Imaginez : une grande tablée, une nappe à carreaux, des bons petits plats à déguster, une ambiance feutrée, des chansons des années 80 en fond… Bref, une soirée à la bonne franquette. C’est justement le concept qu’a lancé Laura Jalbert, amoureuse de la gastronomie, élevée et nourrie à la bonne cuisine du sud. La Française de 29 ans propose d’ailleurs son troisième rendez-vous vendredi 28 juin à Well Street Kitchen dans l’est de Londres.
C’est après une rencontre dans un Deli, où elle travaillait, que Laura Jalbert a eu l’idée de créer Franquette. Installée dans la capitale anglaise depuis juillets 2018, elle est employée à Deli Downstairs à Victoria Park, qui vend des produits bio et locaux. Là, elle fait la connaissance d’Oliver Launay, qui lui dit qu’il adore la France et aimerait bien monter un concept autour de la gastronomie hexagonale. “J’ai commencé à y réfléchir sérieusement et m’est venue l’idée de ces repas de famille qu’on aime partager, ces longues heures passées à table dans la bonne humeur autour de bons petits plats. Bref, un moment sans chichi, “à la bonne franquette””, raconte Laura Jalbert.
La petite entreprise est donc en marche. Pour le premier dîner, organisé le 15 mars dernier à Hara, toujours dans l’est de Londres, c’est Oliver Launay qui est derrière les fourneaux. “Dès le départ, on avait envie de proposer des recettes françaises classiques et des plats à base de produits frais, locaux et bio”, précise la jeune femme. Franquette s’approvisionne donc auprès de producteurs britanniques via FarmDrop, plateforme de livraisons. “Pour la viande, on va chez le boucher du coin, parce qu’on sait que les bêtes ont été élevées en plein air”.
Ne servir que du bon et du frais, Laura Jalbert est intransigeante sur ce point. Elle qui a grandit à Nîmes a été à bonne école. “J’ai toujours aimé bien manger, j’adore cuisiner”, assure-t-elle. D’ailleurs, quand elle était encore en France, elle avait décidé de lâcher ses études d’histoire de l’art et de commerce de l’art contemporain pour se lancer dans la gastronomie, après avoir passé 7 ans sur les bancs de l’université.
Une décision intervenue après avoir travaillé le temps d’un été dans une épicerie mobile à Lyon. “J’avais été prise en stage, j’avais vu une annonce dans mon école où je faisais un MBA en management de projets culturels”, confie Laura Jalbert, qui s’occupait alors de la communication et un peu de la vente. “J’ai vraiment adoré l’ambiance”, dit-elle. La Française lâche tout – “mes parents m’ont beaucoup encouragée et soutenue dans mon choix” – et se fait embaucher par la start-up lyonnaise Deligreens, spécialisée dans la livraison de produits locaux (et qui a mis la clef sous la porte en début d’année, ndlr). Là, elle s’occupe à nouveau de la partie marketing, écrit des reportages sur les producteurs de l’application, met en ligne des recettes…
Parallèlement, Laura Jalbert lance son blog Les dents du bonheur devenu depuis qu’elle est arrivée à Londres Jaja Food Studio, où elle partage ses recettes, ses coups de cœur et son travail de photographe culinaire free lance. Franquette est finalement un bon mélange de tout ce savoir-faire acquis au fil des années. Les deux premiers rendez-vous ont bien fonctionné, le dernier ayant été organisé le 10 mai dernier à Well Street Kitchen. Mais dorénavant, elle est seule aux manettes et gère tout de A à Z, de la communication à la cuisine.
Au prochain menu, elle a donc imaginé la carte de la soirée, inspirée de ses terres natales du sud de la France, avec au programme olives, brandade de morue de Nîmes, gardiane de boeuf (remplaçant la traditionnelle viande de taureau), riz de Camargue, gâteau aux amandes et sorbet à la cerise. “Les participants (elle attend une trentaine de personnes, ndlr) pourront également choisir leur vin, bio et naturel, qui provient de la boutique partenaire de Franquette, Provisions”, détaille Laura Jalbert, promettant une bonne ambiance. “Lors du premier ‘supper club’, une jeune femme a été très courageuse, parce qu’elle était venue seule. Mais à la fin de la soirée, elle est repartie avec plein de nouveaux amis”, se félicite la Française, “ces repas se passent vraiment à la bonne franquette, parce qu’on est là pour passer un bon moment et même chanter ensemble”.
Si en plus de ces soupers la jeune femme vient de lancer depuis une dizaine de jours son service de traiteur via le site Feast It où elle propose de venir cuisiner à domicile, elle rêve que Franquette se développe davantage. “Si tout se passe bien, j’aimerais bien organiser des soirées une à deux fois par mois”, confie Laura Jalbert, “mais j’imagine aussi créer un lieu hybride, où il y aurait un studio photos, un espace co-working partagé avec des professionnels et une cuisine fonctionnelle pour faire des supper clubs de temps à autre”.