Elles se sont rencontrées en 2019 lors d’un événement de Londres Accueil, l’association qui accueille les nouveaux arrivants francophones dans la capitale anglaise. “On est arrivées toutes les deux à peu près en même temps”, confie Chrystèle Jacqmarcq. Elle arrivait de Lausanne, Aude Zibell de Hong Kong. La première travaillait déjà bénévolement pour l’association 1001 Fontaines en Suisse, qui œuvre dans 4 pays, dont le Cambodge, Madagascar, le Vietnam et Myanmar (Birmanie) et créée en 2004 par un jeune ingénieur cambodgien, Chay Lo, ainsi que de deux Français, François Jaquenoud et Virginie Legrand. Ensemble, ils ont mis au point ensemble une micro usine de purification de l’eau à l’énergie solaire afin de permettre aux habitants des zones reculées d’avoir accès à de l’eau potable. Ils l’appelleront ces stations, le Water Kiosk.
Entre 2005 et 2007, 11 premiers sites pilotes sont alors lancés au Cambodge. L’eau, en provenance des eaux de pluie, de mares ou des nappes phréatiques, y est filtrée avant d’être mise en bouteille et vendue aux villageois. Devant le succès de ces water kiosks, les trois fondateurs décident dupliquer le modèle à Madagascar en 2008 puis créent la même année “Water in School”, un programme de distribution quotidienne d’eau potable dans les écoles. “Cela a permis de lutter contre l’absentéisme, contre les maladies hydriques infantiles, et sensibiliser davantage leurs parents”, souligne Chrystèle Jacqmarcq. 15 ans plus tard, plus de 850.000 personnes dont 315.000 enfants ont pu bénéficier de ce programme.
“300 water kiosks, plus de 1000 emplois ont été créés”, ajoute la Française, qui a donc connu l’association lors de son expatriation en Suisse, où elle vivait avant d’arriver à Londres. A l’époque, celle qui travaillait dans une autre vie professionnelle dans la fusion-acquisition était déjà très impliquée dans l’associatif, puisqu’elle donnait des cours de français à des migrants. “J’ai rencontré une des personnes engagées dans l’association lorsqu’elle est venue sensibiliser mes enfants à l’école”, explique-t-elle, “j’avais du temps et j’ai alors voulu m’engager dans ce projet que je trouvais très intéressant”. C’est ainsi qu’elle met les pieds dans 1001 Fontaines en 2017.
“Quand je suis arrivée à Londres, où j’ai suivi mon mari, je n’avais pas envie de lâcher ce projet. Puis j’ai rencontré Aude et je lui ai parlé de l’association. Elle m’a dit tout de suite d’accord pour faire quelque chose ensemble”. Ce qui a fait convaincu Aude Zibell de rejoindre Chrystèle Jacqmarcq, ce sont deux chiffres, dit-elle. “Un tiers de la population mondiale n’a pas accès à de l’eau potable, et une personne, et essentiellement des enfants, meurt toutes les 7 secondes pour avoir consommé de l’eau impropre à la consommation”. Le travail de l’association 1001 Fontaines semble pour elle important, “car le modèle, qui mêle philanthropie et social, est pensé de façon durable”.
Dès juin 2019, les deux amies commencent à réfléchir au projet, rapidement soutenu par les équipes en France et en Suisse. “On a d’abord lancé une étude de marché sur la philanthropie au Royaume-Uni, pour voir si des ONG de ce type existaient, comment marchent les financements”. Cette étude est ensuite présentée à Paris, qui leur donne le feu vert. Mais la Covid s’invite dans le montage du projet, cependant pas question de tout abandonner. “Cela nous a juste décalé le lancement, on en a profité pour travailler avec des avocats, on a commencé le réseautage”.
C’est donc en septembre 2021 que la branche britannique de 1001 Fontaines voit officiellement le jour. “Mais on avait déjà amorcé notre plaidoyer auprès des entreprises et des écoles”. L’objectif : les sensibiliser au problème d’accès d’eau potable dans certains pays du monde et engager une levée de fonds pour développer des projets dans ces pays. “L’association veut multiplier par trois son impact, en touchant 8 millions de bénéficiaires d’ici 2030”.
Pour continuer à cette levée de fonds depuis le Royaume-Uni, Chrystèle Jacqmarcq et Aude Zibell travaillent activement à postuler à des appels à projet de fondations et de trusts. “On souhaite établir des partenariats avec des entreprises qui souhaiteraient s’engager aux côtés de l’association”, confient les deux Françaises, qui estiment former “un très bon binôme”. “On aime travailler ensemble. Et quand on se lance dans un tel projet c’est important de bien s’entendre”.
Le 30 novembre, elles lanceront une campagne pour le Giving Tuesday, qui permettra de faire une prière collecte de dons auprès du grand public. “On aimerait aussi organiser quelque chose autour du Dry January ainsi que pour la journée mondiale de l’eau le 22 mars prochain”. Aussi en septembre 2022, elles participeront au Thames Path Ultra Challenge.
“C’est passionnant”, reconnaît Chrystèle Jacqmarcq, “on a la chance d’avoir des équipes très impliquées et engagées”. “C’est aussi tout cela qui m’a plu”, ajoute Aude Zibell, qui est heureuse de pouvoir amener ses compétences, elle qui, lorsqu’elle vivait aux Etats-Unis, participait à des levées de fonds pour des entreprises.
1001 Fontaines