Les citoyens de l’UE au Royaume-Uni ont adopté une position différente de celle des citoyens de leurs pays respectifs lors du vote aux élections au Parlement européen dimanche 9 juin.
Si de manière globale, les partis conservateurs sont sortis vainqueurs du scrutin, l’extrême droite a enregistré des scores significatifs dans plusieurs États membres, tandis que les Verts et les Libéraux ont enregistré des pertes de voix.
Parmi les ressortissants européens du Royaume-Uni, les citoyens français se sont radicalement distingués de leurs compatriotes. En effet, en France, le Rassemblement national est arrivé premier avec 31,3% des voix, que sur le circonscription de Londres (incluant l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord), c’est la liste de l’actuelle majorité présidentielle (28,8%) qui est arrivée en tête, suivie de celle des socialistes (21,9%), le Rassemblement National n’ayant recueilli que 3,5% des voix. En Écosse, les résultats ont été encore différents, avec la plupart des voix allant aux Verts (24,5%), suivis des Socialistes (22,2%), de la Renaissance (17%), le RN lui n’a obtenu que 2,33%.
Les Polonais de Grande-Bretagne, comme leurs compatriotes dans leur pays, ont soutenu la coalition civique du Premier ministre Donald Tusk en lui accordant 40 % des voix. Mais le parti d’extrême droite anti-migrants Konfederacja arrive en deuxième position (20,7%), tandis qu’en Pologne il obtient 12%. Le parti Droit et Justice (PiS), deuxième en Pologne avec 36 % des préférences, est troisième parmi les Polonais du Royaume-Uni (17 %), suivi par la Gauche (15,7%) et la Troisième Voie (5,1%). Le parti Polexit a obtenu moins de 1% des voix au Royaume-Uni, détaille le média local Londynek.
Pour les citoyens portugais du Royaume-Uni, le vainqueur a été le parti socialiste, suivi de l’Alliance démocratique (AD). Cela reflète les résultats obtenus au Portugal, mais aucun de ces partis n’a atteint les 20 %, alors qu’au niveau national, ils dépassaient les 30 %.
Les Italiens du Royaume-Uni ne pouvaient voter qu’en retournant dans leur circonscription d’origine. En ce qui concerne les élections européennes, l’Italie autorise les citoyens à l’étranger à voter uniquement depuis les consulats des autres États membres de l’UE. Ceux qui pouvaient voter en Europe ont choisi en priorité le parti démocrate (30%) contre 24% en Italie, suivi par les Frères d’Italie de la Première ministre Giorgia Meloni (19%) – en Italie, ils ont obtenu 28% des voix – et les Verts (17%). Seuls 7 % des Italiens ayant le droit de voter à l’étranger ont voté.
Bien qu’une enquête de l’année dernière ait montré un grand intérêt pour les élections européennes parmi les citoyens européens au Royaume-Uni, le taux de participation a été faible.
Seuls 25,397 Polonais se sont inscrits sur les listes électorales et 21,983 ont voté, contre plus de 160,000 personnes ayant participé aux élections nationales de l’année dernière. Environ 680,000 citoyens polonais vivent au Royaume-Uni.
Parmi les 180,000 membres de la communauté portugaise, seuls 2,619 se sont rendus dans les consulats de Londres ou de Manchester pour voter pour le Parlement européen.
Parmi les ressortissants français en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, la participation était de 19% (23,123 sur 121,170 inscrits), en hausse par rapport à 12,24 % en 2019, mais les citoyens de l’UE pouvaient également choisir de voter pour un candidat britannique à cette époque. En Écosse, le taux de participation était de 28,6%.
L’ambassade de Roumanie a déclaré que 31,212 ressortissants britanniques ont voté aux élections européennes, ce qui représente « le plus grand taux de participation de la diaspora roumaine en Europe occidentale », mais une faible proportion par rapport à une population estimée à plus d’un demi-million.
Dans l’ensemble de l’UE, environ 11 millions de citoyens européens vivant dans un autre État membre avaient le droit de voter. Leur participation est traditionnellement faible.« Leur enregistrement dans les pays d’accueil a été entravé par les barrières linguistiques, comme par exemple en Croatie, et par des délais précoces, par exemple jusqu’à cinq mois en Espagne », a déclaré le groupe de la société civile Election-Watch.EU.
Même si les partis d’extrême droite ont réalisé des progrès significatifs dans plusieurs États membres, la majorité centriste actuelle au Parlement européen perdurera. Le Parti populaire européen (PPE) conservateur, vainqueur en Allemagne, en Espagne, en Pologne, en Bulgarie, en Slovénie, au Luxembourg, à Chypre, en Lettonie, en Lituanie, en Estonie, en Finlande, en Croatie et en Grèce, restera le groupe le plus important avec 186 sièges sur 720, 10 de plus qu’en 2019.
L’Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates (S&D) a gagné en Suède, en Roumanie, au Portugal, aux Pays-Bas (avec les Verts) et à Malte, mais a perdu du terrain en Allemagne. Le groupe devrait disposer de 135 sièges.
Les Libéraux ont subi une défaite majeure en France, mais ont gagné en Slovaquie et en Tchéquie. Le groupe Renew devrait disposer de 79 sièges, en perdant 23 par rapport à 2019.
Les Verts ont gagné au Danemark mais ont également enregistré des pertes importantes en obtenant 53 sièges au total.
Le groupe de gauche conserve 36 sièges.
Les Conservateurs et réformateurs européens (ECR) ont gagné en Italie et devraient obtenir 73 sièges.
Le groupe d’extrême droite Identité et Démocratie (ID) a gagné en France, en Belgique et en Autriche et est en passe d’obtenir 58 sièges contre 49 en 2019. En Allemagne, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) d’extrême droite est le deuxième parti le plus voté après les démocrates-chrétiens et devant les sociaux-démocrates du chancelier Scholz.
100 élus doivent encore déclarer leur affiliation.
Sur la base des résultats du vote, les dirigeants des pays de l’UE se réuniront les jeudi 27 et vendredi 28 juin et désigneront le président de la Commission européenne, qui devra recevoir le vote de confiance du Parlement. L’actuelle présidente Ursula von der Leyen est la candidate du PPE et devrait être confirmée dans ce rôle, soutenue par le S&D et Renew. La session inaugurale du nouveau parlement aura lieu le mardi 16 juillet à Strasbourg.
Cet article est publié en coopération avec El Ibérico, French Morning London, Londra Italia, Londynek et Ziarul Românesc dans le cadre d’un projet d’information publique sur les élections européennes financé par le bureau du Parlement européen à Londres.