(Mise à jour jeudi 21 janvier)
Est-ce bientôt la fin d’Eurostar ? La compagnie ferroviaire franco-britannique, qui a fêté ses 25 ans d’existence en novembre 2019, serait au bord de la faillite. Au micro de la matinale de France Inter du mardi 19 janvier, le président du groupe de la SNCF (qui détient 55% du capital d’Eurostar), semblait très inquiet. “La situation est très critique”, a reconnu Jean-Pierre Farandou.
L’entreprise ferroviaire a en effet perdu 82% de son chiffre d’affaires l’an dernier, par rapport aux 1,1 milliard d’euros de 2019. La faute, évidemment, à la crise sanitaire avec la mise en place de mesures gouvernementales non coordonnées. Eurostar desservant Londres, Paris, Bruxelles et Amsterdam, la compagnie a dû depuis presqu’un an jongler entre les directives, souvent divergentes, de l’Angleterre, la France, la Belgique et les Pays-Bas. Les dernières décisions sur les obligations de présenter un test PCR négatif ou encore sur la mise en place de quarantaine (10 jours pour le Royaume-Uni, 7 jours pour la France) ont aussi eu un impact sur les services Eurostar, qui a enregistré depuis mars 2020 une baisse de 95% du nombre de ses passagers. “C’est très compliqué. Aujourd’hui on n’a qu’un aller-retour qui circule entre Londres et Paris, un autre qui fait Londres-Bruxelles-Amsterdam, et ces allers-retours là sont remplis à 10% donc effectivement la situation est très très compliquée”, a ainsi expliqué le Français.
.@JPFarandou, président du
@GroupeSNCF : “La situation est très critique sur #Eurostar” #le79Inter pic.twitter.com/DVdGA2uo7T— France Inter (@franceinter) January 19, 2021
A la question de savoir quoi faire “pour éviter une faillite” et la nécessité éventuelle d’“une recapitalisation”, Jean-Pierre Farandou, a répondu que de l’argent avait déjà été “remis dans le capital d’Eurostar pour les aider à passer cette mauvaise passe”. “Là, on discute avec les gouvernements français et anglais puisque ce sont les deux gouvernements concernés, et on espère qu’à travers ces discussions, on aura un système qui nous permettra d’aider cette société (…) comme les compagnies aériennes ont été aidées. Il ne serait pas anormal qu’Eurostar bénéficie d’aides pour l’aider à traverser jusqu’au bout cette mauvaise passe”.
La veille de l’intervention radiophonique du patron du groupe SNCF, le PDG d’Eurostar avait lui aussi tiré la sonnette d’alarme. “On est à 5% du chiffre d’affaires depuis le 1er avril, pour dire les choses très simplement“, avait alors détaillé Jacques Damas. Dans une interview accordée à l’AFP, lui aussi semblait préoccupé par l’avenir de la compagnie qu’il dirige depuis quelques mois. Une cessation de paiement, “quand on aura brûlé tout notre cash“, est possible “quelque part dans le deuxième trimestre, plutôt dans la deuxième moitié du deuxième trimestre“, a estimé le président directeur général. “Mais si jamais la crise était encore plus dure, ça pourrait même arriver un peu plus tôt.” Le Français avait déjà alerté sur la situation fin novembre dernier par le biais d’une lettre adressée au ministre des Finances, Rishi Sunak.
London First, un groupe de chefs d’entreprise londoniens, s’est joint également à la mobilisation pour sauver Eurostar. Là aussi, dans une lettre adressée au gouvernement britannique, ils ont appelé il y a quelques jours à “une action rapide”, comme un accès aux prêts gouvernementaux et à l’allégement de charges. “La sauvegarde de l’avenir de cette connexion avec le continent (européen) devrait être un symbole à la fois de notre désir de mieux se reconstruire et mais aussi de construire notre nouvelle relation de coopération avec nos voisins européens”, était-il écrit dans ce courrier, envoyé à la fois aux ministres des Transports et des Finances. La Railway Industry Association, a aussi souhaité apporté son soutien à ce collectif d’entreprises. “Eurostar représente des milliers d’emplois et d’investissements”, a expliqué le directeur général de l’organisation, Darren Caplan, estimant qu’il était urgent de tout faire “pour lui permettre de continuer à fournir des services et de soutenir l’économie britannique dans son ensemble, pas seulement pendant ces mois difficiles mais aussi pour la future reprise”.
L’Etat britannique a de son côté rétorqué qu’il était en contact régulier avec Eurostar depuis le début de la crise et continuerait à travailler en étroite collaboration. Le secrétaire d’Etat français aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a lui annoncé, jeudi 21 janvier lors d’une commission parlementaire du Développement durable, que la France était prête à aider Eurostar. Selon les informations de Reuters, le gouvernement aurait déjà pris contact avec les autorités britanniques à ce sujet.