A 35 ans, Géraldine Molia semble avoir trouvé son équilibre entre vie professionnelle et artistique. La Française, qui a pendant plusieurs années été surveillante de musée, verra enfin son travail mis en valeur lors d’une première exposition intitulée “Ricochets” qui s’installera à la galerie Carousel du samedi 18 janvier au vendredi 13 mars 2020.
C’est un souvenir d’enfance redécouvert cet été, lors de son séjour dans la maison familiale des Sables d’Olonne, qui a inspiré la peinture de Géraldine Molia ces derniers mois. Ce plaisir n’est autre que celui de la pierre qui rebondit à la surface de l’eau avant de disparaître. Il en découle la série “Ricochets” d’une dizaine de tableaux où se mêlent “la nature, la botanique et des touches abstraites”. “Il y a toujours une certaine ambivalence entre l’éternité des pierres – qui ont de tout temps été utilisées par les hommes – et en même temps leur fragilité qui rappelle notre réalité de mortels”, détaille l’artiste. Depuis plusieurs années, la native de Boulogne-sur-Mer utilise également l’image des cailloux pour matérialiser ses objectifs de vie. “C’est drôle parce qu’ils me paraissent plus ou moins lourds à déplacer selon le travail qui reste à accomplir sur les mots que je leur associe”.
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Pour retranscrire cet espace “rassurant” qu’est la nature, Géraldine Molia s’attèle d’abord au collage des modèles géométriques rappelant la forme des pierres. La composition – pensée pour donner l’illusion de mouvement – est alors recouverte d’aquarelle et d’une encre à base de noix “qui donne cette texture très particulière”. Mais plus que tout, l’artiste aime voir son œuvre se dérober à son pinceau. “Je mets tellement d’eau que la peinture coule et travaille d’elle-même”, explique celle qui parachève son travail par l’ajout de feuilles d’or pour leur “force intrinsèque” et leur semblant de fragilité.
Née à Boulogne-sur-Mer, d’un père graphiste et d’une mère professeure de lettres classiques, Géraldine Molia a été sensibilisée très jeune à l’art, et notamment à la peinture et à la musique classique. “Je ne viens pas d’une famille de scientifiques”, résume-t-elle avant de poursuivre, “mes parents ont fait en sorte de me rendre curieuse”. A 10 ans, la famille déménage à Tours où elle a décroché, en 2002, un baccalauréat économique et social avant de se lancer dans une licence d’histoire de l’art avec une spécialisation en architecture. “Je ne me voyais absolument pas écrire des livres en histoire de l’art”, confie celle qui a alors opté pour un master en organisation d’événements culturels à l’EAC Paris (école d’art et de communication, ndlr).
Après avoir réalisé plusieurs stages, notamment auprès de la fondation Guerlain, la Française décide finalement de quitter l’Hexagone pour “améliorer son anglais” et s’installe à Londres en 2008. “Je suis arrivée là toute seule pensant rester six mois”, lâche-t-elle. L’obtention d’un poste à l’accueil de la Wallace collection lui assure alors une certaine stabilité pendant quatre ans, à quoi vient s’ajouter un contrat d’un an au Tate Britain. C’est alors qu’elle renoue avec l’architecture en travaillant pendant trois ans dans une société de concepteurs d’intérieurs. Débauchée par un cabinet d’architectes pour plancher sur la restauration du musée des Beaux-Arts de Nantes, elle trouve finalement son bonheur en tant qu’assistante administrative dans une autre société spécialisée dans la conservation. Travaillant à 80%, elle profite en effet de son temps libre pour s’adonner à la création et prendre part aux événements organisés par ArtCan, une communauté d’entraide et d’échange entre artistes dont elle est membre depuis 2017.
Enfin, celle qui est devenue citoyenne britannique en février 2019 revêt désormais la casquette de professeure en animant des ateliers d’initiation à l’art destinés aux enfants et aux personnes âgées. Une voie dans laquelle souhaiterait continuer à s’engager celle qui met un point d’orgue à “rattacher (ses) interventions avec l’histoire de l’art pour ne pas travailler ‘hors contexte’”. Une façon, sans doute, de faire honneur à sa formation.