Reconfinement oblige, les écoles sont fermées actuellement pour une majorité d’élèves en Angleterre. Les cours se font donc essentiellement à distance, dans la logique du “homeschooling” (“l’école à la maison”), obligeant de nombreux parents expatriés (et notamment de nombreuses mamans) à accompagner leurs enfants dans le suivi de leurs leçons en ligne. Pas toujours évident, surtout lorsqu’on doit travailler à côté.
La démarche, en elle-même, requiert un peu d’organisation. Comme l’explique Nawel (*) qui s’occupe de ses trois garçons de 11, 9 et 3 ans (la “nursery’” de son petit est restée fermée), essayant de “les dispatcher dans des pièces différentes pour pas qu’ils se dérangent” et de veiller à ce qu’ils “soient à l’heure, copient leurs leçons, rendent leur travail…”. Laetitia de Freslon dispose d’un emploi du temps flexible mais parle malgré tout, de “charge mentale accrue”. “Cela peut être lourd de s’occuper à la fois de l’école à la maison de ma grande et de ma très active cadette, tout en gérant repas, courses, ménage et puis il y a aussi une certaine frustration à se mettre entre parenthèses professionnellement”. Sophrologue, la jeune femme doit quelque peu suspendre son activité en ce moment afin de se consacrer à ses enfants, son mari, chercheur en université, étant très occupé.
Car les choses se compliquent évidemment lorsque s’ajoute au “homeschooling” l’activité professionnelle des parents, lorsqu’ils ne sont pas en chômage partiel… Il faut alors souvent jongler avec le télétravail. La situation n’est ainsi pas simple pour Clémence de Crécy et son conjoint Paul Crosbie. Travaillant dans les relations presse, la Française doit gérer une agence de dix employés à distance, tout en s’occupant de ses trois garçons de 11, 9 et 6 ans. Pas évident pour ce couple qui juge la situation “très difficile à gérer” et parle d’un manque d’appui des écoles avec “très peu de suivi de la part des professeurs.”
“Je n’ai jamais de temps pour rien, c’est très frustrant.” La situation de Laurence (*), maman d’un petit garçon de 5 ans, est aussi particulièrement compliquée. Car sans autre parent à côté, la Française doit assumer, seule, à la fois son emploi en traduction et ‘consulting‘ – elle est à son compte : “si je ne travaille pas, on ne mange pas” – et la gestion du ‘homeschooling’ de son fils. “Pendant que je bosse, je dois surveiller mon garçon qui est sur Zoom et l’aider à faire les activités qu’on lui demande, changer de cours (et donc de connexions)… Après, il faut faire les devoirs et la lecture.” Un rythme épuisant pour cette maman qui explique avoir donc logiquement du mal à se concentrer pour travailler et se voit donc contrainte de “rattraper” le soir et le week-end.
Samantha Lopes doit quant à elle s’occuper de ses filles, de 8 et 6 ans et d’un bébé de 7 mois. La jeune femme est en congé maternité. “Mon mari, qui gère l’entretien de bâtiments, n’est pas à la maison en tant que ‘critical worker’”. Si les enfants de ces ‘travailleurs essentiels’ peuvent généralement continuer d’aller en cours, Samantha Lopes est à la maison, donc l’école de ses enfants a préféré ne pas les accueillir. Ce qui n’est pas évident lorsqu’on cherche, en même temps, à lancer son entreprise. “Je travaille dans le management hôtelier et crains aussi de perdre mon emploi à cause de la pandémie”, explique-t-elle. La jeune femme a donc décidé de développer son projet d’école de langues étrangères pour enfants et essaie de tout gérer en même temps.
“J’accompagne les deux plus grandes dans le ‘homeschooling’ de 9 à 15h, tout en m’occupant du bébé (jeux, préparation pour la sieste, allaitement). S’ajoutent aussi les activités extrascolaires des filles également en ligne…”. Dans ces conditions, Samantha Lopes ne peut alors souvent travailler que le soir, se livrant à la création de ses cours (elle organise aussi des ateliers sur Internet le samedi et le mercredi), au partage sur les réseaux sociaux, à de la formation… Les choses ne sont donc pas simples et elle se dit assez stressée – “je pense que cette situation est difficile pour toutes les familles à différents niveaux” – mais estime néanmoins, bien sûr, comme de nombreux parents, ces mesures nécessaires. “Les choses sont toutefois un peu mieux organisées qu’au premier confinement et l’on est mieux informés aussi’, juge Laetitia de Freslon.
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(*) La personne n’a pas précisé son nom de famille.