencée sur ce domaine. Petite, elle m’emmenait dans les musées, les brocantes. C’est une femme qui a toujours eu énormément de goût”.
Caroline Le Luel s’est donc toujours intéressée à l’art d’une manière générale. “Alban est un artiste que je suivais avec mon mari depuis longtemps, on avait même commencé à collectionner certaines de ses œuvres”. Son beau-frère lui propose alors de le représenter à Londres. “L’Angleterre, en 2007, c’était le pays de toutes les opportunités, j’ai donc décidé de surfer sur cette vague. En France, je pense que je me serais mise naturellement des freins. J’aurais essayé de me convaincre de ne pas le faire. Ici, il y n’a pas de jugement sur ce que vous avez fait par le passé, il suffit de prouver que vous pouvez le faire”.
La jeune femme se démène, bien que sans réseau. Elle fouille sur le net, trouve une foire d’art à Alexandra Palace, constitue un dossier et décroche son stand. Bingo ! En quatre jours, elle parvient à vendre toutes les œuvres de l’artiste. Des galeries lui proposent même d’exposer son beau-frère et un promoteur immobilier lui offre gracieusement un espace d’exposition dans un de ses buildings au cœur de la City.
Caroline Le Luel fonde French Art Studio et part à la recherche d’autres talents français à promouvoir. Elle toque aux portes, téléphone aux artistes. “C’était beaucoup de travail, je n’aurais certainement pas pu réussir sans le soutien de mon mari, Jérôme, qui lui aussi cultive cet amour pour l’art”. Le bouche-à-oreille dans la communauté française de Londres aide aussi la galeriste, qui se déplace dans le plus de foires possibles pour présenter les œeuvres de ses nouveaux clients.
Comment les choisit-elle d’ailleurs ? “Je fonctionne souvent au feeling. Ma ligne directrice a toujours été “chic et décalé”. Chic dans la présentation et pour la beauté. Décalé parce que j’aime les choses qui sortent de l’ordinaire, qui ont ce petit truc qui fait la différence”. Elle a d’ailleurs beaucoup travaillé avec des street artistes comme Jef Aerosol, L’Atlas, Mambo… Caroline Le Luel s’inspire également des tendances du moment.
Puis arrive le moment, où l’envie d’avoir sa propre galerie la titille. Courir sur toutes les foires l’épuise un peu. Elle se renseigne pour trouver un espace dans Londres, ce sera à Gloucester Road. En avril 2012, la galerie French Art Studio ouvre ses portes. “Je me suis improvisée galeriste pendant cinq ans”, rit la jeune femme.
Le lieu fonctionne plutôt bien et Caroline Le Luel continue à parcourir les foires pour promouvoir ses artistes. Mais en janvier 2017, l’aventure s’arrête. Non pas que l’activité de la galerie ait été en baisse, mais parce que la Française souhaitait autre chose. “J’aime le contact et j’avais aussi besoin d’aller vers les gens, pas simplement rester dans mon espace”.
Depuis, elle organise des pop-ups, événements dans des lieux éphémères, elle représente toujours des artistes sur les nouvelles plateformes digitales dédiées à l’art comme ArtSper ou encore sur des foires. Elle sera d’ailleurs présente entre jeudi 8 et dimanche 11 mars à la Battersea Affordable Art Air. “Ce que j’aime dans mon métier, c’est que l’art est une industrie qui déjoue toutes les règles du marketing. En fait, la règle c’est qu’il n’y en a pas. C’est ce qui rend ce monde fascinant”.
One Response
J’aimerais me mettre en rapport avec Caroline Le Luel.
Peut-elle me contacter sur mon courriel ci-dessous.
Merci