Avec un peu plus de 20 millions de personnes à avoir reçu une première injection contre le coronavirus à fin février (et près de 800.000 la deuxième), le Royaume-Uni est le pays d’Europe où l’on a, pour l’heure, administré le plus grand nombre de vaccins. Et des résidents français en ont bénéficié.
« J’ai été vacciné avec quinze jours d’avance ». Résident français à Londres, Philippe (*), 57 ans, devait théoriquement recevoir sa première dose autour de la mi-février. Il l’a finalement eue fin janvier. La vaccination avance globalement bien au Royaume-Uni, même si la frustration s’est aussi fait sentir, ça et là, devant des centres de vaccination parfois loin d’être à leur capacité d’accueil maximum, de ne pas pouvoir aller plus vite.
Deux vaccins sont pour l’heure distribués, gratuitement – le Pfizer et l’AstraZeneca (le Moderna doit arriver un peu plus tard) – et la campagne progresse par priorité. Ceux à avoir été vaccinés en premier sont bien sûr les personnes âgées et fragiles, ainsi que ceux qui les accompagnent. A l’instar de Nathalie, 53 ans, infirmière en maison de retraite en Ecosse, qui appartient au « groupe prioritaire 1″ et a reçu son vaccin à la mi-janvier. Dans le « groupe 4″, celui des gens de plus de 70 ans et des personnes « extrêmement vulnérables », à cause de son asthme et de sa leucémie, Philippe a été vacciné un peu plus tard. Le vaccin est aussi proposé aux « 16-65 ans dans un groupe à risque » (groupe 6) depuis la mi-février.
Une organisation plutôt efficace
Le processus est bien rodé. Les personnes dans les catégories concernées sont le plus souvent contactées par le NHS, via sms, lettre, mail et invitées à prendre rendez-vous pour se faire vacciner, selon les cas, à l’hôpital, dans un centre de vaccination, chez leur GP ou dans une pharmacie. Philippe, lui, s’est rendu dans un centre juste à côté de son cabinet médical. Les choses sont allées vite. « C’était très fluide, il y avait beaucoup de monde qui vaccinait. » Karine, 44 ans, dans les Midlands, a rempli un questionnaire en amont sur son passé médical. Une fois l’injection (en haut du bras) effectuée, on lui a demandé de patienter 15 minutes, en cas d’éventuelle réaction allergique. Ce qui est rare, selon le NHS.
Bien sûr, il peut y avoir des effets secondaires comme lors de toute vaccination, mais de manière naturellement modérée d’après les services de santé (**). Nathalie indique avoir juste ressenti une gêne au bras l’après-midi même. Concernant les résidents de la maison de retraite, elle dit avoir observé « 2 personnes réagir sur 17″, avec une « induration » (durcissement de la peau au point d’injection) qui s’est résorbée au bout d’une semaine. A Londres, Vincent Doucet, 30 ans, vacciné par rapport à son asthme, parle, lui, de « léger mal de tête » et Philippe de « symptômes grippaux » pendant 48 heures.
« En finir avec ce virus qui nous pourrit la vie »
Une bonne chose de faite pour Nathalie, pour qui il faut de toute façon « en finir avec ce virus qui nous pourrit la vie ». Habitué au procédé – il reçoit des injections contre la grippe depuis 3 ans – Philippe n’a de son côté pas d’appréhension quant à ces vaccins rapidement mis en circulation. « C’est une situation de crise, il y a donc eu un effort phénoménal de fait en recherche et développement. Et puis, pour moi, les taux d’efficacité annoncés sont bons. » Le Français ne s’inquiète pas non plus de l’apparition de variants susceptibles de diminuer l’efficacité des vaccins. Tout comme Vincent Doucet, qui rappelle que « les labos travaillent en ce moment sur des boosters. » Pour ce dernier, on manque encore d’un peu de recul pour juger de l’efficacité des vaccins, ce qui ne l’empêche pas de voir en la vaccination un « geste citoyen » pour protéger les autres.
De son côté, Karine, qui souffre de plusieurs pathologies, se dit « moins angoissée » à l’idée de recroiser potentiellement des personnes positives au coronavirus. Mais il lui tarde d’avoir sa deuxième injection (du laboratoire Pfizer, dans son cas) qu’elle ne devrait être invitée à recevoir – c’est ce qui lui a été annoncé, comme à la plupart de ces Français – qu’environ 11 semaines après la première piqûre. Ce qui l’inquiète un peu. Le Royaume-Uni s’était attiré les critiques, en début d’année, pour sa décision d’étendre le délai entre les injections de vaccin à 12 semaines maximum, alors que Pfizer préconisait lui une durée de 21 jours.
Le gouvernement britannique avait alors indiqué qu’une première dose offrait déjà une bonne protection. Une décision à resituer, également, dans le contexte sanitaire compliqué du pays. Vacciné le 3 février, le journaliste belge Marc Roche (69 ans), dit comprendre ce délai. « Cela ne me dérange pas. Au contraire, cela me semble bien plus raisonnable vu la nécessité de donner la première dose à un nombre maximum de patients. » Les résultats, en tout cas, commencent à se faire sentir. Public Health England indiquait récemment que ces premières vaccinations semblaient réduire de 80% les risques d’admission dans les hôpitaux pour les plus âgés.
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(*) Les personnes dont le prénom, uniquement, est indiqué ont souhaité préserver leur anonymat
(**) Le NHS parle d’effets « légers » et « qui ne devraient pas durer plus d’une semaine » : douleur au bras, maux de tête, fatigue… (lesquels sont d’ailleurs positifs car montrant la réaction du système universitaire, comme évoqué notamment dans cette étude) / Vaccinée le 11 février dernier, Sarah (qui souffre d’arthrite rhumatoïde) indique toutefois avoir été prise de vertiges, avec perte de connaissance, une semaine après l’injection. Elle s’interroge – et s’inquiète du fait que l’on n’ait peut-être pas assez regardé son profil médical en amont – mais le médecin consulté ne pense pas qu’il y ait de lien entre le vaccin et son malaise (qui peut bien sûr être dû à d’autres facteurs). Ils devaient recevoir les résultats d’un test sanguin.
