Elle poursuivait une brillante carrière d’avocate, elle a travaillé en France, en Belgique, au Luxembourg et en Angleterre pour de grands cabinets juridiques. Pourtant Sarah-Nada Arfa a fait le choix de changer complètement de voie professionnelle. Elle est désormais doula. “Une doula, c’est une personne qui accompagne et soutient les parents dans leur parcours de parentalité, de la conception au post-partum”, explique la Française, installée à Londres depuis 2018. “J’ai longtemps travaillé pour des entreprises dans la finance, et même si mes missions étaient très intéressantes, elles n’ont jamais atteint 10% du plaisir ou de l’excitation que je ressens quand j’accompagne des parents. C’est tellement miraculeux de voir un enfant venir au monde, on s’approche du divin”.
Ce métier n’est pas nouveau pour elle, elle l’exerce depuis quelques années déjà. Mais jusqu’à présent, c’était davantage une activité annexe de sa carrière d’avocate et juriste. “Mais en réalité, j’ai toujours pensé que ces deux professions étaient liées en quelque sorte”, avance Sarah-Nada Arfa, “j’ai voulu devenir avocate car je souhaitais être la porte-parole de certaines causes, rendre ce qui est injuste juste. Elles ont beau vivre dans un pays riche, venir d’un milieu privilégié, les femmes ne trouvent pas forcément leur voie, ou des solutions à leurs besoins”. La quadragénaire, issue d’une famille de médecins et dont le père est gynécologue-obstétricien, en prend pour exemple la fertilité, qui certes, dit-elle, est un peu mieux prise en charge maintenant, mais où les femmes restent encore “actrices de leur propre condition”. “L’enfant demeure au centre des discussions sans même entendre ce que les parents veulent réellement”.
C’est à force de s’intéresser aux stades pré et post-natal, qu’elle s’est rendue compte, dit-elle, des inégalités et injustices pour les parents. Sarah-Nada Arfa les a donc mis au cœur de son activité. “Je veux faire en sorte qu’ils soient entendus dans leur désir, leur fournir l’information la plus neutre possible pour qu’ils puissent ensuite prendre une décision éclairée sur leur parcours pré et post-natal”, confie la Française, qui accompagne les parents durant tout leur projet bébé, de la conception au post-partum en passant par la grossesse. “Je peux être présente jusqu’à trois ans après la naissance”, ajoute-t-elle, “chaque parent a des besoins différents, et la mission de la doula est de s’adapter, d’écouter, de soutenir, et même de fournir des plats chauds et de bonne qualité pour que la mère s’alimente bien ou lui faire faire des exercices pour la soulager. Car, comme on le dit, il faut un village pour aider une femme à faire grandir un enfant”.
Proposer un aspect complémentaire, certes, mais différent à la médecine traditionnelle provient de sa propre expérience. “A 34 ans, on m’a diagnostiqué une maladie génétique. Les médecins m’ont dressé un tableau plutôt noir sur ce qui allait se passer”, raconte Sarah-Nada Arfa, “sauf qu’on ne peut pas se baser sur des statistiques provenant de recherches médicales effectuées sur des personnes qui n’auraient pas le même profil que moi”. Loin de voir ce diagnostic comme une sentence, la Française commence alors à mener ses propres recherches par le biais de lectures, de recommandations, et elle s’initie également au yoga, elle devient même professeure après une formation.
Sa santé s’améliore et l’autodidacte est approchée par des proches, impressionnés par ses méthodes, qui lui demandent alors conseil. “Je les ai d’abord orientés vers des professionnels, car je ne pensais pas avoir la légitimité. Mais ces personnes, qui se sentaient abandonnées par la médecine occidentale, cherchaient des alternatives à des grosses chirurgies ou des thérapies radicales”, explique-t-elle. Pas question pour autant de conseiller aux personnes de ne pas être suivies médicalement. “Une doula vient aider par exemple sur des douleurs chroniques liées à la grossesse ou des problèmes de fertilité”. Sarah-Nada Arfa a donc réellement commencé son activité de doula il y a six ans, en parallèle de sa carrière d’avocate. Après avoir aidé des proches, elle a été sollicitée au-delà de ce cercle et a aussi beaucoup travaillé avec des réfugiées, des sans-abris ou des personnes vulnérables.
Aujourd’hui, la Française se dit heureuse de pouvoir se consacrer à 100% à son nouveau métier. Avec le contexte de la pandémie, elle a vu les demandes augmenter avec des parents qui se sont sentis isolés, les hôpitaux étant sous pression et pouvant être trop anxiogènes. “Cela a été une période difficile pour eux, car quand on vit une grossesse, on a besoin d’être proche de sa famille, d’autres parents, d’autres enfants”. Mais elle a pu adapter son activité grâce aux nouvelles technologies, comme la visio. Sarah-Nada Arfa a souhaité également, pour permettre à tous de pouvoir faire appel à elle, proposer des tarifs accessibles. “Faire appel à une doula peut coûter cher, parfois entre £4,000 et 5,000. Mais j’ai mis en place un système d’abonnement mensuel”. Les parents pourront avoir accès à des consultations et des check-up réguliers.