Du savoureux cidre à la pomme et à la rhubarbe et de la pilsner artisanale vendus directement à la pinte – en accompagnement de hot-dogs – à emporter et déguster tranquillement dans un parc voisin. C’est la formule gagnante que propose depuis le 30 mai dernier Guillaume Desmurs du restaurant The Flying Frenchman, dans le nord de Londres.
Le service est proposé depuis un mini-van installé juste devant le restaurant, histoire de limiter les allées et venues à l’intérieur en ces temps d’épidémie. “Les gens font la queue en respectant les distances de sécurité, sourit Guillaume Desmurs. Une tireuse a été placée à l’extérieur. On les sert directement au gobelet. Ils repartent avec une, voire deux pintes.” Et souvent aussi, bien sûr, avec un hot-dog réalisé avec des saucisses faites maison.
“Pour le cidre, c’est un jeune Britannique qui fait des trucs pas mal du tout qui nous fournit en fûts, explique le patron du Flying Frenchman. Je savais qu’il faisait du cidre pommes-rhubarbe et je trouve que c’est une combinaison parfaite donc je lui ai demandé de nous en amener.” Une recette qui a l’air de séduire. “On a fait ça le weekend du 30 mai et on a vendu 100 litres en tout. Pour nous, c’est pas mal.” La bière, de la pilsner donc, est fournie par des brasseurs artisanaux.
Si le Français vend des pintes à emporter, c’est bien sûr parce que la réglementation ne lui permet pas encore d’accueillir les clients dans son enceinte ou sur sa terrasse. Confinement oblige, il avait cessé de servir des bières à la pression – qu’il propose normalement dans son restaurant, à côté du vin – et accompagnait les mets qu’il préparait (l’établissement a continué de servir ses plats habituels en “take away” pendant le confinement) de canettes et de bouteilles fermées. “Les gens n’avaient pas le droit d’être dehors avant. Donc on servait des choses packagées, que l’on pouvait venir chercher ou se faire livrer mais à consommer chez soi.”
La réglementation a aujourd’hui été assouplie et l’on peut désormais se retrouver dehors à plusieurs et pique-niquer. Et retrouver le plaisir des pintes. “Les Anglais, ils aiment aller au pub et boire une pinte qui a été tirée devant eux, ce que je trouve tout-à-fait normal, indique Guillaume Desmurs. Les canettes, c’est pas le même look, c’est moins festif, moins engageant.”
Le Flying Frenchman propose ses pintes et ses hot-dogs du vendredi au dimanche et des crêpes sucrées et salées pourraient bientôt venir étoffer l’offre. A côté, le restaurant prépare toujours des plats à emporter (délicieux hachis-parmentier de merguez à l’agneau, canard rôti…). Une diversification que Guillaume Desmurs juge essentielle pour continuer à répondre au besoin de distanciation sociale, toujours de mise a priori lorsque les restaurants rouvriront, et à l’appréhension possible des clients. S’il indique ne pas avoir souffert du lockdown (grâce notamment à une critique élogieuse du Guardian peu de temps avant et son activité de “take away”), il anticipe un avenir compliqué pour la profession.