À l’approche des élections européennes, les électeurs sont de plus en plus nombreux à envisager d’aller voter, selon les résultats d’une enquête menée entre février et mars et publiée mercredi 17 avril par l’Eurobaromètre, instance de sondages du Parlement européen. Si le taux de participation à ce scrutin est en général assez bas (36,9% au Royaume-Uni par exemple en 2019, et seulement 12,6% chez les Français du Royaume-Uni), il semble que cette année la tendance pourrait s’inverser. En effet, environ 60 % des personnes interrogées ont déclaré êtres intéressées par ces élections, qui auront lieu entre le jeudi 6 et le dimanche 9 juin. 71% d’entre elles (chez les plus de 40 ans, ils sont 74%) ont même déclaré qu’elles iraient probablement voter, soit une hausse de 10 points par rapport à la même période en 2019.
Les citoyens les plus intéressés sont les Danois (87%), suivis des Néerlandais (86%) puis des Suédois (81%), tandis que les moins susceptibles de se déplacer pour le vote sont les Bulgares (50%), les Estoniens (52%) et les Portugais (57%). Les Français se placent plutôt en tête des nationalités européennes, puisque 67% d’entre eux envisagent de se déplacer aux urnes. “Tous les chiffres relevant de l’intérêt pour ces élections sont plus élevés que jamais”, se réjouit Jaume Duch Guillot, directeur général et porte-parole au Parlement européen, avant d’ajouter, “bien sûr, nous savons que la participation réelle est toujours inférieure. Mais nous avons de bonnes raisons de nous attendre à une participation plus élevée” qu’il y a cinq ans.
L’une des raisons de cet intérêt croissant serait le contexte mondial, selon 81% des interrogés. “Les Européens sont conscients que voter est encore plus important dans le contexte géopolitique actuel”, analyse la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, appelant les citoyens européens à se rendre aux urnes “pour renforcer la démocratie européenne et façonner l’avenir de l’Europe”. Pour cette élection 2024, il y aura tout de même un grand absent : le Royaume-Uni. En effet, depuis le 31 janvier 2020, le pays ne fait plus partie de l’UE. Les électeurs britanniques ne sont donc plus concernés par ce scrutin. Cependant, les ressortissants européens vivant au Royaume-Uni, eux, pourront s’exprimer, même si, selon une enquête réalisée en 2023, le Brexit a affecté leur intérêt pour cette élection.
Même si les deux enquêtes ne peuvent pas être comparées car réalisées à des périodes différentes et avec une méthodologie divergente, elles donnent tout de même une indication de la position des ressortissants européens à l’égard de l’Union européenne et de ce vote. Parmi les ressortissants européens vivant au Royaume-Uni, 33% ont ainsi déclaré qu’ils seraient susceptibles de voter tandis que 25% ne seraient pas intéressées (contre 14% dans l’ensemble de l’UE). Les plus intéressés sont les Allemands (66%), les Italiens (66 %) et les Polonais (58 %). Les Français sont quant à eux 57%, suivis par les Espagnols (46%), les Hongrois (43%), les Portugais et les Roumains (42%). Les Lettons, Lituaniens et Bulgares arrivent en fin de classement. À l’exception de la Pologne, les citoyens des pays ayant rejoint l’UE après 2004 semblent ainsi moins intéressés par cette élection, selon l’étude menée. Les raisons de ce désintérêt pourraient s’expliquer par le fait qu’il serait plus difficile de voter depuis à l’étranger et que ces élections “ont un impact moins direct” sur la vie des gens. Les personnes interrogées ont d’ailleurs mentionné un manque d’information.
Parmi les participants à l’enquête Eurobaromètre publiée le 17 avril, 47% ont une image positive de l’UE, 60% considèrent l’adhésion à l’UE comme une bonne chose et 71% estiment que leur pays en a bénéficié. 73% déclarent également que l’UE a un impact sur leur vie quotidienne. Les résultats du sondage montre par ailleurs que l’image positive de l’Union européenne a atteint son plus haut niveau pendant la pandémie de la Covid et après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le Portugal, l’Irlande et la Suède ont une image très positive de l’UE, tandis que la France, l’Autriche et la Tchéquie beaucoup moins. 65% des ressortissants européens vivant au Royaume-Uni ont une très bonne opinion de l’UE, les plus positifs étant les Allemands (82%), les Néerlandais (78%), les Portugais ainsi que les Français qui sont 73%, dénotant ainsi avec les Français de France, qui sont seulement 37% à avoir une opinion positive sur l’Union européenne.
L’enquête Eurobaromètre révèle également les domaines dans lesquels les citoyens ont des opinions critiques à l’égard de la Union européenne. Si 50% sont satisfaits de la réponse de l’UE à la pandémie de la Covid, en ce qui concerne la réponse au Brexit, la situation économique, la guerre en Ukraine, le changement climatique et l’immigration, la proportion des “insatisfaits” était plus élevée que celle des “satisfaits”. Concernant le Brexit, 43% des citoyens de l’UE, tous pays confondus, sont insatisfaits de la réponse de l’UE, contre 38% de satisfaits, englobant à majorité les ressortissants néerlandais, danois, irlandais et suédois. Les Français (31%), les Italiens (33%) et les Espagnols (27%) font partie des plus mécontents. Mais bonne nouvelle : au Royaume-Uni, plus d’un quart des citoyens de l’UE ont déclaré se sentir plus européens suite au Brexit.
En ce qui concerne la campagne électorale, les citoyens de toute l’UE ont déclaré que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (33%), la santé publique (32%), l’économie, ainsi que la défense et la sécurité de l’UE (31%) devraient être les principales priorités, suivies par le changement climatique (27%). La santé et la défense sont devenues plus importantes après la pandémie et l’invasion russe de l’Ukraine. Les principales valeurs sur lesquelles les Européens souhaiteraient que le Parlement se concentre sont la paix (47%), la démocratie (33%), la protection des droits de l’homme (24%), la liberté d’expression (21%) et l’État de droit (20%). La paix est la réponse la plus mentionnée dans 26 des 27 pays. Pour les citoyens de l’UE au Royaume-Uni, la hausse des prix et la situation économique restent les enjeux prioritaires dans cette élection, ainsi que la relation entre le Royaume-Uni et l’UE et les droits des citoyens de l’UE dans le pays.
NB : Cet article est publié en coopération avec Europe Street News dans le cadre d’un projet d’information du public sur les élections européennes et financé par le Parlement européen.