Utilisé dès l’enfance comme indicateur par excellence pour situer un individu par rapport à une norme, le quotient intellectuel (plus généralement dénommé QI) n’est pourtant pas le seul indice valide. Donatienne Nasser, co-créatrice du Fabulogram, est en effet convaincue que le développement du quotient émotionnel des enfants peut être source de réussite et d’épanouissement. Lancé en octobre 2019, son site internet propose en effet une série de carnets imprimables destinés à aider les 8-14 ans dans l’apprentissage de certaines compétences comme l’affirmation de soi, la gestion des émotions ou encore la persévérance.
Au commencement du “fabuleux télégramme” ou Fabulogram, il y a la croyance que les capacités de l’enfant – tant intellectuelles qu’émotionnelles – sont des variables qui appellent à être développées. A cette fin, Donatienne Nasser et sa sœur Laure Aglaé ont imaginé une panoplie de feuillets ayant pour but de “faire comprendre à l’enfant qu’il peut atteindre des objectifs incroyables dans sa vie de tous les jours”.
Concrètement, des carnets thématiques d’une quinzaine de pages permettent à l’enfant de diagnostiquer une situation de faiblesse et de la surpasser pas à pas. Dans la brochure “On me marche sur les pieds et ça va bientôt changer”, il est par exemple recommandé à ceux ne sachant pas dire “non” de s’affirmer progressivement en utilisant des formules du type “pas maintenant”. S’en suit un défi à réaliser auprès de ses parents ou de ses amis et dont les succès et les échecs peuvent être reportés dans le livret. “L’idée est de faire comprendre à l’enfant qu’il est son meilleur allié”, explique Donatienne Nasser. En outre, un programme plus global de six semaines, intitulé “Le pouvoir est en toi”, a été développé pour les plus de 10 ans.
Ayant déjà écoulé une centaine de carnets depuis le lancement du site, Donatienne Nasser se dit convaincue que “le quotient émotionnel est la clé pour réussir dans la vie, notamment dans un poste de manager”. “Dans un monde où l’intelligence artificielle fait des progrès considérables, seule l’intelligence émotionnelle fera la différence entre un robot et un humain”, ajoute-t-elle.
Toutes deux mamans, c’est en voyant leurs petits absorbés dans des magazines de leur âge que Donatienne Nasser et sa sœur Laure Aglaé ont eu le déclic à l’origine du “Fabulogram”. “On a voulu utiliser ce côté ludique pour faire passer des messages forts”, précise la première. Après un an de développement et des formations en coaching et en psychologie positive, les deux femmes s’adonnent aujourd’hui au développement de nouveaux contenus pour alimenter leur plateforme. Pour ce faire, Donatienne Nasser a notamment mis à profit ses propres enfants. “Ils ont été sans filtre avec moi en me disant ce qui leur plaisait ou pas”, confie celle qui s’est entre autres choses chargée des dessins de l’interface.
Ayant recherché pour leurs familles respectives des modules de développement personnel destinés aux enfants et pré-adolescents, les deux sœurs se sont aperçues que l’offre était quasi-inexistante. Cibler cette tranche d’âge leur paraissait de fait une évidence. “A partir de huit ans, on considère qu’on peut s’adresser directement aux enfants”, argumente la Française qui prépare actuellement un livret sur le stress infantile.
De leur côté, les parents ne sont toutefois pas en reste puisqu’une fiche récapitulative leur est dédiée dans chaque module pour leur permettre d’accompagner leurs enfants. Il y est ainsi présenté des pistes visant à adopter un comportemt propice comme la valorisation de l’effort et non résultat. Pour les plus débordés, un suivi à distance peut également être orchestré par les deux sœurs au travers de visioconférences hebdomadaires d’une quinzaine de minutes.
Ayant grandi dans un petit village non loin de Nice, Donatienne Nasser a rapidement souhaité prendre son envol. Après avoir décroché un baccalauréat économique et social en 1996, elle a entamé une double licence en droit entre l’université King’s College de Londres et celle de la Sorbonne à Paris. C’est ensuite en réalisant un master en affaires internationales à l’université new yorkaise de Columbia que la Française s’est spécialisée dans le marketing. Revenue vivre dans la capitale anglaise, elle y décroche son premier poste chez Avent, une marque – du groupe Phillips – dédiée aux accessoires pour bébés. Après y avoir passé six années, la responsable du design se rappelle avoir “doublé les ventes de tétines en changeant simplement leurs illustrations”.
En 2008, Donatienne Nasser suit son compagnon et s’installe à Bruxelles où elle a donné naissance à ses deux enfants. Puis, le besoin de reprendre une vie professionnelle et une énergie dont manquait la capitale belge ont ramené la famille à Londres en 2015. “Je voulais m’y installer parce qu’il y a énormément d’opportunités, notamment dans entrepreneuriat“, confie celle qui s’est alors lancée dans le conseil auprès de start-ups. En parallèle de cette activité, elle a réalisé de nombreuses formations à distance sur des thématiques touchant spécifiquement au développement de l’enfant.
Pendant près de deux ans, Donatienne Nasser a ainsi suivi un cours de l’université de Berkeley sur la science du bonheur, un autre sur la réussite avant d’enchaîner avec un module complet dédié à la psychologie positive. “J’étais vraiment passionnée”, décrit-elle. A présent, elle envisage d’étendre le Fabulogram aux adolescents “mais ça supposera sans doute de réinventer le format”, conclut-elle.