“C’est la fin d’un long combat” : Benoit Berthe se réjouit de l’adoption en France d’une loi contre les thérapies de conversion

“C’est la fin d’un long combat” : Benoit Berthe se réjouit de l’adoption en France d’une loi contre les thérapies de conversion

Par Leila Lamnaouer / Le 7 février 2022 / Actualité

“Pour le collectif des rescapés des thérapies de conversion,”Rien à guérir”, dont je suis le porte-parole, et pour moi personnellement, c’est la fin de plus de quatre ans de combat acharné”, résume Benoît Berthe. Le gouvernement français a en effet adopté le 25 janvier dernier une loi interdisant les thérapies de conversion, qui, comme le rappellent le texte, “s’appuient sur un postulat selon lequel l’homosexualité, la bisexualité et la transidentité sont des maladies qu’il conviendrait de guérir”. Stages, entretiens, exorcisme, traitements par électrochocs, injection d’hormones… Les formes de ces thérapies sont multiples et “ont des effets dramatiques et durables sur la santé physique et mentale des personnes qui les subissent : dépression, isolement, suicide”, reconnaît la loi.

Lui aussi en a été victime

Benoit Berthe en a été victime entre ses 15 et 18 ans. Ce sont ses parents, fervents catholiques et pensant bien faire, qui l’ont engagé dans ces thérapies. “Ils pensaient qu’être homosexuel ne me rendrait pas heureux”, racontait le jeune homme à French Morning London en décembre 2019, “c’était maladroit de leur part”. C’est à Londres, où il choisira de s’installer après ses études qu’il trouvera finalement son épanouissement et l’apaisement. Il prendra publiquement la parole sur le sujet en 2019 quand deux journalistes lui proposeront de témoigner pour leur livre, Dieu est amour (paru en octobre 2019 chez Flammarion). Puis ce sera dans un documentaire diffusé fin octobre 2019 sur Arte et enfin devant une commission de l’Assemblée nationale française début novembre 2019, que le trentenaire décide d’expliquer l’enfer de ces thérapies de conversion.

Depuis, le Français, porte parole de Rien à guérir, avait donc pris son bâton de pèlerin pour convaincre les politiques de la nécessité d’adopter une vraie loi sur le sujet, peu ou pas connu du grand public. “Certains politiques nous répondaient souvent qu’il n’y avait pas besoin de loi, soulignant simplement que ces pratiques étaient déjà interdites. Ce à quoi on répondait tous en chœur et en force que ce n’est parce que, sur le papier, il existait déjà des bouts de textes qui interdisait des bouts de séquences de ce qui se passait dans ces thérapies que cela était vraiment efficace”, explique Benoit Berthe. La preuve étant, argumente-t-il, que cela faisait plus de 30 ans que ces pratiques existaient et qu’aucune d’entre elles n’avait été condamnée.

Une loi votée à l’unanimité

Le besoin d’avoir “un outil clair et puissant” devenait donc plus qu’urgent. “La loi qui vient d’être votée et adoptée en France, ainsi que celle qui vient de passer au Canada, sont les plus solides et les mieux construites sur le plan mondial”, se réjouit Benoit Berthe, “parce qu’elles viennent décrire clairement ce que sont les thérapies de conversion. Ce qui n’était pas le cas auparavant avec pour conséquence ce vide juridique qui faisait que ces thérapies continuaient à exister”. Ce qui ravit également le jeune homme, c’est que le texte inclut la possibilité pour les associations LGBTQIA+ de se porter parties civiles pendant les procès. “Cela permet à une victime qui n’aurait pas le courage, parce que broyée mentalement, de porter plainte, de pouvoir se reposer sur des associations, qui, elles, peuvent elles saisir la justice un peu plus vite”.

Autre fierté pour Benoit Berthe, le fait que cette loi ait été votée à l’unanimité par tous les partis politiques, “même s’il y a eu quelques petites vagues au Sénat”. “C’est la première fois en France qu’une loi qui vient protéger les personnes LGBTQIA+ est votée de manière unanime”.  Aussi, il se dit satisfait de voir que l’amendement concernant la publicité de ces thérapies de conversion soit dorénavant interdite. “Il existe beaucoup de publications, de livres, de littérature qui poussent à ce genre de pratiques et qui se baladent dans des librairies. Il va donc falloir continuer à être vigilant là-dessus”.

Un combat de gagné, d’autres à venir

Mais il reste encore du chemin à parcourir, prévient Benoit Berthe. “Même si on doit se réjouir de la solidité de la loi, au sein du collectif on sait qu’il y a encore des évolutions possibles. Le texte couvre aujourd’hui les personnes victimes à cause de leur orientation sexuelle, à savoir les personnes non hétérosexuelles, et donc à grande majorité homosexuelle, mais aussi bisexuelle et transgenre”, commente le Français, “mais pas les personnes intersexes (qui ont un sexe ni totalement masculin ni féminin, ndlr), or il existe encore en France des opérations et mutilations, que l’on considère comme des thérapies de conversion pour les emmener vers un genre ou l’autre, et qui sont faites sans leur consentement”. 

D’autres points seraient aussi à revoir comme la peine encourue par les personnes pratiquant ces thérapies de conversion. “Actuellement, elle est la même que la justice pourrait prononcer pour une personne accusée de violences sur autrui. Sauf que les thérapies de conversion sont bien plus violentes en termes de préjudices et de conséquences qu’une gifle”.

DERNIÈRES NEWS

French Morning london

Rejoignez la communauté !

S’ABONNER À LA NEWSLETTER

CELA POURRAIT VOUS INTÉRESSER