C’est le nouveau visage de CNN International à Londres et il est… français ! A 40 ans, Cyril Vanier est un journaliste heureux. Lui qui a toujours rêvé d’intégrer un grand “network” américain y est arrivé à force de travail et de chance, reconnaît-il.
C’est en septembre 2019, qu’il pose le pied dans la capitale anglaise après trois ans passés à Atlanta aux Etats-Unis, où il travaillait déjà pour CNN International. “Il était question de lancer un nouveau journal télévisé du soir à Londres, c’était une belle opportunité”, confie Cyril Vanier. Et l’actualité était déjà dense au moment de son arrivée. “On était en plein “impeachment” de Donald Trump. Même si on est au Royaume-Uni, on commence toujours par les informations américaines”, fait remarquer le journaliste, “et puis, il y avait le Brexit, l’actualité avec la famille royale (notamment le scandale autour du Prince Andrew, ndlr), dont sont friands les Américains, mais aussi les gilets jaunes en France”.
Bref, pas de quoi chômer les premiers mois. Mais ça, c’était avant que n’arrive la pandémie. “CNN venait d’inaugurer des locaux tout neufs à Londres, mais je ne les ai à peine vus”, regrette le Français, “il a été décidé que la rédaction ne reviendrait pas avant l’été 2021”. C’est donc une toute nouvelle manière de travailler à laquelle Cyril Vanier a dû s’adapter. “Lors du premier confinement, tout le monde a eu peur de ce qui allait se passer”, confie le journaliste-présentateur. Lui a organisé ses directs et présenté ses journaux télévisés depuis chez lui. “CNN a réduit le nombre d’émissions et d’heures d’antenne”, ajoute-t-il.
Mais il a continué à travailler, même depuis la France où il a rejoint sa famille pendant 6 mois. Ce n’est qu’en septembre dernier qu’il est revenu à Londres. Il reconnaît que si la pandémie avait eu lieu 5 ans auparavant les choses auraient été un peu plus compliquées à gérer. “En 2020, pour faire un direct, c’est simple : il faut un téléphone, une application et une bonne connexion. Et en quelques clics, il est facile de se faire livrer le matériel nécessaire”, confie Cyril Vanier, “mais il manque tout de même, bien qu’on ait WhatsApp ou des plateformes de visioconférence, l’ambiance d’une rédaction”. Et ça, Cyril Vanier le sait, c’est essentiel quand on est journaliste.
C’est d’ailleurs entre autres pour cela qu’il s’est pris de passion pour ce métier, bien que son intérêt soit arrivé sur le tard. C’est en effet après sa première année de droit que le jeune homme de l’époque réalise qu’il n’a pas vraiment fait le bon choix de carrière. “J’avais fait un stage dans un cabinet d’avocats, mais je me suis rendu compte que cela ne me plaisait pas vraiment”, confie le présentateur qui faisait alors ses études en Angleterre. “Je suis rentré en France et en fin de master, j’ai eu la chance d’avoir un cours de journalisme. J’ai adoré”. Ce qui l’attire, c’est le fait de “pouvoir vivre 1.000 vies en une”. Le destin lui ouvre alors le chemin. “Je suis arrivé au bon moment car Sciences-Po Paris ouvrait à cette époque une école de journalisme et souhaitait recruter des étudiants étrangers. Venant d’Angleterre, je cochais donc la bonne case”.
Tout s’enchaîne alors : après ses études, il est recruté chez Reuters. “Mais le poste ne m’intéressait pas vraiment, d’ailleurs ils ne m’ont pas gardé”, rit-il. Mais l’échec ne le freine pas, au contraire. Dans un esprit très anglo-saxon, il pense d’ailleurs que sans échec, il ne peut y avoir de réussites. “Les Américains sont bien meilleurs que nous pour cet esprit-là”, résume-t-il. Cyril Vanier débarque chez BFMtv, un comble pour celui qui ne rêvait pas de travailler à la télévision. “Ce que je voulais, c’était voyager, être correspondant à l’international ou reporter de guerre pour voir le monde comme il était, vivre des aventures”.
