“Alors que les longues routes sont en plein essor, la Manche est une préoccupation majeure pour la compagnie “, a déclaré Christophe Mathieu, président du directoire de Brittany Ferries, lors de la publication du rapport d’activité de l’entreprise française jeudi 3 novembre. Un rapport qui montre que, depuis 2019, les liaisons entre la France et le Royaume-Uni ont connu une forte baisse.“Les volumes de passagers sont en baisse de 35 % sur la Manche, et plafonnent à 1,22 million”, a poursuivi le PDG. Entre 2019 et 2022, le nombre d’usagers est ainsi passé de 1,885,566 à 1,226,262, 2021 étant la pire année avec seulement 243,092 passagers ayant emprunté une ligne entre la France et le Royaume-Uni.
La liaison Cherbourg-Portsmouth est celle qui a subi la plus forte érosion : -58% en trois ans, passant de 136,938 voyageurs en 2019 à 57,294 en 2022. Le Havre-Portsmouth, elle, a été suspendue depuis deux ans, mais déjà en 2020, elle avait perdu 80% de son trafic, passant de 134,803 usagers en 2019 à 24,278 l’année suivante.
A contrario, le rapport d’activité montre que la liaison entre la France et l’Irlande est, elle, en forte augmentation, puisqu’elle a presque doublé en trois ans.
Selon le patron, la baisse sur les lignes entre la France et Royaume-Uni s’expliquerait par “la réouverture des frontières françaises à la mi-janvier 2022 qui a fortement impacté les projets de vacances des Britanniques d’une part, et d’autre part, les passeports rendus obligatoires pour les passagers français se rendant au Royaume-Uni”.
Christophe Mathieu estime que “pour aider à la reprise, redynamiser le marché et stimuler la demande pour l’année 2023, une action concertée des acteurs touristiques en France et au Royaume-Uni est indispensable”.
Coté frêt, le volume vers le Royaume-Uni “peine à retrouver les niveaux de 2019, année de référence avant Covid, affichant une baisse de -27 % sur les liaisons entre la France et la Grande-Bretagne”, explique le patron de Brittany Ferries. Il se dit préoccupé, “dans cette première année post-Covid (…) par (cette) baisse de la demande”. La compagnie maritime explique, cependant, vouloir, “dans le contexte du Brexit et des facteurs conjoncturels qui y sont liés”, maintenir une alternative viable aux lignes courtes opérées sur le détroit pour les opérateurs fret.
Mais bonne nouvelle tout de même pour la compagnie française, puisque “dans le même temps, le Brexit a créé des opportunités de développement de routes maritimes directes vers l’Irlande, évitant le transit de fret par le Royaume-Uni. Sur les lignes France-Irlande, les volumes ont été multipliés par six avec 9,587 unités transportées”, se réjouit Christophe Mathieu.
Crédit photo : Mystic Stock Photography / Shutterstock.com