Proposant de longs trajets, pas toujours très reposants, le “coach” est le moyen de transport choisi, de manière régulière ou plus occasionnelle, par certains Français de Londres pour traverser la Manche. Car il a bien sûr des avantages, surtout économiques. La crise sanitaire a cependant modifié pas mal d’habitudes.
Pour rejoindre l’Hexagone ou revenir en Angleterre, il y a bien sûr l’Eurostar, l’avion, la voiture (via le ferry ou l’Eurotunnel). Et puis il y a le bus, dont les principales lignes avec le continent ont été suspendues, à plusieurs reprises, au plus fort de la crise entourant le coronavirus. Certaines liaisons, en particulier entre Londres et Paris, sont néanmoins peu à peu rétablies, proposées principalement aujourd’hui par les compagnies Flixbus et BlaBlaCar.
Le bus, pour beaucoup d’expatriés, rime souvent avec trajets particulièrement longs (entre 8 et un peu plus de 9 heures, actuellement, pour un voyage de Londres à Paris, un peu moins avant la pandémie) variables notamment en fonction du moyen utilisé pour traverser la Manche : le ferry, entre Douvres et Calais (le bus monte à bord d’un bateau et le trajet est en général plus long) ou le train via l’Eurotunnel.
Une durée compensée, bien évidemment, par des tarifs économiques. Là est d’ailleurs généralement l’argument de ceux qui prennent le bus. “Début décembre, on pouvait trouver des Londres-Paris autour de 25,30 euros, indique Juliette (*). Et avant la Covid, les prix pouvaient aller plus bas.” “Le prix est hyper abordable quand c’est ‘short notice’, confirme Sara. Et puis, le départ, à la gare routière de Victoria et l’arrivée, à la gare de Bercy, sont très centraux, contrairement à ce qu’il se passe pour l’avion, peu cher, mais où il faut se déplacer et sortir de Londres.”
Johanna dit, elle, voyager “uniquement pour le prix”. Elle juge le trajet vraiment long et peu confortable. “Un temps de trajet pouvant être plus long qu’un Paris-New York, c’est pas évident.” “Et pour ceux qui voyagent la nuit, devoir se réveiller pour les contrôles douaniers ou lorsqu’on doit descendre pour monter dans le ferry (**) n’est pas toujours simple”, précise Juliette, qui voit néanmoins les voyages de nuit comme un gain de temps. “On part la veille, on arrive le matin. Mais on est un peu fatigués.”
Certains voient aussi des avantages à ces longs trajets, comme le fait d’avoir, évidemment, bien plus l’occasion de discuter avec d’autres passagers. “Avec le bus, on rencontre des gens intéressants”, raconte Hortense, qui se rappelle avoir passé près de 8 heures à discuter “de tout et de rien” avec une personne auprès de qui elle était assise. Nadia, elle, trouve qu’il y est plus simple de voyager avec ses deux enfants diagnostiqués TDAH (hyperactifs). “Quand nous prenions l’Eurostar pour Lille, il y avait des ‘chut’ et des soupirs de la part des autres passagers. Les gens dans le bus m’ont l’air plus jeunes et tolérants. Et les mouvements du bus calment mes enfants…”
Bien sûr, la Covid a quelque peu changé la donne pour ces voyageurs. Nadia a repris le car cet automne, mais hésite à le refaire, voyant les choses repartir sur le plan sanitaire. François s’inquiète lui d’une “trop grande proximité entre les passagers pendant un trajet de longue durée”. Il faut, cela dit, un test négatif Covid pour monter dans le bus (puisque celui-ci est exigé à la frontière) et il est demandé aux passagers de porter un masque durant le trajet. Chose qui n’est pas toujours très suivie ou qui, du moins, ne l’était pas en octobre, d’après Clémence qui a effectué un Paris-Londres à ce moment-là. La Française ne se montre cependant pas inquiète et devrait rentrer en car en France pour Noël. Johanna, elle, devrait le reprendre bientôt pour revenir à Londres.
Sara, quant à elle, avait l’habitude de voyager en car tous les mois pour rentrer voir sa famille à Paris. Mais devant les liaisons qui ont été fermées ou suspendues pendant la crise, elle s’est tournée vers l’Eurostar et a désormais tendance à privilégier ce moyen de transport.
Les compagnies de bus font bien sûr ce qu’elles peuvent pour rétablir les liaisons. A l’automne, les choses prenaient encore pas mal de temps (en plus du contrôle des pass et du “passenger locator form”) car les cars prenaient surtout le ferry. “Nos bus ont été contraints d’emprunter le ferry pendant le redémarrage, le temps de retrouver un accord avec Eurotunnel avec des conditions d’accueil pour nos passagers satisfaisantes (fréquences des trajets ou flexibilité en cas de retards, par exemple). Nos lignes empruntent de nouveau l’Eurotunnel depuis le 1er décembre”, indique-t-on désormais chez BlaBlaCar.
Du côté de Flixbus, trois Londres-Paris, en moyenne, sont proposés pendant les fêtes.
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(*) Le nom de la personne n’a pas été précisé.
(**) Pendant une traversée en bateau, les passagers ne peuvent rester à l’intérieur du bus et doivent monter dans les espaces qui leur sont réservés. Contrairement à ce qui se passe pour l’Eurotunnel, où le bus monte dans un wagon de train et les passagers sont invités à rester à bord du véhicule.
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