Ses étendues vertes, ses somptueux bords de mer, de lacs, ses pubs, la gentillesse de ses habitants… La République d’Irlande attire aussi beaucoup de Français qui décident, chaque année, de s’y installer. Parmi eux, un certain nombre d’anciens expatriés ayant vécu au Royaume-Uni, que le Brexit a en partie découragés. Les “plus” de l’île d’Emeraude aux yeux de ces voyageurs ? Le maintien, entre autres, d’une culture anglo-saxonne, pour beaucoup. Ainsi que la possibilité, évidemment très appréciée, de rester dans l’Union européenne.
” Il y a bien sûr pas mal de ressemblances entre la République d’Irlande et le Royaume-Uni, commente Anaëlle Berlier, basée à Cork, au sud de l’île. L’anglais, naturellement. Mais aussi la culture du pub. Ainsi que la possibilité, peut-être, de trouver assez rapidement un emploi et d’évoluer facilement en entreprise.” Une proximité culturelle qu’a plutôt appréciée Antoine Colin, qui avait effectué un stage au Pays de Galles et qui vit maintenant, lui aussi, dans les environs de Cork. “Je suis parti pour cette destination pensant que ma précédente expérience me permettrait de m’adapter facilement à la culture irlandaise, finalement assez proche de celle des Britanniques.”
Mais le choix du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne en 2016 a pas mal pesé dans la décision des uns de préférer l’Irlande à l’Angleterre. Rentrée en France après un stage à Londres, Sophie Peifer envisageait d’y retourner en 2017, après ses études, mais a eu peur du Brexit. “A l’époque, nous ne savions pas quand est-ce que cela serait effectif. Combien de temps allais-je être en mesure de rester ? Trouverai-je un emploi facilement ? C’était un trop gros risque à prendre.” La Française mise alors sur l’Irlande, anglophone aussi et toujours européenne. Elle travaille aujourd’hui dans une entreprise informatique à Dublin.
De son côté, Amélie Heckmann venait de passer deux ans à Norwich, en Angleterre, dans la recherche agronomique. Elle a préféré décliner un projet en Ecosse pour une thèse en Irlande. “Au Royaume-Uni, beaucoup d’équipes dépendaient de financements européens. C’est pour l’après-thèse que je m’inquiétais.”
Caroline O’Farrell s’est elle vu refuser son “settled status” (s’étant arrêtée de travailler pour élever ses enfants, la Française a eu du mal à prouver ses cinq ans en continu sur le territoire britannique). Cette ancienne habitante de Plymouth a par ailleurs été sensible à la dégradation du climat social en Grande-Bretagne. “Après le référendum, le racisme au quotidien a explosé. Même mes enfants nés en Angleterre ont dû faire face à des commentaires de la part de leurs camarades à l’école.” La famille a donc décidé de rejoindre l’île d’Emeraude dont sont originaires les beaux-parents de Caroline.
Ces Français expatriés louent tous la beauté des paysages ainsi que l’accueil et la gentillesse des Irlandais… Mais tout n’est bien sûr pas parfait. Notamment à Dublin, qu’Amélie Heckmann trouve particulièrement chère en matière d’immobilier (le loyer moyen d’un appartement à une chambre tourne autour de 1600 euros mensuels). Quant à Sophie Peifer, elle ne peut s’empêcher de regretter quelque peu la capitale britannique, Londres, jugée malgré tout “plus grande et dynamique” que son homologue irlandaise.
Tous ne prévoient donc pas nécessairement de rester. Si Anaëlle Berlier semble avoir définitivement trouvé son équilibre – “j’étais déjà venue plusieurs fois en Irlande avant le Royaume-Uni, notamment en vacances, à 15 ans, avec ma mère, et nous parlions déjà d’y déménager” –, Amélie Heckmann et son mari (britannique) souhaitent explorer l’Europe continentale estimant qu’il y aurait “plus d’opportunités”. “Je me sens profondément Européenne”, sourit la Française. Une conviction qui ne serait de toute façon pas incompatible avec une réinstallation, un jour, sur l’île d’Emeraude, si le cœur lui en disait…