“Je n’ai pas trouvé de villes aussi belles que Paris”, lance Archippus Sturrock, “j’entends beaucoup de touristes qui disent que les Parisiens sont impolis, mais je n’ai jamais eu cette impression”. Pourtant, le jeune homme de 33 ans y a vécu pendant six ans, entre 2010 et 2016. Le natif du Pays de Galles, “fasciné par les langues”, était parti dans la capitale française pour étudier à l’University of London Institute in Paris. Là-bas, il a appris à aimer la France et sa culture et y a même écrit son premier recueil de poèmes.
S’il travaille dorénavant au sein du Parlement écossais comme conseiller et plume de la présidente de la commission des droits humains afin d’élaborer des projets de lois “pour intégrer certains traités de l’ONU dans le droit écossais pour protéger les droits des minorités”, il n’en oublie pas pour autant son attachement au pays de la langue de Molière. Il collabore d’ailleurs actuellement avec le consul général de France à Edimbourg pour relancer le groupe d’amitié franco-écossais au sein du Parlement.
Sa passion pour la France, et surtout pour le français, est née alors qu’il étudiait la langue au lycée. Il était donc logique pour Archippus Sturrock d’aller y vivre pour s’immerger davantage dans la culture tricolore. Il débarque donc à Paris, dont il tombe “amoureux”, notamment “de sa beauté”, lance-t-il, martelant qu’il n’a encore jamais rien vu de comparable avec la capitale française.
Pour lui, Paris est une ville internationale, où se côtoient toutes les cultures et langues. Mais aussi, où il est facile de se balader. “On peut la traverser d’est en ouest en quelques heures. C’est rare pour une capitale”. Lors de son long séjour, Archippus Sturrock a aussi beaucoup apprécié la créativité de la mégapole. “Avant de travailler en politique, j’avais décidé de devenir écrivain. Et Paris a inspiré de nombreux auteurs britanniques comme nord-américains”, fait-il remarquer.
La capitale française aura donc aussi été la muse du jeune Gallois. Son premier recueil de poèmes, Visceral: The Poetry of Blood publié en 2018, a ainsi été principalement écrit quand il vivait à Paris. Et l’un des textes de son second ouvrage, qui devrait paraître prochainement, a aussi été inspiré par la Ville Lumière, où, dit-il, “il est facile de flâner, d’aller n’importe où, sans destination précise. On prend même plaisir à s’y perdre”. C’est aussi dans la capitale française, réputée pour son romantisme, qu’il a trouvé son âme sœur, un Ecossais, devenu depuis son mari.
C’est ainsi qu’il décidera, après la fin de ses études, d’aller vivre en Edimbourg. C’était en mars 2016, “quelques mois avant le référendum sur le Brexit”. Une décision politique qu’il regrette profondément, mais qui lui a donné encore plus envie de continuer à “construire des ponts entre nos nations, peuples et institutions”. “Le Brexit a endommagé nos relations politiques et culturelles de manière significative”, reconnaît-il, “sauf que les liens interculturels et interlinguistiques ne devraient jamais être aussi importants qu’aujourd’hui, alors même que la guerre est revenue sur le sol européen”, faisant référence à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
C’est pourquoi le trentenaire a souhaité s’engager très tôt dans la reconstruction de ces liens. D’abord en travaillant, entre 2020 et février 2023, au Parlement britannique, au sein de la Chambre des Communes, comme conseiller des affaires culturelles mais aussi dans le groupe d’amitié avec la France. Aussi, depuis 2022, il fait partie des Franco-British leaders, groupe créé en 1972 sous l’impulsion du président français Georges Pompidou et du Premier ministre britannique Edward Heath. Enfin, Archippus Sturrock, dorénavant conseiller au Parlement écossais, collabore étroitement avec l’ambassade de France au Royaume-Uni et le consulat général de France d’Edimbourg à la création de liens paradiplomatiques.
Toujours avec son envie de renforcer les relations entre les deux pays, le jeune homme a aussi eu l’occasion d’assister en 2023 au sommet franco-britannique à Paris, où il a rencontré Emmanuel Macron à qui il a “pu offrir une bouteille de whisky du Parlement écossais”. “Cela a été un moment très spécial”, se souvient le jeune homme, “j’ai pu notamment échanger avec lui sur la ‘détente’ cordiale”. Car si Archippus Sturrock se dit “anti-Brexit”, il sait que le divorce est déjà bien consommé entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, même si, au fond de lui, il garde un peu l’espoir de renverser les choses un jour. Pour lui, la priorité actuelle est, en prenant en compte la situation actuelle, de “trouver une nouvelle manière de travailler ensemble”. Et c’est donc ce qu’il tente de faire à travers ses différentes actions.
D’autres occasions pour renforcer les liens entre le Royaume-Uni et la France vont d’ailleurs se présenter dans les prochains mois. Après les 120 ans de l’Entente Cordiale cette année, 2025 célèbrera les 730 ans de l’Auld Alliance. “Entre la France et l’Ecosse, ce n’est pas une entente, mais bien une amitié profonde et une forte alliance forte qui les lient”. La preuve, dit-il, le discours prononcé en 1942 par le général de Gaulle lors de l’inauguration de la Maison des Français Libres à Edimbourg, devenue aujourd’hui la résidence du consul général de France. “Dans tous les combats où, pendant cinq siècles, le destin de la France était en jeu, il y avait toujours des hommes d’Ecosse pour combattre aux côtés des hommes de France, et ce que les Français ressentent, c’est qu’aucun peuple n’a jamais été plus généreux que le vôtre de son amitié.” Une phrase qui résonne fort en Archippus Sturrock, amoureux de la France et Ecossais de cœur.