Près de l’autel de l’église, située à deux pas de Leicester Square à Londres, un cahier a été laissé à la disposition des fidèles et des visiteurs qui souhaitent laisser un message après le décès du Pape François, survenu lundi 21 avril. Parmi les mots laissés, celui de Bénedicte : “Merci Papa Francisco pour ce souffle d’ouverture sur l’Eglise catholique. En souvenir exceptionnel JMJ Lisboa 2023, à jamais gravé dans ma mémoire et dans mon cœur”. Ou encore d’Anne Marie : “Merci Pape François pour ta mission sur Terre”…
Les messages en français, en anglais et même en allemand sont nombreux. “Le cahier est assez plein”, confirme Anne-Lise Gaillac, chargée des opérations au sein de Notre Dame de France, “sans compter les messages que l’on a reçus et que l’on reçoit encore”. Au sein de l’équipe de l’église, l’émotion est aussi encore forte depuis l’annonce du décès. “Quand j’ai entendu la nouvelle, mes premiers sentiments étaient la surprise et la tristesse”, confie le père Pascal Boidin.
La surprise, c’est aussi ce qu’a ressenti Sophie Matthys, membre de la communauté française catholique de Londres. “Nous savions qu’il était malade, qu’il avait été hospitalisé et qu’il n’allait pas bien. Mais il y avait quelque chose de certainement éternel pour moi. Je crois que je n’étais pas prête à entendre cette nouvelle”.
Si elle n’a pas pleuré tout de suite, la Française confesse que ses larmes sont venues plus tard dans la journée. “J’ai été submergée par l’émotion d’un coup”. Ce qu’elle retient du Pape François, c’est avant tout le fait qu’il ait “transmis tellement de choses”. Elle gardera à jamais le souvenir de sa venue en 2019 à Abou Dabi, alors qu’elle y vivait avec sa famille. “Cela a été un grand moment, parce que d’abord c’était la première fois qu’on le voyait. Ensuite, parce que cette visite, dans ce pays musulman, était historique”.
Sophie Matthys se souvient encore de l’organisation “grandiose” des autorités émiraties. “Toutes les entreprises avaient offert un jour non travaillé, les écoles étaient fermées pendant trois jours, des bus avaient été affretés pour permettre aux gens d’aller voir le pape. Sur l’autoroute, il y avait des panneaux énormes qui lui souhaitaient la bienvenue”. Un moment fort, conjugué au fait que la famille a pu voir, “d’assez près”, le souverain pontife. “Je ne m’attendais pas à ce qu’on puisse l’approcher autant. Il est arrivé, il a fait un petit tour. Cela a été un peu le hasard, mais on était assez bien placés, et il est passé très près”. Une rencontre à jamais gravée dans sa mémoire.
Anne-Lise Gaillac, elle aussi, a eu la chance de croiser le chemin du pape, et lui a même serré la main. C’était à Rome au moment des rencontres des communautés catholiques francophones en octobre 2023. “Nous étions une cinquantaine, le père Pascal était inscrit mais avait dû annuler à la dernière minute”, raconte-t-elle. Lors de cette visite, le pape avait accordé à la délégation une audience privée. L’entrée dans le Vatican puis dans les appartements pontificaux et voir les gardes suisses, c’était, pour elle, “impressionnant et saisissant”.
La Française se souvient que le pape avait pris le temps d’échanger avec chacun des participants. “Il est arrivé, très fatigué, en fauteuil roulant. Il avait eu une opération juste avant, si je me souviens bien. Mais ce qui était fantastique, c’était qu’il avait, malgré tout, un côté très vivace et alerte. Et ses yeux… ils étaient même un peu enfantins.” Anne-Lise Gaillac se rappelle que le souverain pontife avait alors commencé à lire son discours en italien sur l’église missionnaire. “Puis, d’un coup, il a levé la tête, s’est arrêté pour sortir complètement de son texte. On a dû enregistrer car tout le monde ne comprenait pas l’italien. Il parlait de nous, du fait que notre travail était important, qu’il fallait nous mettre à disposition des communautés. C’était très touchant”.
Si cette rencontre n’a fondamentalement rien changé à sa foi, les paroles du pape François l’ont, dit-elle, bousculée. Positivement. “Il a dit d’aller vers les autres, d’être dans l’écoute active, de ne pas regarder les choses de son point de vue à soi mais justement de réussir à inverser les points de vue et ainsi vraiment entrer en relation. C’est d’ailleurs ce qui est le plus marquant pour moi de son pontificat”, confie celle qui a “pleuré à chaudes larmes” quand elle a appris la nouvelle de sa mort.
Le père Pascal Boidin, lui, n’a donc pas eu la chance de le croiser de si près, même s’il s’est rendu à plusieurs reprises à Rome. “Je l’ai vu, mais de loin”, sourit-il. Le prêtre se réjouit que le pape François ait, durant son pontificat de 12 ans, résussi à “mettre l’Eglise en marche”. “Il n’a certes pas changé les lignes ou fait de grandes réformes. Mais il a mis tout le monde en route et favorisé le dialogue entre tous”. Il a aussi apprécié que le souverain pontife ait été inclusif dans sa démarche. “Je pense que l’on verra les fruits de son pontificat dans les années qui viennent”.
Son côté humaniste, ses rencontres avec le monde musulman, le refus des clivages, le soutien aux plus pauvres… Le père Pascal Boidin souligne cette volonté du pape d’avoir toujours voulu être dans la rencontre. Qu’attend-t-il alors du successeur, qui devra être désigné lors du conclave organisé dans les prochains jours à Rome ? Certainement une continuité de ce qui a été fait. “J’ai plutôt confiance que le prochain saura trouver sa place. Il sera peut-être différent du pape François. Ou peut-être pas”.
En attendant, Notre Dame de France organisera en fin de journée samedi 26 avril, jour des obsèques du souverain pontife, une prière de Taizé mélangeant des chants, des silences et des textes, qui s’appuieront sur ceux du pape François. Puis, la messe du dimanche à 11am sera encore célébrée avec un hommage au pape.
Prière de Taizé en mémoire du pape François
Quand : samedi 26 avril à 7.30pm
Où : Notre Dame de France, 5 Leicester Square, London WC2H 7BX