“Je ne réalise pas trop ce qui se passe, c’est un peu un roller-coaster d’émotions”, confie Marie Doinne. La Française de 39 ans présente actuellement sa première pièce de théâtre lors du célèbre festival Fringe d’Edimbourg. Dead End raconte l’histoire de deux amies d’enfance, dont la relation arrive à bout de souffle. Conçue comme une conversation en temps réel, la pièce est un échange intime, de 45 minutes, entre deux points de vue radicalement opposés. Tout se passe en huis clos, au sein du studio de céramique d’Olivia. Son amie Bea, directrice marketing, lui rend alors visite. La révélation d’un secret passé va bouleverser leur amitié.
Ce n’est pas une histoire personnelle qui a inspiré Marie Doinne pour l’écriture de cette pièce. “Je n’ai jamais vécu ce genre de rupture amicale, j’ai simplement perdu des amis de vue”. C’est d’ailleurs cela qui a été à l’origine de son idée. “A 39 ans, je suis entourée d’amis qui ont des goûts et des envies plutôt similaires aux miens. Je me demandais alors ce que cela aurait été d’avoir une amie d’enfance avec qui j’aurais gardé contact aussi longtemps”. Serait-elle encore en phase avec elle ? Aurait-elle les mêmes envies ? Et à quoi ressemblerait leur relation ?
Avant d’écrire ce premier texte théâtral, qui se joue jusqu’au samedi 24 août à TheSpace on the Mile à Édimbourg, Marie Doinne s’est installée en Angleterre en 2011, où elle suit son petit ami britannique qu’elle a rencontré à Paris lors de ses études. En arrivant d’abord à Londres, la diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy décide de rediriger sa carrière. “Je m’étais rendue compte que je ne destinais pas à être une artiste visuelle. C’était le langage qui m’intéressait le plus”, confie la trentenaire. Elle raconte qu’elle est tombée amoureuse de la langue de Shakespeare très jeune, à 7 ans, lors de l’initiation à l’anglais en primaire. “J’étais fascinée par cette langue très présente finalement en France, que ce soit dans la musique, les films ou les séries télévisées”. Mais Marie Doinne ne prend pas tout de suite conscience que cette fascination va devenir plus prégnante dans sa vie d’adulte.
A son arrivée en Angleterre, elle travaille d’abord chez un imprimeur où elle s’occupe de réaliser des reliures, puis aujourd’hui dans le monde de l’édition dans la partie production. Cet amour pour l’écriture l’a poussé à suivre un Master en écriture créative à Oxford, qu’elle est actuellement en train de terminer. C’est d’ailleurs en intégrant cette formation qu’elle a été encouragée à écrire cette première pièce de théâtre. “Au départ, je pensais écrire des nouvelles ou des romans, mais j’ai découvert l’écriture dramatique, et ça a cliqué immédiatement”, avance la jeune femme, “cela m’a donné envie et j’ai eu le besoin d’écrire cette pièce”. Elle a pu bénéficier de l’appui de son université et de l’association de théâtre Dramatic Society qui lui a donné l’opportunité de présenter son œuvre, écrite et mise en scène en six mois.
“De la voir passer de la page de mon ordinateur à quelque chose de concret, ça change tout”, s’enthousiasme encore Marie Doinne. Grâce au soutien financier de compagnies théâtrales et de la Dramatic Society de son université, lui permettant de payer la salle et le logement, elle voit son rêve se concrétiser. Elle aime le fait que le texte ne soit pas figé, mais au contraire soit bien vivant, s’enrichissant notamment du travail des comédiens. “Chaque geste, mouvement ou position des actrices sur scène fait résonner les émotions du texte”. Après cette grande première, la Française ne compte pas s’arrêter là. “Ça y est, je suis mordue”, rit-elle. Elle espère écrire une nouvelle pièce prochainement. “Je me laisse encore un peu de temps pour savoir sur quel thème”, reconnaît-elle. Pour le moment, elle termine son projet de fin d’études : un script pour la télévision.
Quand : jusqu’au samedi 24 août
Où : TheSpace on the Mile, 80 High St, Edinburgh EH1 1TH
Combien : de £10 à £12
Réservations : ici