Des ressources humaines à l’organisation d’ateliers cuisine ludiques et instructifs pour enfants, il n’y aura eu (pres)qu’un pas pour Florence Rebattet. La reconversion professionnelle de cette Française est arrivée un peu par hasard dans sa vie. Depuis, sa petite entreprise, Kids en cuisine, est loin de connaître la crise.
“Aux yeux de certains, j’étais la femme d’un financier et la mère de mon enfant. Et ça s’arrêtait là”. Mais hors de question pour Florence Rebattet d’être une simple femme d’expat’. “Je n’avais plus d’indépendance financière puisqu’en décidant de rester à Londres, j’avais démissionné de mon poste au Luxembourg. Je me suis dit que ce n’était pas possible, pas à 30 ans, pas après un bac+5 dans une école de commerce. J’avais juste envie de dire : je ne suis pas juste une maman capable de changer des couches”.
La Française, originaire de Toulouse, est directe, mais honnête dans son discours. “Je conçois qu’il y ait des femmes qui s’éclatent à être mères au foyer, j’adore les enfants aussi mais j’ai aussi besoin d‘avoir ma vie privée et professionnelle séparées. Cet équilibre est essentiel pour moi”.
C’est vrai qu’en 2011, avant de débarquer à Londres pour y suivre son mari de l’époque avec un bébé dans les bras, Florence Rebattet, âgée alors de 27 ans, occupait un poste de responsable des ressources humaines dans une grande entreprise au Luxembourg. Mais dans la capitale anglaise, après son congé maternité, elle change du tout au tout. “J’ai travaillé pendant un an pour une agence de tuteurs en France, je formais les bacheliers en économie et en français”.
Cette expérience lui ouvre les yeux sur ce qu’elle a vraiment envie de faire : enseigner. “Parallèlement, je commençais à organiser des “playdates” pour mon fils de deux ans. L’hiver à Londres, à 4pm, il fait nuit noire, donc il faut bien occuper les enfants qui sortent de la sieste. J’ai alors invité ses petits copains et leurs mamans à la maison, et j’ai alors proposé de leur faire faire des pizzas, des mousses au chocolat, cuire un oeuf…”. Et ça marche ! Les enfants adorent. “Mon mari m’a alors dit : “il y a quelque chose à faire””, raconte la jeune femme aujourd’hui âgée de 34 ans.
La Toulousaine se lance alors il y a trois ans et demi, – “je n’avais rien à perdre au fond” -, grâce à ses économies. “J’avais du temps, je n’avais pas envie de retourner dans les ressources humaines parce qu’ici cela se résume à du recrutement et du licenciement, il n’y a aucune politique salariale et ma formation française ne me servait donc pas du tout”, avance Florence Rebattet.
Kids en cuisine naît alors. “J’ai clairement accouché d’un deuxième bébé en créant cette entreprise”, plaisante la Française, “parce qu’il m’a fallu neuf mois pour la monter”. Elle aura tout fait toute seule. Recettes, marketing, promotion de sa nouvelle activité… Florence Rebattet fonce tout droit. “Ce qui m’a vraiment beaucoup aidé au début, c’est sans conteste le bouche-à-oreille”. Le concept ? Elle débarque au domicile des parents et propose aux enfants d’apprendre à cuisiner des plats simples, dans une ambiance ludique.
Elle travaille les fruits, les légumes, les aromates et les épices. “Tout le monde m’a dit que j’étais folle car les enfants détestaient ça. Je sais mais je n’avais pas envie de leur faire faire des cupcakes. Mais à moi d’être imaginative, d’arriver à mixer dans les recettes plusieurs saveurs pour les convaincre de manger du fenouil ou du poireau et pas que des patates et des carottes”.
Ses recettes, Florence Rebattet les concocte “en picorant à droite à gauche” dans des livres de cuisine venus de tous les pays, en regardant des émissions culinaires aussi. “Je fais beaucoup d’essais. Ma famille, mes amis et surtout mon fils sont mes cobayes”, lâche-t-elle un brin mutine, avant d’ajouter, “je n’ai pas la prétention de dire que je suis chef, car je n’ai pas de formation dans le domaine, mais j’ai juste une passion pour la nourriture. Je n’ai jamais voulu cuisiner pour les adultes, ça ne m’intéresse aucunement. Ce que j’aime, c’est enseigner quelque chose aux enfants, car ils sont toujours honnêtes, ils ne mentent pas sur ce qu’ils aiment ou pas”.
Florence Rebattet le répète : “Je ne propose pas un atelier des chefs. Je veux seulement que les enfants apprennent en s’amusant”. Parfois, avoue-t-elle, elle doit improviser. “Je peux découvrir qu’un des enfants est allergique à un aliment ou ne mangent pas certaines choses et je n’ai pas été prévenue avant. Je m’adapte sans problème”.
Au départ, il y a trois ans et demi, ce n’était que des cours privés, et devant le succès de Kids en cuisine, la Française a pu développer d’autres activités : les fêtes d’anniversaire où les enfants sont aux fourneaux, et un atelier mensuel (souvent complets) chez “Whole Foods Market” du côté de Kensington et Fulham. “Planet Organic Muswell Hill m’a aussi démarché et cela fait un an maintenant que je fais la même chose avec cette enseigne”.
Parallèlement, Florence Rebattet collabore aussi avec des établissements scolaires, d’abord avec la crèche de son fils, puis avec une autre, et maintenant les écoles FLAM. “La détermination, c’est la clé. C’est beaucoup de networking également”. Parmi ses clients, des parents non seulement britanniques mais aussi venus du Moyen-Orient, des Etats-Unis, de Russie, de Colombie, d’Italie, de Pologne.
Aujourd’hui, Florence Rebattet se dit fière de son parcours. “Pendant deux ans, je ne me suis pas dégagée de salaire. Tous les bénéfices que je pouvais faire, je les ai réinvesti dans l’entreprise pour la développer et proposer de nouvelles choses”, confie-t-elle. Elle explique sans détour qu’elle n’a pas à rougir de son succès, elle qui a tout fait toute seule. Son travail pourrait d’ailleurs encore être récompensé dans les prochains jours : Kids en cuisine vient d’être nommé dans la catégorie “meilleure activité” des prochains Little London Awards qui mettent en avant les entreprises et marques enfants.