Alexandre Levacher ne voulait pas rester les bras croisés. “Personnellement, j’ai mis du temps à réagir, car comme tout le monde,  j’étais pris par le quotidien”, explique le Français, “mais cela a été une véritable claque de prendre conscience que cette guerre se déroule sur le sol européen, on se rend finalement compte qu’on est tous concernés, qu’on peut tous être touchés par cette terrible situation”. Le responsable de la clinique The French Dental Practice a donc décidé d’agir face à la guerre qui fait rage en Ukraine depuis près de 15 jours. 

En discutant avec sa collègue, le docteur Déborah Phillips, les deux Français réfléchissent alors aux actions qu’ils pourraient entreprendre. “Elle m’a expliqué qu’elle avait une connaissance qui était en lien avec le centre culturel polonais de Lewisham”. Centre qui se charge d’envoyer vers la Pologne, pays où de nombreux réfugiés ukrainiens ont trouvé l’asile, des biens de première nécessité. “Des volontaires partent régulièrement, entre une à plusieurs fois par semaine, selon les disponibilités des chauffeurs et des camionnettes, vers la Pologne pour y apporter tous les dons”, explique Alexandre Levacher.

“Mobiliser la communauté française”

C’est alors qu’ils lancent début mars un appel sur les réseaux sociaux, et notamment sur la page Facebook du Cercle des Français de Londres Officiel. “L’idée était de mobiliser le plus possible la communauté française pour collecter le maximum de dons”. Des dons stockés au sein même de la French Dental Practice, située sur Harley Street, puis récupérés pour un acheminement vers le centre culturel polonais de Lewisham.

C’est par cette annonce lancée par le responsable du cabinet dentaire que Mathilde Allemand, infirmière puéricultrice française et fondatrice de Mathilde Maternity London, a pris contact avec Alexandre Levacher. La jeune femme, très touchée par la situation urkrainienne, avait déjà dans l’idée de mobiliser sa communauté de parents pour l’envoi de dons pour les bébés et enfants victimes de cette guerre. “J’ai demandé à Alexandre comment je pouvais aider et ce dont il aurait besoin”, explique Mathilde Allemand, “il m’a alors donné une liste de produits dont les associations étaient en recherche de manière urgente”. 

La liste des produits nécessaires est en effet vaste mais très précise. “Surtout pas de vêtements”, précise tout de suite Alexandre Levacher, “les réfugiés ont ce qu’il faut, ils sont souvent partis avec des valises avec des affaires”. Mais la communauté française peut venir déposer, du lundi au jeudi de 9am à 6pm et le vendredi de 9am à 12pm, des produits d’hygiène (dont des serviettes hygiéniques pour les femmes), des couches et des langes, des lits de camps, des lits parapluie pour les enfants, des tentes à destination des combattants ukrainiens, des couettes thermales, des denrées alimentaires mais non périssables, des couverts réutilisables, ainsi que des kits de premiers secours incluant des compresses, bandages, désinfectants, seringues, pansements, gants chirurgicaux, coton, sérum physiologique, couvertures de survie, garrots… Des produits facilement trouvables en pharmacie. 

De nombreuses personnes, dont Mathilde Allemand et son réseau qu’elle a mobilisé rapidement, ont déjà répondu l’appel d’Alexandre Levacher et Déborah Phillips. “On ne sait pas quand cette guerre va s’arrêter, donc on collectera les dons tant que nécessaire”, assure le Français. Avant d’ajouter qu’il espérait, tout comme sa collègue le docteur Phillips, que cette initiative de la French Dental Practice allait avant tout donner une impulsion et permettre à d’autres personnes d’engager d’autres actions. “On ne veut pas être le seul point de dépôt, plus il y en aura mieux ce sera”. Ils proposent d’ailleurs à celles et ceux qui ne savent pas vers qui se tourner de leur apporter leur aide en les mettant en contact avec le centre culturel polonais qui recherche d’ailleurs des chauffeurs volontaires, prêts à partir vers la Pologne pour apporter tous ces dons.

Outre les dons de biens de première nécessité, Alexandre Levacher et Déborah Phillips réfléchissent “aussi à créer une page de collecte de dons financiers pour participer aux frais de déplacement, comme l’essence”.