Londres regorge d’histoire à chaque coin de rue, où des siècles et décennies de changements ont marqué les murs de la capitale britannique. Or, si la ville offre une multitude d’activités aussi vivantes que lumineuses aux touristes, les parts d’ombres de son passé ne sont certainement pas autant mises en avant. Mais la discrétion et le secret de l’existence de ces morceaux d’histoire funèbres ne les rendent pas moins fascinants !
Commençons par les célèbres enseignes de barbier, ou « Barber poles », accrochées en hauteur sur la devanture des boutiques et reconnaissables par leurs couleurs entremêlées dans une curieuse spirale blanche et rouge, parfois accompagnée de bleu.
Leur origine remonte au moyen-âge, à une époque où ces salons de coiffure pour homme allaient bien au-delà des simples coups de ciseaux ! Les barbiers étaient en effet nombreux à proposer des opérations chirurgicales aux plus modestes, comme des extractions dentaires, des saignées ou amputations, et signalaient ces services par le biais de leur enseigne.
La forme de cette dernière reprenait celle du bâton que les patients devaient serrer lors d’une telle opération pour faire ressortir leurs veines, d’où la couleur bleue du poteau, ou en cas de forte douleur en l’absence d’anesthésie. Le blanc de l’enseigne indiquait les bandages utilisés au cours de ces chirurgies de fortune, tandis que le rouge rappelait la couleur du sang. Certaines de ces pratiques se sont perpétuées en Angleterre jusqu’au XIXe siècle. Si elles ne sont aujourd’hui (heureusement) plus effectuées, les Barber poles, eux, ont perduré !
Le mobilier urbain dans certains endroits de Londres s’invite lui aussi à la fête des souvenirs peu reluisants de la ville. À commencer par des barrières noires dans le sud de Londres, qui passeraient presque inaperçues malgré leur incroyable histoire !
Ces dernières s’inscrivent dans les projets de recyclage ou de reconversions judicieuses de vieux éléments de guerre de la capitale. Ces curieuses barrières noires, surélevées sur de petits murés, entourent des résidences de logements dans le sud de Londres.
Elles se distinguent par les deux petits affaissements en forme de triangle de chaque côté de leurs bouts, qui servent de rappel à leur histoire. Ces pièces étaient en effet utilisées lors du Blitz, période de bombardements allemands sur Londres lors de la seconde guerre mondiale, comme des brancards par des officiers de la Air Raid Protection pour déplacer les blessés vers des lieux de sûreté.
Dans le même thème, plusieurs poteaux dans les rues du centre de Londres, tout aussi discrets, servaient autrefois de canons ! Leur ancien usage se devine grâce à leur aspect, qui se distingue par un trou où étaient glissés les boulets de canon ou par des embouts qui servaient autrefois à les fixer à un support. Des rumeurs avancent même que certains de ces canons appartenaient à des armées françaises vaincues lors des guerres napoléoniennes au XIXe siècle !
Enfin, si l’on regarde sous ses pieds à certains endroits, on découvre des plaques commémoratives rappelant d’anciennes pratiques glaçantes. Par exemple, à un carrefour près de la station Marble Arch, une plaque ronde indiquant The Site of Tyburn Tree marque l’endroit où se trouvait l’un des principaux sites d’exécution de la capitale britannique.
Des milliers de personnes y ont été pendues au cours des siècles devant des foules agglutinées devant ce site pour assister à ce qui s’apparentait à l’époque à un divertissement. La plupart des condamnés provenait de l’ancienne prison de Newgate, près d’Old Bailey et abolie au début du siècle dernier. Ce lieu n’était non pas occupé par un arbre, mais par une potence qui a envoyé son dernier condamné vers le royaume des morts au cours du XVIIIe siècle, avant que ces condamnations ne soient effectuées ailleurs.
À quelques kilomètres de là se situe une autre plaque commémorative très discrète près de la Tour de Londres, à la sortie du métro Tower Hill, où ont aussi été exécutés des centaines de prisonniers enfermés dans la fameuse tour, qui a aussi bien abritée des têtes royales que des prisonniers de hauts rangs.
Entre les XIVe siècle et XVIIIe siècle, seuls les plus dangereux ou privilégiés d’entre eux bénéficiaient d’une exécution à l’abris du public au sein de la Tour. Les autres étaient envoyés sur ce site à Tower Hill, où leur mise à mort brutale servait à la fois d’exemple et de prétendu acte de justice devant un public médusé. Les noms de quelques uns de ces condamnés, tués pour leur foi et considérés aujourd’hui comme des martyrs, sont inscrits sur des plaques entourant les lieux.