A la rentrée prochaine, une classe de CM2 supplémentaire ouvrira au Collège Français Bilingue de Londres. Et c’est une très bonne nouvelle pour le directeur David Gassian, même si, ajoute-t-il, elle n’est pas inédite. “On avait déjà fait preuve de cette capacité à s’adapter en 2018-2019 quand le CFBL avait créé une classe de CM1-CM2 puis de CM2”. Avant de disparaître pour des raisons de saturation d’espace, rappelle le directeur de l’établissement du nord de Londres. S’adapter signifie donc aussi bien ouvrir que fermer des classes quand il le faut.
Mais ces derniers mois, l’établissement a fait face à une demande croissante pour la réouverture d’une classe de fin de primaire. Un phénomène qui peut s’expliquer de plusieurs manières selon le directeur. “Il y a la volonté de certains parents de réintégrer leur enfant dans une école française à un moment particulier. Au CFBL, cela arrive souvent en début de 6ème, mais là on a observé une demande particulière sur le CM2”, avance David Gassian, “puis il y aussi le fait que notre établissement est une école d’excellence et attractive”.
D’abord sur les classes de maternelle, où la liste d’attente s’est allongée ces dernières années. Deux classes de moyenne section ont ainsi été créées il y a quatre ans et une en petite section l’an dernier. Le CFBL, au moment de sa création en 2011, ne comptait que des classes de grande section. L’établissement se félicite de cette adaptation permanente, rendue possible car à la gestion de son espace contraint. “On ne recule devant aucun défi, surtout quand il apporte une vraie plus value à notre établissement”. Pour la création de la classe de petite section, l’espace a été récupéré grâce à l’aménagement de l’ancienne bibliothèque. L’équipe administrative a ainsi dû être relocalisée quelques mois pour permettre les travaux et a pu se réinstaller dans un nouveau local. Mieux, une demande auprès de la municipalité a également été formulée pour construire un autre bâtiment au sein même du CFBL et dédié à l’accueil de l’équipe.
Outre la maternelle, c’est donc les demandes d’inscription en fin de primaire qui se sont accrues. L’ouverture de cette nouvelle classe de CM2, qui pourra accueillir jusqu’à 30 élèves, est par aussi une bonne nouvelle car cela renforcera le nombre d’élèves accueillis en 6e l’année suivante. Car c’est là que les choses pèchent un peu pour l’établissement. “On accueille en général entre 20 et 25 élèves en 6e chaque année, mais en ce moment on en a un peu moins”. C’est donc en travaillant sur la partie maternelle et primaire que le CFBL, qui compte 703 élèves âgés de 3 à 16 ans, espère capter de nouveaux élèves sur toute leur scolarité. “Cette année, on a fait une rentrée record avec 717 élèves, ce qui est indicateur de notre bonne santé”, lance David Gassian avant d’ajouter que la“capacité maximale actuelle est de 740”.
Avoir plus d’élèves, c’est permettre ainsi de maintenir un budget de fonctionnement pour l’établissement, qui est sous statut de charity. Toutes les recettes sont réinvesties dans l’école “pour continuer à innover, recruter du personnel de grande qualité”. Pour le moment, une dizaine d’enfants sont inscrits dans la nouvelle classe de CM2, il reste donc de la place. “Il y a quelques années, les familles se faisaient à l’idée qu’il était difficile de trouver une place dans un établissement français ou bilingue”. Une habitude qui perdure, mais sur laquelle le CFBL compte remédier, tout en visant un autre public.
En effet, le directeur confie que l’établissement s’est “stratégiquement” posé la question, depuis trois ans, d’accueillir une population qui dépasse la seule communauté franco-française. “La création des classes maternelles a permis au CFBL de devenir un choix éducatif alternatif à l’offre locale pour des familles qui cherchaient à rejoindre un système bilingue”, pense ainsi David Gassian. Dans les classes de petite section, les familles sont d’ailleurs plutôt biculturelles ou tri-culturelles, avec parfois même des familles non francophones. Ce qui les attire c’est donc à la fois la réputation de l’école, les frais d’inscription concurrentiels, l’offre éducative (avec un programme défini dès la petite enfance) et la proximité avec leur domicile. L’établissement accueille dorénavant 63 nationalités contre 35 il y a encore quelques années. “Accueillir un public non francophone, c’est la raison d’être d’un établissement français à l’étranger, afin de contribuer au rayonnement de la langue et de la culture françaises”.
D’ailleurs, le CFBL collabore avec certaines entités pour permettre ce rayonnement. D’abord avec l’Institut français qui délocalise une partie de ses cours hebdomadaires en soirée pour les adultes au sein de l’établissement. Puis avec le dispositif Parapluie FLAM. “On espère, dès l’année prochaine, rendre possible d’implantation d’une école FLAM un samedi matin au sein de l’établissement pour les familles qui ont fait le choix du système local mais qui restent intéressées à l’exposition de la langue française”, détaille David Gassian. Ces collaborations donnent alors de la visibilité à l’établissement et permet de capter de nouveaux élèves.“Certaines familles ignorent par ailleurs, selon le profil, qu’elles peuvent demander la prise en charge à 100% des frais de scolarité”, rappelle le directeur.
L’établissement a plusieurs autres projets dans les cartons. Avant de créer la petite section in house l’an dernier, le CFBL souhaitait, en 2021, ouvrir une annexe proche de l’établissement, avant finalement d’abandonner l’idée pour des raisons financières incluant le coût des travaux, le recrutement de personnel important et le contexte économique actuel. Mais la direction pourrait le relancer dans un ou deux ans.
D’autres projets sont par ailleurs déjà bien amorcés, comme celui de la création d’un nouveau bâtiment dans l’école pour le personnel administratif. “On travaille aussi à l’aménagement d’une terrasse pour qu’elle devienne à la fois un espace pédagogique pour les enfants et un espace de détente pour le personnel”. Côté éducatif, l’établissement souhaite augmenter les temps d’enseignement en demi-groupes, en passant d’un tiers à entre 40 et 50%. “Nous avons des salles très grandes que nous pouvons scinder et ainsi créer de nouveaux espaces. Nous sommes en réflexion permanente, les murs ne cessent de bouger et cela nécessite beaucoup d’imagination”. Cela est rendu possible, selon le directeur, grâce au personnel du CFBL “très flexible et attentif à cette notion d’adaptation”.