C’est à l’âge de quatre ans que Yannick Kamanan a su qu’il voulait devenir footballeur professionnel. “Ma mère me disait que dès que j’avais un ballon, je me calmais”, se souvient le Français, installé à Londres. Sur les murs de sa chambre, les posters de ses idoles, et en premier lieu Georges Weah, “le seul joueur africain à ce jour à s’être vu décerner le Ballon d’Or”. “J’adorais aussi Ronaldo (Luís Nazário de Lima), le Brésilien”.
C’est donc avec ces images de grandes légendes du foot que Yannick Kamanan grandit. S’il sait qu’il veut suivre les pas de ses idoles, sa mère, elle, n’est pas emballée par l’idée. “Elle voulait surtout que je me consacre aux études”. Sauf que plusieurs entraîneurs de son club de quartier dans les Yvelines, qui décèlent un vrai talent à son fils, lui conseille de le pousser vers cette carrière footballistique. Elle se laisse convaincre, mais à la condition, que si cela ne fonctionne pas, le jeune Yannick devra retourner à ses études. Il rejoint alors le PSG, le club de ses rêves, où il suit une formation pendant un an. “Mais j’ai dû revenir dans les Yvelines, car cela faisait beaucoup de trajets pour ma mère”.
Yannick Kamanan part ensuite faire des essais à Laval, Bordeaux et Le Mans, où il restera finalement pour suivre son sport-études. Sauf que tout ne se passe pas comme prévu. “Je n’ai pas été gardé, car je n’étais pas assez concentré sur la partie scolaire”. Avant de partir à la recherche d’un nouveau club à intégrer, sa mère l’aide d’abord à trouver un agent en passant par la fédération française de football. “À l’époque, il n’y en avait pas beaucoup. Trois ont répondu. Et dans les trois, il y en a un qui a décidé de nous aider”, se souvient le joueur. Il part alors faire de nouveaux essais à Bolton en Angleterre. “Mais ça n’a pas pris”. Qu’à cela ne tienne, la vidéo-cassette d’un de ses matchs sera envoyée au club de Tottenham, à Londres, qui décide de tenter sa chance avec lui. “J’ai fait un essai trois semaines là-bas, et au final, j’ai signé un contrat pro de trois ans”.
Pour Yannick Kamanan, c’est un nouveau rêve qui se réalise, lui qui aime le championnat anglais et suit depuis qu’il est jeune les équipes d’Arsenal ou de Manchester. “En Premier League, ça joue vite et l’ambiance est belle”. Ce qu’il a le plus aimé dans son expérience en Angleterre, c’est la considération qu’il a reçue. “Quand j’ai joué ensuite en France, j’étais toujours perçu comme un étranger parce que je ne maîtrisais pas le football français. Sauf que j’ai été formé en Angleterre, donc c’était logique”. Car la formation n’est pas la même entre les deux pays. “En France, dès le plus jeune âge, on passe par toutes les gammes, tous les postes, de la défense aux buts, au milieu, à l’attaque. Ce n’est pas le cas en Angleterre, où on est directement formé sur un poste”.
Après trois ans passés à Tottenham, le Français enchaîne différents clubs, onze au total, en passant par Strasbourg, Dijon, Ajaccio, avant d’aller en Belgique à Ostende puis au FC Schaffhaus en Suisse. “Après, j’ai fait le Maccabi Tel-Aviv en Israël et le Sivassport en Turquie, avant de rejoindre le Kabbalah en Azerbaïdjan”. Mais Yannick Kamanan doit surtout mettre fin à sa carrière à cause d’une blessure. “A la retraite, il y a ces joueurs qui profitent de leur temps avec leur famille et les autres comme moi qui doivent faire face à cette “petite mort”, sans avoir des millions d’économies. Il m’a fallu deux ans pour trouver enfin ce que je voulais faire de ma deuxième vie”. Il finit par se retrousser les manches, comme il le dit. Sur les conseils de sa fille – il a trois enfants -, il se lance dans le coaching de football pour les activités extra-scolaires. “A l’école de ma fille, c’était des professeurs entraînaient les enfants et elle n’aimait pas trop donc elle m’a demandé si je pouvais le faire. Au départ, je n’étais pas convaincu, puis je me suis laissé convaincre. Depuis, je ne me suis plus arrêté”.
Il crée il y a six ans sa Champions Football Academy et travaille en collaboration avec l’École de Battersea et l’École de Wix pour leurs clubs périscolaires mais propose des animations pour des anniversaires, des stages pendant les vacances, des séances individuelles. “J’y ai finalement trouvé mon bonheur, c’était thérapeutique. Les enfants, c’est l’innocence même et ils veulent partager et apprendre de vous”. En parallèle, il a également monté, il y a quatre ans, un club de foot amateur, accessible à plusieurs catégories d’âge. “On s’entraîne trois fois par semaine à Battersea Millenium, à raison d’une heure et demie par session et les matchs ont lieu le dimanche. C’est très très intense. On a deux coaches par terrain, on travaille surtout les aspects techniques, tactiques, c’est vraiment complet. Tous les enfants sont motivés. On ramène la philosophie française en Angleterre c’est-à-dire intense, dur, honnête, travailleur”.
Aujourd’hui, Yannick Kamanan se dit très heureux. “J’ai eu le temps de faire le deuil de ma fin de carrière, je me sens épanoui. Travailler avec les enfants me fait apprendre tous les jours, quand je les vois progresser et aimer jouer. Je suis le plus heureux du monde”. Pour 2025, il espère faire grandir son club de foot amateur, en développant toutes les catégories et ainsi faire progresser les enfants quitte à avoir une équipe première.