C’est une mesure qui va concerner les couples binationaux voyageant en Eurostar, si les conjoints britanniques n’ont pas (encore) acquis la nationalité française. En effet, la compagnie ferroviaire vient d’annoncer qu’elle va imposer, à partir d’octobre, de nouveaux contrôles avant l’embarquement dans ses trains à St Pancras pour les usagers ne possédant pas de passeport européen.
Les personnes devront se présenter au moins deux heures avant le départ pour que les agents aux frontières puissent prendre leurs empreintes digitales et leur photo. Cela sera possible grâce à l’installation de 49 kiosques électroniques spéciaux, qui auront coûté plus de 10 millions de livres sterling à Eurostar, selon les informations du journal britannique The Times. Ces e-kiosques seront disposés près de l’entrée principale de St Pancras et les usagers handicapés ou en voyage d’affaires pourront accéder à un espace dédié à proximité des bornes d’enregistrement. Les informations collectées seront enregistrées et conservées pour trois ans. Avant d’être à nouveau actualisées via le même système de contrôle.
Ce nouveau système d’entrée et de sortie dans l’espace européen, conséquence du Brexit, devait être mis en place en mai 2023, mais avait dû être reporté à cause de problèmes informatiques. Il entrera en vigueur le dimanche 6 octobre prochain, selon les informations données par Eurostar. Cela va certainement causer de nombreux retards. En janvier dernier, les responsables de HS1, ligne ferroviaire qui relie St Pancras au tunnel sous la Manche, exprimait déjà, devant un comité parlementaire, son inquiétude quant à la capacité de la gare internationale londonienne à s’adapter à ce changement, prédisant même des “retards de passagers inacceptables”. “Là où il y a de l’espace, la mise en place de bornes absorbera une partie de cette pression, mais nous pensons qu’il sera presque impossible de déployer ces bornes avec succès dans des espaces confinés et historiques tels que St Pancras International sans avoir un impact sur le débit et la satisfaction des passagers”.
Eurostar aussi s’était dit préoccupé, expliquant aux parlementaires que ces bornes créeraient de nouvelles files d’attente – “deux à trois minutes” de plus de contrôle par passager, contre 45 secondes aujourd’hui – et une gestion des flux plus complexe, poussant la compagnie ferroviaire à prévenir qu’elle plafonnerait peut-être le nombre de passagers, alors même qu’elle a retrouvé des derniers mois, après avoir évité la faillite à cause de la pandémie, un bon niveau de fréquentation. En janvier, la patronne, Gwendoline Cazenave, se félicitait des près de 19 millions de passagers transportés en 2023 et se donnait un objectif de 30 millions en 2030.