Depuis le 4 janvier, l’Angleterre est en confinement. Si ce nouveau “lockdown” ne ressemble pas en tout point à celui décrété en mars 2020, il n’empêche que le sentiment d’angoisse et de lassitude touche de plus en plus de monde. “La consommation d’antidépresseurs est beaucoup plus importante en Angleterre”, confirme l’hypnothérapiste Pia Granjon, “il y a un effet d’usure dû à la chronicisation de la situation et de doutes vis-à-vis de la politique de prévention mise en place ainsi que des campagnes de vaccination”. Bref, l’ambiance n’est pas à la fête. Pour supporter et apprendre à gérer cette nouvelle situation inédite, French Morning London a demandé à trois spécialistes de prodiguer quelques conseils.
Apprendre à gérer son angoisse
“Le contenu des pensées est soit dans le passé qui n’existe plus, soit dans le futur qui n’existe pas”, commente Pia Granjon, hypnothérapiste, spécialisée entre autres dans la gestion de l’anxiété. Le but est donc de “se ramener dans le présent par le biais d’exercices simples : respiration, mains sous l’eau, observer ce qui est autour de soi…”. Pour aider également à penser à autre chose, la Française de Londres recommande donc de “nourrir son esprit et son cerveau avec du plaisir, de l’agréable comme une musique que l’on aime, un film drôle”. La professionnelle explique qu’une gymnastique des zygomatiques ne peut pas faire de mal. “Faites des grimaces pour réveiller les muscles d’expression de votre visage. Je le dis et le répète : ‘emotions need motion’”, assure-t-elle.
Aussi ne pas hésiter à “se connecter avec autrui aussi souvent qu’on le peut, la co-régulation émotionnelle est une réalité pour nous en tant qu’animal social”. Cela peut passer par des appels téléphoniques ou en visio, mais aussi, si on en a une, retrouver sa “bulle sociale” tout en respectant les règles de distanciation sociale, d’hygiène des mains et de port du masque. Plus encore, hors de question de se mettre la pression sur des choses à accomplir au quotidien. “Il est nécessaire de tranquillement diminuer la liste des exigences que l’on a envers soi-même”, conseille Pia Granjon, avant d’ajouter que demander de l’aide professionnelle peut être utile par moment.
Bien nourrir son esprit mais aussi son corps
Muriel Ouziel, docteur en pharmacie et nutritionniste, rappelle premièrement l’importance d’une hydratation régulière, sur laquelle on fait souvent l’impasse à la maison. “Attention au café et au thé qui sont de faux amis du fait de leurs propriétés diurétiques ; favoriser l’eau et les tisanes. L’hydratation permet aussi d’éviter le grignotage : quand on a faim, on commence par un verre d’eau”. Deuxièmement, alors que les besoins énergétiques sont moins importants du fait d’une sédentarité forcée, “on réduira les portions : optez pour des assiettes plus petites et faites la part belle aux légumes et légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs)”.
De plus, une alimentation variée, “la plus colorée possible”, aura un impact positif sur le microbiote intestinal, lequel “soutiendra d’autant mieux notre immunité”. “Avec l’effet conjugué du Covid et de l’hiver, augmentez l’apport en vitamine D, grâce aux petits poissons gras (hareng, maquereaux, sardines)”, souligne Muriel Ouziel. Enfin, si l’envie d’un snack vous tenaille, pensez fruits, oléagineux (noix, noisettes, amandes), chocolat noir 70%.
Bougez, mais à votre rythme
“C’est vrai qu’on vit une situation où il est compliqué de se projeter”, analyse Guillaume Buisson-Hainaut. Ce coach sportif basé à Londres conseille tout de même de “créer une routine pour continuer à avoir des repères et ainsi pouvoir garder le cap”. Le Français recommande de profiter de ce nouveau confinement pour “prendre soin de soi car c’est essentiel quand on vit un moment d’angoisse”. Mais pas question de faire du sport ou de l’activité physique pour avoir un beau corps, mais plutôt “pour se sentir bien dans son corps”. “Mon approche du fitness est complètement détachée de l’aspect esthétique ou de la pression sociétale. Pour moi, on parle plus de bien-être”.
Cependant afin d’ancrer ce moment d’activité physique dans son quotidien ou dans sa semaine, il est important de “passer par le sentiment de succès”. Autrement dit, se fixer des objectifs réalistes. “Il n’est pas question de faire 5 séances de sport par semaine dès le départ, car ça peut vite décourager et être source de démotivation”, avance Guillaume Buisson-Hainaut. Trouver son rythme, c’est la garantie de “se trouver en posture de réussite et donc de susciter l’envie de poursuivre”. Le plaisir avant tout donc, même dans le choix de l’activité physique. “Le confinement peut être l’occasion d’essayer plein de choses et donc de trouver ce qui nous plaît”, lance le fondateur de Beyond Fit.
Stretching, marche, footing, vélo, fitness… “L’idéal est de faire 30 minutes d’activité physique par jour, mais si on fait déjà 10 minutes, c’est bien. On peut alterner par de la marche, de la course à pied, du yoga… Varier, c’est la clé contre l’ennui”. Mais comment faire pour trouver du temps ? “Si on travaille à la maison, on sait déjà qu’on a gagné sur nos temps de transports, donc sur les deux heures quotidiennes qu’on passait dans le métro, on peut finalement trouver 10 ou 30 minutes pour se faire du bien”, lance le Français avant d’ajouter, “qu’on ait des enfants ou non, il faut que ce temps soit non négociable dans son emploi du temps, un peu comme si c’était un meeting pour le travail”.
Article co-écrit par Julie Gaulon, Marie de Montigny et Leila Lamnaouer