En 1987, l’Union européenne lançait le programme Erasmus avec pour objectif de “faire des Européens”. 35 ans plus tard, le premier pays à avoir quitté l’UE a aussi quitté Erasmus. L’annonce du départ du Royaume-Uni de ce programme a fait grand bruit en décembre 2020.
L’avenir de la mobilité européeano-britannique est depuis mise à mal, les nations de la Grande île se divisant sur le sujet. Chacune d’elles développe désormais son propre programme pour les étudiants, à l’initiative de l’Écosse qui a pris les devants presque au lendemain de la déclaration de Boris Johnson.
Après avoir promis de rester au sein d’Erasmus+ pendant un temps, le Premier ministre a finalement fait volte-face en décembre 2020, indiquant que le coût du programme était trop important à supporter pour le pays.
Lors de cette déclaration, Boris Johnson a présenté brièvement le projet de remplacement pour la mobilité des étudiants britanniques en Europe et dans le monde. Nommé Turing, en honneur au célèbre mathématicien, ce programme apporte un soutien aux étudiants du Royaume-Uni, mais n’offre aucune réciprocité pour les Européens.
Le projet Turing a divisé au Royaume-Uni dès son annonce, mais a été défendu à Londres, promettant notamment un programme plus égalitaire. Ainsi, une aide financière supplémentaire sera apportée aux étudiants les moins aisés. Le gouvernement a aussi mis en avant le fait que ce programme permettait une ouverture sur le monde entier, quand Erasmus limitait les opportunités à l’Union européenne.
C’est ainsi qu’en août 2021, la première promotion Turing a vu 40,000 étudiants britanniques bénéficier de ce nouveau programme. La promotion 2018/2019 avait envoyé 18,300 étudiants britanniques dans les pays européens. Le ministre de l’Éducation, Gavin Williamson, s’est félicité d’une meilleure diversité avec environ la moitié des places réservées aux jeunes issus de milieux défavorisés.
Seulement voilà, le programme Turing ne propose pas de réciprocité pour les étudiants de l’Union européenne, qui doivent désormais faire face à des frais de scolarité près de trois fois supérieurs. Plus aucune aide ne leur est offerte et ils ne peuvent plus prétendre aux prêts étudiants britanniques.
À l’instar de l’Angleterre, l’Écosse et le Pays de Galles comptent bien sur le retour des étudiants européens dans leurs rangs. À l’image de la ministre de l’Éducation galloise, Kirsty Williams, qui s’est exprimée à ce sujet. “Nos étudiants et notre personnel sont des ambassadeurs essentiels pour nous à l’étranger, promouvant le message selon lequel le Pays de Galles est une destination accueillante pour les étudiants et les partenaires du monde entier. Leur éducation et leur sensibilisation culturelle sont améliorées à bien des égards grâce au temps passé à l’étranger – tout comme nos enseignements sont enrichis par les étudiants et les travailleurs qui visitent le Pays de Galles pour étudier et enseigner.”
En Écosse, on débloque des bourses pour les étudiants européens
Au début de l’année 2021, la demande des députés écossais pour rester dans le programme Erasmus+ avait été refusée par la présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen.
Le gouvernement écossais a alors annoncé consacrer une enveloppe de 2,25 millions de livres sterling pour proposer des bourses aux étudiants européens souhaitant venir étudier en Écosse. Cependant, pour les syndicats d’étudiants écossais, cela n’est pas assez et l’Écosse devrait s’engager sur un plan de financement de plusieurs années, afin d’assurer la pérennité des échanges entre l’Europe et l’Écosse.
Du côté du Pays de Galles aussi, on contre-attaque avec un programme spécial. Le gouvernement gallois annonce que “le programme permettra aux apprenants et au personnel, tant du Pays de Galles que de ceux qui viennent étudier ou travailler au Pays de Galles, de continuer à bénéficier d’échanges internationaux de la même manière que les opportunités qui ont découlé d’Erasmus+.”
Le nouveau programme, baptisé New International Learning Exchange, prendra effet à partir de 2022 pour quatre années. Le gouvernement gallois ayant alloué un budget de 65 millions de livres sterling. Durant cette période, le programme entend envoyer 15,000 Gallois pour une expérience à l’étranger pour recevoir environ 10,000 étudiants ou travailleurs dans le pays.
Les gouvernements gallois et écossais espèrent ainsi combler les vides laissés par le programme Turing. Ainsi, les portes ne sont plus totalement fermées aux étudiants européens souhaitant vivre une expérience britannique.