Avant son arrivée à Edimbourg le 1er septembre dernier en tant que consul général de France pour le territoire écossais, Stéphane Pailler occupait le poste de sous-directeur pour l’environnement et le climat à la Direction du développement durable, au sein du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Un mandat de quatre ans, qui lui avait été renouvelé, mais que le haut fonctionnaire a finalement quitté pour prendre le chemin de la capitale écossaise, car, dit-il, il a toujours eu le souhait de partir à l’étranger. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi l’Ecosse pour son premier poste de consul général. Ce pays intéresse en effet depuis longtemps ce spécialiste des questions environnementales. “La dimension du pays sur les enjeux énergétiques m’a motivé à candidater”, confirme Stéphane Pailler.
L’Ecosse est précurseurs sur ce sujet du renouvelable : de la production d’hydrogène vert à l’électricité décarbonée, le pays jouit de la présence d’éléments naturels, comme un vent fort et régulier, qui lui ont permis, depuis quelques années déjà, de s’engager dans le développement de ces nouvelles énergies. “L’Ecosse possède un énorme parc éolien”, souligne Stéphane Pailler, qui intéresse “les grands énergéticiens français comme Total, Engie, ou encore EDF”, déjà bien installés sur le territoire du nord du Royaume-Uni. “La France, qui souhaite augmenter d’ici 2050 sa production d’énergie renouvelable, a beaucoup de leçons à tirer de l’expérience écossaise sur ce sujet”, analyse le nouveau consul, qui avait ainsi envie de voir de plus près “à quoi ressemble le pays du futur”.
Devenir consul général de France à Edimbourg et Glasgow était ainsi le meilleur choix pour lui de continuer à conjuguer son intérêt pour les questions environnementales à celui des affaires étrangères. Le domaine de la diplomatie le passionne depuis ses études. Il en a découvert l’univers lors d’un poste de volontaire international en entreprise. “J’étais parti en Afrique du Sud dans le cadre du réseau de coopération et d’action culturelle”, se souvient Stéphane Pailler. Il travaille alors sur les opérations éducatives. Une première expérience qui lui plaît. Dès qu’il le pourra, se promet-il alors à l’époque, il intégrera le ministère des Affaires étrangères.
Mais avant le MAE, le Français, ancien diplômé de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, commencera d’abord sa carrière en 1999 comme rédacteur à la direction des Affaires juridiques à la sous-direction du droit de l’Union européenne. Après quatre ans, il devient conseiller technique auprès de la ministre déléguée à l’Industrie et à l’Énergie, pendant un an, de 2003 et 2004. Le reste de son parcours compte différents postes, de la diplomatie européenne au cabinets ministériels s’occupant des questions d’écologie : de deuxième secrétaire à la représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne à Bruxelles (2004-2009), il deviendra conseiller politique à l’ambassade de France à Ankara (2009-2011), puis conseiller technique auprès du cabinet du ministre chargé des Affaires européennes (2011-2012).
Il sera ensuite directeur des relations internationales de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (autorité en charge de la réglementation des normes de sûreté des installations nucléaires) entre 2012 et 2016, puis numéro deux à la représentation permanente de la France auprès de l’Office des Nations Unies à Vienne (2016-2019) avant finalement de prendre son poste de sous-directeur pour l’environnement et le climat à la Direction du développement durable, au sein du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe jusqu’en août 2023. “La diplomatie est un métier passionnant de part la diversité des relations bilatérales ou multilatérales qu’elle engendre”, lance Stéphane Pailler, bien qu’il reconnaisse qu’intégrer les Affaires étrangères peut être un grand sacrifice. Surtout pour la famille qui suit le diplomate. “C’est un changement de vie tous les trois-quatre ans. Il faut réussir à concilier vie personnelle et vie professionnelle, que les conjoints qui le souhaitent puissent travailler. Ce n’est jamais évident de faire le choix de partir”, reconnaît-il.
Depuis son arrivée à Edimbourg il y a presque deux mois, Stéphane Pailler n’a pas perdu de temps et a déjà eu l’occasion de rencontrer des hauts fonctionnaires écossais travaillant au gouvernement, comme le ministre de la Culture, Angus Robertson. “J’ai aussi fait la connaissance de certains de mes homologues européens, comme le consul d’Allemagne, d’Espagne, de Suisse, du Canada et des Etats-Unis”. Le Français a également pu se rendre dans des entreprises françaises présentes en Ecosse ou recevoir des délégations venues de France. Il devrait rencontrer prochainement la présidente du Parlement écossais, ainsi que le Premier ministre, Humza Yousaf, ainsi que l’équipe gouvernementale.
Outre les rencontres économiques ou diplomatiques, sa mission est de faire vivre la communauté française écossaise, qui se chiffre officiellement à environ 7,000 compatriotes vivant officiellement sur le territoire, “mais on estime la communauté à 12,000”, précise le consul général. Certes loin des 140,000 autres Français enregistrés dans la circonscription de Londres, cette population immigrée reste tout de même importante. L’un des principaux problèmes de la communauté du secteur demeure les demandes de documents d’identité. En effet, depuis la réorganisation des services du consulat d’Edimbourg entre 2016 et 2018, le service administratif a été supprimé et les Français d’Ecosse doivent se rendre à Londres pour effectuer leurs démarches. Le nouveau consul est au fait de cette problématique, mais il rappelle que les jours de présence des deux tournées consulaires annuelles ont été augmentés ces dernières années. “Les deux tournées se font dorénavant sur quatre jours, soit huit dans l’année, avec en moyenne 200 rendez-vous de pris”. Une première réponse aux personnes ne pouvant pas se rendre jusqu’au consulat londonien. Stéphane Pailler assure que les équipes venues de Londres tentent “de contenter un maximum de personnes et de privilégier les familles”.
Si ses marges de manœuvre sur cette problématique restent limitées, Stéphane Pailler espère pouvoir agir concrètement sur d’autres sujets : créer encore plus de lien avec la communauté française, dans la continuité de ce qu’a pu réaliser sa prédécesseur, Laurence Païs. Une nouvelle édition de la French Fair, permettant de mettre en valeur le savoir-faire français, aura ainsi lieu le 25 novembre prochain. L’événement sera à nouveau accueilli dans le bâtiment abritant à la fois le consulat et l’Institut français d’Ecosse, qu’il se donne pour but d’encore mieux faire découvrir aux locaux et aux Français. “J’aimerais également créer une synergie entre les entreprises françaises et écossaises, notamment celles autour de l’énergie, l’aérospatial, l’import-export…”. Mais avant, un dossier important l’attend pour les prochains mois : l’organisation des bureaux de vote pour les élections européennes, qui auront samedi 9 juin 2024. “Nous sommes déjà en pleine réflexion”, assure le nouveau consul.