Oui, c’est le spectacle de la maturité. C’est lui-même qui le dit. Et non, il ne prendra pas de gants pour parler de sujets pourtant très sérieux. Car Gad Elmaleh ne redoute plus le regard, les critiques ou le jugement des autres. Bien sûr avoir 51 ans lui donne cette nouvelle liberté. Mais c’est aussi, parce que l’humoriste avait envie de se raconter plus intimement. “Je ne parle pas de choses nouvelles, mais j’en parle autrement”, résume-t-il.
Son spectacle, baptisé “D’ailleurs” et présenté lundi 19 septembre prochain à l’Eventim Apollo, est “autobiographique”. Gad Elmaleh y aborde des thèmes comme la paternité (lui qui est papa de deux enfants dont le dernier est né de son union avec la princesse Charlotte Casiraghi, fille de Caroline de Monaco et petite-fille de Grace Kelly), son entrée justement dans une famille princière, la religion, ses débuts et ses premiers spectacles donnés à sa grand-mère, la mort, la maladie, son expérience aux Etats-Unis… La vérité et rien que la vérité : c’est un Gad Elmaleh sans fard que le public pourra ainsi découvrir. “Je suis arrivé à un stade de ma vie où je ne redoute plus les réactions. Avant j’arrondissais un peu les angles, je me cachais derrière des personnages”, confie l’humoriste, “mais là, j’ai voulu faire un spectacle plus intime, tout dire sans se cacher. C’est la maturité et je l’assume”.
Mais ce n’est pas parce qu’il va parler de sujets sérieux, qu’il va le faire sur un ton sérieux. Car Gad Elmaleh reste un humoriste hors pair, heureux de retrouver le public de Londres. Là même où a commencé l’écriture de “D’ailleurs”. C’est en effet dans la capitale anglaise qu’il l’avait rôdé en mars 2020, à une époque, se souvient-il, compliquée, juste avant la mise en place du premier confinement. “Je m’étais installé à Leicester Square Theatre pour quelques soirs. C’était vraiment comme une petite résidence, je ne m’étais pas trop mis la pression”. Il lui était alors évident pour lui d’inclure Londres dans sa tournée, qui s’est jouée à guichets fermés dans toute la France. “C’est comme si je venais boucler la boucle”, rit-il.
Londres est une ville que Gad Elmaleh affectionne tout particulièrement. Malgré la proximité géographique avec la France, il éprouve à chaque fois qu’il y vient un sentiment de “dépaysement”. “Cette ville a une énergie différente”, commente-t-il, “c’est une autre culture, qui a une vraie tradition de l’humour, des comedy clubs”. D’ailleurs, ajoute-t-il, s’il se rend dans la capitale anglaise c’est souvent pour y voir des amis, mais aussi des spectacles. La communauté française qui y vit, il la voit comme une communauté dynamique. “Elle n’est pas dans la nostalgie, est-ce parce qu’il y a la proximité de la France ? Peut-être”. Il dit adorer les Français de Londres, “toujours friands de nouveautés”.
Et il est impatient de les retrouver. La scène lui a cruellement manqué pendant ces mois compliqués de crise sanitaire. Mais le manque ressenti ne venait pas simplement du fait de ne plus pouvoir jouer et faire rire. “Cela allait bien au-delà. J’étais au concert de la chanteuse Isabelle Boulay il y a quelques jours. Elle a expliqué au public que pendant le confinement, ce qui lui avait le plus manqué, ce n’était pas de ne pas pouvoir chanter. Mais de ne pas pouvoir donner. C’est exactement cela. Et ça n’a rien à voir avec du sentimentalisme bidon. La mission d’un artiste, son ADN, c’est d’aller sur scène pour donner. À chaque spectacle, il y a cette émotion, quelque chose d’intense et émouvant. Et j’ai toujours adoré ces moments de retrouvailles”.
Retrouver la scène et le public, soit. Mais comment continuer à faire rire tous les publics, après 25 ans de scène et 50 printemps au compteur ? La clé du succès pour Gad Elmaleh réside dans la capacité à s’intéresser justement aux nouvelles générations. “Si un humoriste n’est pas au contact de la jeunesse, alors il perd de sa substance, il risque d’être déconnecté, d’être en décalage avec le public”. Cependant, pas question de changer de personnalité, simplement d’état d’esprit pour s’adapter. En tant qu’artiste, existe toujours cette crainte de devenir “has been”, de faire le spectacle de trop, ajoute l’artiste. “Mais le doute est un vrai moteur. Et puis, quand on est humoriste, on ne peut pas l’être toute sa vie”.
Reste à savoir l’accepter en dirigeant son énergie vers d’autres projets comme en transmettant son savoir via des collaborations avec de jeunes humoristes, ou en multipliant les perspectives dans le cinéma ou dans l’écriture de scénarios… Ce que Gad Elmaleh, artiste multi-talents (il sait très bien chanter), fait aujourd’hui, lui qui prête par exemple depuis plus de dix ans sa voix à Gru dans les films d’animation de la saga “Moi, moche et méchant”. Cependant, le natif de Casablanca ne s’interdit rien. “On a toujours l’envie de l’adrénaline et si à 60 ans, j’ai toujours autant envie de faire des blagues, et que je suis assez vif pour ça, alors pourquoi pas”.
Si Gad Elmaleh est souvent cité parmi les humoristes préférés des Français, c’est sans doute pour ça : sa capacité à vouloir être le plus vrai possible. “Mon inspiration vient de la vraie vie. Par exemple, quand je parle de mon expérience à Hollywood, j’explique comment, quand j’ai rencontré des grandes stars, j’ai pu me sentir comme un blédard dans certaines situations. Car en réalité, on est tous le blédard de quelqu’un”.
Crédit photo : Crédit : Rubens Hazon
Quand : lundi 19 septembre 2022 à 7pm
Où : Eventim Apollo, 45 Queen Caroline Street, London W6 9QH
Combien : de £52,50 à £74,50
Réservations : ici