Amoureuse du pain et très sociable, le manque de bons produits français et de spontanéité des individus vivant dans la capitale anglaise lui pesaient. Claire Balas, arrivée en janvier 2017 à Londres et formatrice pour de grandes marques de cosmétiques françaises, a donc trouvé le moyen de combler ces deux vides, en ouvrant, du côté de Dalston début décembre, Ginette French Café. Plus qu’un simple coffee shop, cet établissement devrait devenir un lieu d’expression animé par l’art de vivre à la française.
Si c’est bien l’idée que Claire Balas a de son café, ce n’est pas encore ce à quoi il ressemble aujourd’hui. La jeune propriétaire doit en effet pour le moment concilier son nouveau passe-temps avec son emploi de formatrice en cosmétiques chez Esthederm. “De 9am à 6pm en semaine, je suis aux bureaux et à partir de 6pm en semaine et le week-end, je suis au café”, explique-t-elle. Elle a donc délégué toute la partie opérationnelle à deux employés qui y travaillent à plein-temps. “Je n’ai aucune expérience dans la restauration et les coffee shops. Je me suis donc entourée de personnes qui s’y connaissaient dans le milieu et qui sont en capacité de tout gérer, des stocks au rôle de barista”, confie la Française.
La partie café étant entre de bonnes mains, Claire Balas compte ne se focaliser uniquement et à terme complètement, professionnellement parlant, à la partie événementielle de son établissement. “J’ai fait beaucoup d’animations avec les enfants, et c’est vraiment quelque chose que j’adore. La tenue d’événements dans mon café est donc le cœur du projet. D’ici un an, j’aimerais être en mesure de proposer plusieurs ateliers par jour, en mettant en place un système d’abonnement qui permettrait de prendre part à plusieurs workshops par mois.”
Deux semaines après son ouverture, Ginette French Cafe avait déjà lancé ses premiers ateliers. “Comme je n’ai pas beaucoup de temps, j’ai commencé doucement en proposant des cours de cuisine le week-end. Mais je souhaite vraiment mettre en place des événements liés à l’expression, comme des soirées danse notamment, mais aussi des cours manuels où les gens peuvent s’exprimer en créant des poteries par exemple. Mais je n’ai rien de défini encore et je reste ouverte à toute proposition.” Les idées fusent également à propos de conférences et de group-talks qu’elle pourrait mettre en place. “J’ai le contact d’un commissaire priseur, donc pourquoi pas organiser une conférence sur l’histoire de l’art en France sur une période donnée, des soirées cinémas d’auteurs…”
Si de tels événements seront bien évidemment ouverts à la communauté française, ce n’est pas principalement ce public que Claire Balas souhaite viser. “Je veux permettre la création de liens entre tous ceux qui seraient intéressés par la culture française.” Elle est donc pour l’instant satisfaite de la diversité de ses clients. “J’ai de tout : des Européens dont des Français mais aussi des Anglais… Beaucoup de clients sont des habitants du quartier ou bien les résidents de The Factory (centre créatif et commercial de Dalston, ndlr) et leurs clients”, constate la jeune propriétaire.
Mais elle est surtout émue de voir que la finalité qu’elle souhaite donner à son établissement, c’est-à-dire la création de lien social entre les individus, est déjà au rendez-vous. “J’ai ouvert mon café sans vraiment réfléchir, sans quoi jamais il n’aurait existé. Beaucoup de personnes ne comprenaient pas ma volonté d’ouvrir un tel commerce en pleine période de Covid-19 et alors que j’avais un métier. Elles avaient peur pour moi.” Mais au fond d’elle, Claire Balas savait que son projet était viable. “Justement, avec la Covid, les gens souhaitent sortir et discuter quelques minutes en allant acheter un croissant. Nombreux sont ceux aujourd’hui qui se posent avec un collègue dans le café. Puis Covid ou pas, ils continueront toujours à manger, même si c’est en take-away.”
La qualité de ses produits est certainement une autre raison du bon fonctionnement, jusqu’à présent, de son coffee shop. “Tout est fait par des artisans français de Londres. C’était primordial pour moi de les mettre en avant et de ne pas vendre de produits industriels”, se félicite la propriétaire. Le pain qu’elle propose dans son établissement est par exemple réalisé par Bread andCo. En plus des classiques de la boulangerie française, elle dispose également d’une partie traiteur avec des pâtisseries tels que des tartes tatins, des tartes au citron meringué, des éclairs, des Paris-Brest, et d’une partie snacking salé avec des croques-monsieurs, des quiches lorraine…
“On a décidé de se lancer avec les classiques, explique Claire Balas. Mes goûts ont forcément orienté les produits que je propose. Mais on souhaite dans les premiers mois comprendre la demande et avoir une vue d’ensemble pour ensuite adapter nos articles. Une suggestion box a aussi été installée à l’entrée de la boutique, ce qui permet d’impliquer les clients dans le développement de Ginette.”
Le choix du nom de son café n’est d’ailleurs pas dû au nom de sa grand-mère, comme lui demandent alors souvent les clients. “Dans mon métier, j’adore jouer des rôles afin que mes formations ne soient pas ennuyeuses. Pour cela, je me déguise, et l’un de mes personnages est celui d’une vieille institutrice de sciences qui s’appelle, comme vous l’aurez deviné, Ginette. Et c’est progressivement devenu mon surnom, et maintenant le nom de mon établissement.” L’ennui à Ginette French Café n’aura donc jamais sa place…