“C’était dur d’annoncer à mon entourage que mon métier d’avocate fiscaliste ne me plaisait pas. Je n’assumais pas d’avoir fait autant d’études pour arrêter si vite”, lâche Clervie Rose, créatrice de la marque du même nom qu’elle a lancée en janvier 2020 à Londres.
La passion de la mode a toujours suivi la jeune Française, diplômée en 2018 de l’Ecole d’avocat de Paris, elle avait déjà l’habitude de partager, à ses heures perdues, ses tenues vestimentaires avec les abonnés de son compte Instagram. Mais dès son stage de fin d’étude qu’elle a effectué chez L’Oréal, elle a rapidement senti qu’elle faisait fausse route, enviant les métiers créatifs de ses collègues de l’entreprise de cosmétiques. “Je me suis rendue compte que je m’amusais plus sur Instagram que dans mon travail”, avoue l’influenceuse qui regrettait alors de voir sa vie professionnelle totalement empiéter sur ses passions personnelles.
Ce fut sous l’impulsion de son partenaire que Clervie Rose envisage ainsi son compte Instagram comme le moyen de développer une nouvelle activité professionnelle en adéquation avec ses centres d’intérêts. “Je me suis fixée comme objectif d’atteindre les 1.000 abonnés en 2 mois pour savoir si j’avais une chance dans cette voie-là.” C’est finalement avec quelque 10.000 abonnés que l’influenceuse décide de quitter en septembre 2019 la France pour suivre son compagnon à Londres. La jeune avocate présente alors sa démission au cabinet parisien Deloitte Taj, prétextant vouloir faire une “pause” dans sa vie professionnelle. “C’était mon excuse officielle”, confie-t-elle. Dans la capitale anglaise, c’est une autre vie qui s’offre à la jeune femme. Vendeuse dans une boutique de vêtements, elle prend rapidement conscience que cet épisode n’est pas qu’une simple passade.
La vie londonienne est même une libération pour Clervie Rose qui se sent plus proche des Anglais, qui lui rappellent ses origines bretonnes. C’est aussi et surtout pour elle le commencement de la concrétisation de sa passion de toujours : la mode. “Mon rêve d’enfant a toujours été de prendre des cours de couture”, avoue t-elle. Rêve qui se réalise pendant ses deux premiers mois dans la capitale aux côtés de Londoniennes qui lui font aimer le charme de cette ville. “J’avais l’impression d’être dans un film”, s’émerveille-t-elle encore.
C’était donc avec l’excitation de concrétiser son désir de jeunesse que Clervie Rose a osé imaginer un nouveau projet de vie loin des “jugements” parisiens. “J’ai toujours voulu créer mon propre blog de mode mais j’avais peur de la superficialité qu’on y associe”. Le succès de son compte Instagram l’a poussé à créer la marque “Clervie Rose” en janvier 2020, munie de sa seule machine à coudre reçue à Noël. “J’avais la pression de ne pas décevoir mes abonnés”, explique celle qui se dit “très proche” de ses followers, “je voulais créer des vêtements qualitatifs, ‘made in Europe’.”
Un mois plus tard, la couturière française a fait le grand saut en lançant sa première collection, qu’elle a réalisé toute seule, du dessin à la fabrication. Son ambition était d’emmener la mode londonienne à Paris, malgré quelques petites appréhensions. “La majorité de mes abonnées sont françaises donc j’ai eu peur que mon déménagement à Londres ne les intéressent pas mais c’est tout le contraire qui s’est produit”.
En effet, la capitale britannique est même devenue une “force” dévoilant les nouvelles tendances, toujours “en avance” par rapport à la France, selon l’influenceuse. Pour dessiner ses collections, Clervie Rose mixe alors les styles vestimentaires anglais et français pour en faire une marque à mi-chemin de ces deux cultures. “C’est un mélange entre le côté gai et léger anglais et l’aspect rétro français à la Brigitte Bardot”. Au total, la Française a créé deux collections exclusives de pièces uniques qui ont toutes les deux été en rupture de stock au bout de cinq jours. “J’ai dû alors passer mes journées à coudre”, lance-t-elle, pour répondre à la demande croissante de ses clientes.
Très présente sur les réseaux sociaux (13.600 abonnés sur Instagram) et forte de son expérience de nouvelle reconvertie, Clervie Rose ne manque pas de projets pour cette rentrée. Le bonheur de récolter les fruits de sa nouvelle activité l’a poussé à lancer un podcast qu’elle a intitulé “Oser la reconversion” dont le premier épisode est sorti lundi 7 septembre sur sa chaîne Youtube et sur Apple.
Son ambition est de présenter dans chaque émission des “personnalités inspirantes” qui ont choisi d’emprunter la voie de la reconversion comme elle. Elle répond alors à l’intérêt que beaucoup de ses abonnés portent sur son parcours, surtout depuis le confinement du printemps dernier. “Je pense qu’il y a vraiment eu un effet “post-confinement” où les gens se sont posé des questions et se sont recentrés sur leurs envies”, pense t-elle. Ainsi, Clervie Rose, qui connaît les joies d’être auto-entrepreneuse, n’a qu’un conseil : “c’est simple, vous avez une idée, vous la concrétisez !”.