“Un jour, ma sœur m’a offert un CD de Dee Dee Bridgewater. C’est là que j’ai découvert le jazz”. C’est ainsi que la chanteuse belge Gabrielle Ducomble, installée à Londres depuis 12 ans, raconte sa rencontre avec la musique qui la passionne aujourd’hui. Passée par le concours de la Nouvelle Star en 2003 et ayant travaillé sur la tournée de Lara Fabian quelques années plus tard, elle se lance dans le jazz en arpentant les “jam-sessions” de la ville de Lyon puis celles de Londres. Elle participera vendredi 14 juin au Jazz Diva 2019, une série de concert organisée par John Billet, qui met en avant les chanteuses les plus talentueuses du Royaume-Uni. Le spectacle se déroulera au Pheasantry dans le quartier de Chelsea.
Même si la jazz-woman admet que c’est un bon point à avoir sur son CV, elle avoue que son expérience à la nouvelle Star l’a “un peu dégoûtée du monde de la musique”. “On se fait manipuler dans tous les sens”, raconte Gabrielle Ducomble, “je pense que je n’étais pas prête, j’étais trop naïve. Ça m’a paru très porté sur l’apparence et j’ai trouvé toute l’expérience très ‘fake’.” Après cet essai mitigé, elle décide finalement de terminer sa licence en sciences économiques en Belgique pour sécuriser un diplôme et déménage ensuite à Lyon. Là, elle devient l’assistant manager du groupe Percussion-clavier de Lyon.
Pendant ses premières années de chant, Gabrielle Ducomble, fan de Lara Fabian et Whitney Houston, évoluait plutôt dans un univers pop. Mais lorsqu’elle découvre le jazz, la chanteuse raconte qu’elle trouve dans ce style “quelque chose de beaucoup plus sincère que dans la pop”. Elle commence très vite à développer son répertoire de standards du jazz, sur les conseils des musiciens avertis qu’elle rencontre dans les “jam-sessions” et “open-mic” (soirée ouverte aux amateurs, ndlr) de la ville. Elle s’inspire beaucoup de grandes figures musicales comme Claude Nougaro, Michel Legrand, Melody Gardot, Dianne Reeves mais aussi Hermeto Pascoal et Astor Piazzolla.
Sa rencontre avec la scène c’est aussi une question de timing : alors qu’elle doit partir pour 6 mois de “wwoofing” (le principe est d’être logé, nourri et blanchi dans une ferme contre du travail bénévole, ndlr) en Australie, un ami à elle lui propose de participer à la tournée de Lara Fabian, son idole, en tant que “guide vocal” pendant les répétitions et les essais sons. Elle accepte sans hésiter et va vivre une “expérience géniale, à l’opposé de la Nouvelle Star”. “Je ne devais pas m’occuper de mes tenues ou des interviews”, se rappelle, soulagée, la chanteuse. Cette opportunité enrichissante lui a permis de réaliser qu’elle voulait absolument être sur scène.
Juste avant son départ en Australie, la chanteuse a aussi l’occasion de venir améliorer son anglais à Londres. C’est là qu’elle découvre une ville amoureuse du jazz, comme elle. Elle est charmée et annule son départ pour l’Océanie. De là, tout s’enchaîne très vite, Gabrielle Ducomble se forme au solfège à la Goldsmith University et à la performance vocale en jazz à la Guildhall school. Elle sort ensuite un album. Puis un deuxième en 2011, qui fait un tabac. Ces reprises de chansons françaises avec des arrangements modernes charment le public anglo-saxon au cours de cinq tournées dans tout le Royaume-Uni.
Aujourd’hui, la diva du jazz s’est éloignée des standards et de son formatage de sortie d’école. Elle s’est laissée plus de liberté pour son dernier album, Across the Bridge, sorti en septembre 2018. La chanteuse décrit son style musical actuel comme “du jazz folk. Ce n’est pas du bebop, ce n’est pas du skat, ce n’est pas du jazz traditionnel. C’est quelque chose de plus accessible pour le public”. Elle profitera de son concert au Jazz Diva vendredi 14 juin pour jouer les morceaux de cet album plus personnel, “méditatif et réflectif”.
Pour écrire ses paroles, l’artiste s’inspire beaucoup de ses nombreux voyages. “Par exemple pour la chanson ‘Les terrasses de riz de Jatiluwih’, je me suis inspirée de mon séjour à Bali. C’est un endroit qui m’a apporté tellement de paix, de calme et de pureté que j’ai voulu retranscrire cela dans une chanson”. Elle parle aussi de Californie ou encore du jardin de Claude Monet à Giverny.
Ses projets ? Développer sa carrière en France, là où elle a puisé l’inspiration pour la plupart de ses reprises. Pour ce faire, la chanteuse organisera une sortie officielle de son dernier album à Paris en octobre prochain. Elle jouera le même mois dans son pays natal à l’occasion d’une nouvelle édition de la soirée spéciale Michel Legrand qu’elle a créé il y a 4 ans. Et pour terminer l’année en beauté, elle sera de retour à Londres en novembre pour participer pour la 3ème fois au prestigieux London Jazz Festival. “Il faut du temps à un artiste pour trouver son propre ‘son’, mais je crois que ce que je fais sonne de plus en plus juste”, conclut avec émotion Gabrielle Ducomble. On confirme.