C’est chez Withings qu’Alexis Normand et Matthieu Vegreville se rencontrent et travaillent ensemble. L’entreprise propose des objets connectés dans le domaine de la santé pour aider les patients et les médecins à adopter des comportements de prévention. Collecter des données et les rassembler dans des tableaux de bord, c’était donc l’expertise de ces deux collègues de travail.
Début 2020, Alexis Normand réalise qu’il est possible d’appliquer, au secteur de l’environnement, le travail qu’il avait fait chez Withings. Il lance alors, avec Matthieu Vegreville, Greenly. Un troisième associé, Arnaud Delubac, les rejoint dans l’aventure. “On avait cette idée que les mécaniques d’incitation à court terme à adopter des comportements de prévention dans la santé pouvaient être transposés au secteur de l’environnement”, raconte Alexis Normand.
Le principe est plutôt simple : fournir au consommateur une analyse de l’empreinte carbone de sa consommation pour lui permettre de faire mieux. C’est ainsi que naît l’application grand public. “On a créé une connexion entre le compte bancaire et l’outil. Chaque dépense est catégorisée et en fonction de cette catégorie, on estime l’empreinte carbone de la dépense”, explique le co-fondateur.
L’application rencontre son public et les banques montrent également un intérêt certain. Mais ça n’allait pas assez vite. “On devait avoir plus d’impact, on a donc pivoté sur le créneau B2B. C’était évident que ce qu’on faisait sur de la donnée bancaire pouvait s’appliquer à de la donnée comptable”, justifie Alexis Normand.
Progressivement, l’équipe pose les briques pour proposer un bilan carbone réglementaire. Ils profitent aussi de l’obligation légale à faire ce bilan pour les entreprises de plus de 500 salariés. Le marché est alors occupé par des consultants. “Ils faisaient très bien leur travail, mais c’était très cher. On a décidé que pour démocratiser ça, il fallait créer un outil accessible à tout le monde. On s’est donc tourné vers les PME.” 500 clients plus tard, le co-fondateur de Greenly se félicite de cette décision, la demande est bien réelle.
Fort de cette belle réussite à l’échelle française, l’équipe se lance à l’international après une belle levée de fonds de 21 millions d’euros. Et ils ont choisi d’attaquer le Royaume-Uni et les États-Unis en simultané. Alexis Normand l’avoue : “On pourrait dire que nous n’avons aucune prudence, que nous sommes fous. Mais en même temps, si on ne ‘scale’ (se développer, ndlr) pas à toute vitesse, c’est ça qui serait fou”. En effet, sur un marché qui touche à l’empreinte carbone, il n’est pas question d’être prudent, mais plutôt d’agir vite, tant qu’il est encore temps pour la planète.
Tout comme les Français, les Britanniques semblent avoir vraiment conscience du besoin de mesurer son empreinte carbone. “Quand on parle aux Anglais, à aucun moment ils ne contestent l’intérêt de suivre leurs émissions de gaz à effet de serre. Notre offre change très peu ici, c’est plutôt une adaptation au niveau marketing”, confie Alexis Normand.
Aligner sa trajectoire business et sa trajectoire climat est une idée plutôt répandue en Europe et Greenly a déjà signé de beaux clients outre-Manche comme Zoopla, Pernod-Ricard ou encore la supply chain (chaîne de production, ndlr) de LVMH. L’équipe londonienne compte déjà deux personnes et Greenly vise le recrutement de deux autres personnes dans les prochains mois.