Au sein de la chaîne d’informations en continu, il travaille “au desk”, autrement dit il réalise des montages, pose sa voix, mais ne part pas en reportage. “Là non plus, je n’ai pas été gardé”, relance-t-il sans regret. La chance sourit cependant une nouvelle fois au journaliste. “France 24 venait d’être créée et mon ancien professeur à Sciences Po, Gérard Saint-Paul, était un des co-fondateurs”, raconte Cyril Vanier. Sa force ? Celle d’être parfaitement bilingue. Né à Paris d’un père anglais et d’une mère française, il maîtrise les deux langues. Il est donc recruté pour le desk. Son premier sujet ? L’annonce de la mort de Saddam Hussein.
En 2008, le journaliste fait ses premiers pas de reporter dans des zones de conflits comme au Kenya en pleine crise politique et sociale ou encore comme envoyé spécial pour couvrir l’élection américaine. “On m’a envoyé couvrir à Chicago le QG d’un certain Barack Obama”, qui était considéré comme le candidat outsider à l’époque. “J’étais à côté des plus grands networks américains”, se souvient encore le journaliste, sans savoir que quelques années plus tard, il allait en faire partie.
Autre souvenir, celui d’avoir eu la chance de croiser le chemin quelques secondes et serrer la main de celui qui allait devenir le premier président métisse de l’Histoire américaine. Outre ces grands moments, il se rappelle également d’avoir eu l’opportunité de couvrir la libération d’Ingrid Betancourt ou encore la déclaration d’indépendance du Kosovo, l’arrestation du leader des Serbes en Bosnie Radovan Karadzic, les terrains de guerre en Afghanistan, les Printemps Arabes… Bref, il les aura vécu ses 1.000 vies en une. “On m’a aussi offert la possibilité de faire des chroniques en plateau, de la présentation”.
Pour rien au monde, il n’arrêtera donc ce métier, où on ne s’ennuie jamais, rappelle Cyril Vanier. Mais fini pour lui le terrain. Après 5 ans à parcourir le globe pour couvrir les plus grands événements, il a demandé à sa direction de France 24 d’arrêter le reportage. “Entre temps, j’ai eu deux enfants, j’avais envie de quelque chose de différent”, confesse le journaliste. L’envie également d’accomplir son rêve de rejoindre CNN, qu’il considère comme une référence, ne l’a jamais quittée. “J’ai toujours été impressionné par les networks américains”, répète-t-il, “ils ont une maîtrise du storytelling et de la performance télévisuelle”. Il décide alors de tenter sa chance.
Mais les places sont rares, cependant pas de quoi freiner ses ambitions. Quand on veut… on tape aux portes, à toutes les portes. “A force d’envoyer des CV, j’ai réussi à obtenir des rendez-vous, à faire des ‘tests écran’. Je suis même allé voir le patron américain en trouvant un subterfuge. Quand il m’a reçu, il m’a dit qu’il n’y avait pas de place mais que si un jour une se libérait, il me rappellerait”.
Et à force de persévérance, ce jour est arrivé. En 2016, il intègre donc le bureau d’Atlanta. Pendant trois ans, tel un caméléon, il a donc fait sa place dans l’un des temples de l’information internationale. “CNN c’est très grand, ils ont des ressources et du budget , ça fait toute la différence même avec la concurrence d’internet. Ils ont un processus quasi-industriel d’organisation. Par exemple, ils n’annoncent jamais une information si elle n’est pas sourcée CNN ou vérifiée par les équipes CNN implantées partout dans le monde”.
Avec son style et son accent à l’américaine – accent qu’il a appris à maîtriser grâce à sa passion pour le basket et les films d’outre-Atlantique -, il n’a finalement de français que son nom. “C’est sûr que ce n’était pas gagné d’avance d’être Français et de présenter les informations sur CNN, donc pour moi c’est un honneur et un plaisir”.