Une opportunité qui ne se présente qu’une seule fois… oui, mais à quel prix ? Inflation, prix des visas, attente du passeport, assurances, partenariats universitaires, la nouvelle génération d’étudiants français au Royaume-Uni subit le Brexit de plein fouet.
“Je me suis sentie seule dans mes démarches. Mon université française m’a fait comprendre que c’était mon problème si je n’étais pas capable de me renseigner correctement sur les visas”. Coline, étudiante en IEP (Institut d’Etudes Politiques) a passé trois mois de combats administratifs avant d’être assurée de partir à l’université de Birmingham.
Visas visiteurs, sentiment de solitude face à une administration lente, insécurité, nombreux sont les étudiants à témoigner leur hésitation à partir vivre en Irlande à défaut d’étudier au Royaume-Uni. Il faut compter £385 pour un visa étudiant et une autorisation de résidence.
Pauline, étudiante en marketing à l’EDHEC (école de commerce) en échange à Londres, confie être entrée sur le territoire britannique grâce à un visa visiteur. “C’était stressant, j’ai pris l’avion sans nouvelle de mon visa étudiant“. Le service de l’immigration est impossible à contacter, à moins de payer pour un simple e-mail. “Au dernier moment, on m’a prévenue que si j’étais encore en France, il fallait mieux y rester”.
La question prioritaire reste celle de l’alimentation. Subissant non seulement la crise du Brexit mais aussi les conséquences de l’inflation, les étudiants français recherchent les prix les plus bas à défaut de la qualité. “Il est moins cher d’aller au Mac Do tous les jours que d’aller acheter des légumes chez Tesco”, compare Victoire, étudiante en sciences politiques à l’université de Strasbourg en échange à Brunel University of London.
Assurances rapatriement, inscriptions au NHS, couverture internationale, c’est un budget à ne pas négliger. Pour seulement trois mois, il faut compter environ 200€ de frais d’assurance. Océane paie par exemple £500 par an pour le NHS. “Mon cursus dure quatre ans, je n’ai que deux ans à Londres. Il me faut tout de même payer pour quatre”. Avant le Brexit, la question ne se posait pas : la carte assurance européenne suffisait amplement.
Côté positif, il est tout de même très facile de trouver un job étudiant. Cela est même encouragé. Travailler jusqu’à 20 heures par semaine permet aux étudiants de trouver des contrats flexibles en fonction de leurs cours. Encore faut il avoir un visa. Les étudiants français qui ne restent que quelques mois ne peuvent pas travailler. “Je réussis à faire du babysitting, les parents me payent au black, on s’arrange comme on peut ! “, Eva, étudiante à l’INSEEC International, sur le campus délocalisé de Londres.
Les perspectives d’emploi et équivalences de diplôme sont minces. “Queens Mary le fait aussi avec la Sorbonne, mais c’est tout”, confie Océane, étudiante à King’s College. Les étudiants restent généralement quelques mois dans le cadre d’un échange mais se projettent peu au Royaume-Uni. L’inexistence du visa stagiaire y est sûrement pour quelque chose… Alors que Léonie se voit travailler près de Nottingham après son master de journalisme, elle reconnait qu’il aurait été difficile de le faire sans un master britannique accrédité par l’organisme des journalistes, à environ £15,850.
Le Royaume-Uni continuera à faire rêver de nombreux étudiants européens mais il est clair que les partenariats entre université déclinent. “Nottingham, Belfast, Aberdeen, Leeds, refusent de travailler avec mon IEP désormais”, révèle Victoire.
Le Brexit change la donne pour ces jeunes Français qui veulent étudier au pays des Beatles. “Cela nous empêche d’avoir un expérience professionnelle future dans le pays”, exprime Pauline. Fuite des cerveaux ou non, étudier au Royaume-Uni est un beau défi à relever. Le nouveau programme Turing (qui remplace Erasmus) permettra peut-être aux futurs étudiants français de voyager au Royaume -Uni dans les mois à venir… plus aisément!