Plutôt que de laisser s’accumuler téléphones, tablettes et autres ordinateurs obsolètes dans un coin de la maison, pourquoi ne pas les remettre à jour et les donner à celles et ceux qui en auraient besoin ou qui n’ont pas les moyens d’en acheter ? C’est l’idée de deux jeunes Français de Londres, Pierre Gabaix et William Aoun, âgés respectivement de 17 et 16 ans. Pour lancer leur projet, ils ont ainsi créé en mai dernier, E-Surplus, une association caritative.
“On sait que la plupart des gens ne recyclent pas ce genre d’appareils, soit parce qu’ils ne savent pas à qui s’adresser, soit parce qu’ils ne prennent pas le temps de le faire”, expliquent les deux jeunes hommes, activistes sur divers sujets de société notamment sur les inégalités sociales mais aussi le réchauffement climatique. Avec 1,6 million de tonnes, le Royaume-Uni est par exemple, soulignent les deux étudiants, l’un des plus grands producteurs de déchets électroniques au monde. “40 millions d’appareils électroniques sont stockés dans les maisons britanniques”. Ils se sont donc donnés pour mission, avec E-Surplus, de réduire cette masse de déchets électroniques.
En plus de vouloir avoir un réel impact sur l’environnement, Pierre Gabaix et William Aoun ont donc avant tout souhaité réduire les disparités sociales. “Le Royaume-Uni est l’un des pays qui enregistre le plus haut niveau d’inégalités sociales et de ségrégation économique en Europe, notamment à Londres”. Pour exemple, 12% des ménages britanniques n’ont pas d’ordinateur à la maison. “Alors qu’Internet et la globalisation sont censés mettre tout le monde sur le pied d’égalité, on se rend compte que ce n’est absolument pas le cas”, expliquent les deux jeunes hommes.
Ils ont donc travaillé avec différents établissements de la capitale anglaise – dont ceux où ils sont scolarisés, à savoir Jeanine Manuel et Cobham Hall – mais aussi des Etats-Unis pour permettre de faire vivre leur idée, finalement devenue réalité à la rentrée de septembre dernier. Car c’est via les écoles que la collecte se fait. “Il y a des équipes d’étudiants qui récupèrent chaque semaine via les élèves et les familles tous les objets électroniques inutilisés, fonctionnels ou défectueux”, expliquent les deux co-fondateurs d’E-Surplus.
Les téléphones, ordinateurs et tablettes sont ensuite vérifiés et séparés, selon s’ils fonctionnent ou non. “La deuxième étape consiste à nettoyer les données des appareils”, précisent les deux Français. Vient ensuite l’étape du recyclage pour les appareils ne fonctionnant plus, ils sont rapportés dans des centres Apple par exemple. Les objets, remis à niveau, nettoyés et fonctionnels, sont envoyés à différents acteurs, comme Vodafone (via son service Vodafone’s Great British Tech Appeal) et Three (via Three Reconnected) ou encore l’association Little Lives UK, qui vient en aide aux enfants les plus démunis, afin de les redistribuer dans les familles qui n’ont pas les moyens d’avoir accès à de tels appareils.
D’autres élèves d’écoles ont suivi Pierre Gabaix et William Aoun dans leur démarche. “Nous sommes six au total, et chacun a aidé à sa manière, soit en recrutant des bénévoles, soit en s’occupant du marketing ou de la création du logo d’E-Suprlus”.
Aujourd’hui, E-Surplus est présent dans quatre pays, dont le Royaume-Uni, l’Espagne, les Etats-Unis et la Suisse et collabore par exemple avec l’University College London, la Rafa Nadal International School et l’Université Northeastern à Boston. “On compte huit écoles et universités, et en comptant le partenariat ACS (dont l’école Cobham fait partie), cela représente 18 autres écoles indépendantes, soit un total de 26 établissements”, confient les deux étudiants, qui espèrent ouvrir des antennes ailleurs dans le monde mais aussi ouvrir la collecte à un plus grand public.