Lui est en cuisine, elle en salle, mais c’est ensemble qu’ils ont créé la carte de leur premier établissement, Caractère, qui a ouvert ses portes jeudi 4 octobre dernier dans le quartier de Notting Hill. Les plats ont même été imaginés dans leur appartement, avant d’être proposés aux clients. Diego Ferrari et Emily Roux sont en effet un couple à la ville comme au restaurant. 
Caractère, c’est la concrétisation d’un projet qui aura pris une année à voir le jour. “Le nom nous est venu naturellement”, racontent de concert les deux partenaires, “on voulait quelque chose qui sonne français car c’est en France que l’on s’est rencontrés, on parle français ensemble (Diego Ferrari est Italien) et puis on est très têtus tous les deux”. Mais surtout, leur cuisine ils l’ont voulue avec du caractère. D’ailleurs en clin d’oeil, Emily Roux et Diego Ferrari ont choisi de baptiser chacun des plats de leur carte – saisonnière – avec un trait de caractère : curieux, subtil, délicat, robuste, fort, gourmand, aventurier. “On souhaitait susciter la curiosité des gens au moment de commander”, sourit Emily Roux.

Une rencontre dans les cuisines

Si les deux se sont formés dans les plus grandes cuisines de Paris et de Monaco, pour leur restaurant, le couple revendique une cuisine “simple” avec “des bons produits locaux et bien préparés”. Le tout dans une atmosphère décontractée. “On souhaite que les gens se sentent comme à la maison, d’ailleurs on accepte les enfants”, précise le couple.
Ouvrir un restaurant, c’était aussi la suite logique pour le couple, qui se sont rencontrés il y a quelques années à Monaco au sein du Louis XV. Emily Roux y effectuait son dernier stage d’école hôtelière et Diego Ferrari était déjà en cuisine. Depuis, ils ont tracé leur chemin ensemble, notamment à Paris, elle au sein du 39V puis à Akrame et lui au Plaza Athénée comme second.
Après quelques années dans la capitale française, le couple décide de traverser la Manche pour rejoindre Londres. Un retour aux sources pour Emily Roux, franco-britannique de naissance. Car la jeune femme n’est autre que la petite-fille d’Albert Roux et la fille de Michel Roux Jr, à la tête de Gavroche, établissement londonien doublement étoilé. En ouvrant son propre restaurant, Emily Roux règle ainsi son pas sur le pas de ses aïeux.

Un héritage de grand-père en fille

La cuisine a en effet toujours fait partie de sa vie et suivre cette direction a été d’une logique évidente. “J’ai toujours aimé la nourriture. Mon père m’emmenait aussi toujours dans les cuisines, quand j’avais 10-12 ans et c’est vrai que j’aimais l’ambiance, cet esprit de fratrie et camaraderie. Je suis fille unique et là j’avais plein de gens qui s’occupaient de moi”, raconte la Française née à Londres. La discipline du milieu ne lui a jamais fait peur. A 14 ans, elle sait donc qu’elle veut faire ce métier elle aussi. Mais ses parents la poussent à passer son bac qu’elle décroche sans problème. “Mon père a été très encourageant, ma mère également mais elle m’a mise en garde sur les difficultés de la profession. Elle m’a dit que je devrais m’accrocher, que ce métier ne serait pas fait pour moi si je n’étais pas prête à des sacrifices”. En somme, finies les soirées avec les copains, finis les week-ends… Bref finie la vie normale. Mais Emily Roux n’en a cure. Elle est décidé.
Elle part donc en école d’hôtellerie. Mais pas question de la faire en Angleterre où son patronyme aurait pu vite devenir un fardeau pour elle, l’ombre de son père et son grand-père planant un peu partout ici. Emily Roux rejoint alors la France, où “Roux est un nom de famille un peu plus commun”, rit-elle. Elle se forme à l’institut Bocuse à Lyon. “Cela a été une révélation, je me suis éclatée, j’adorais toutes les classes. Avec mes collègues, on était animés par la même passion, on parlait de cuisine tous les jours”. Pour la jeune femme, de toute façon, “on ne fait pas ce métier si ce n’est pas par passion”.
Elle se sent comme un poisson de l’eau et vit une année enrichissante tant sur le plan professionnel que personnel. Elle décroche son premier stage à la table du Lancaster. “Cela a été dur, très dur même, mais j’ai été mise face à la réalité”. C’est là que le doute s’installe, mais très vite, elle le balaie d’un revers de la main. Lors de son dernier stage, au Louis XV à Monaco, elle trouvera une belle équipe mais aussi l’amour, son futur mari, Diego Ferrari.
Maintenant, le couple n’a qu’une volonté : réussir à faire vivre leur projet. “On va travailler aussi dur et du mieux que l’on peut pour satisfaire nos clients. En plus, on a la chance d’avoir une super équipe, six en cuisine, six en salle”, lance le couple, avant qu’Emily Roux n’ajoute : “Le but est de recréer cet esprit de camaraderie que j’ai toujours connu”.