« Nous nous consacrons à nourrir l’esprit des générations futures, mais nous avons du mal à joindre les deux bouts ». Ce sont en ces mots que certains manifestants ont résumé leur sentiment lors du piquet de grève du jeudi 21 mars 2024. Qui pourrait d’ailleurs être le premier d’une longue série. En effet, à l’appel des syndicats d’éducation français et de la National Education Union, une partie du personnel du Lycée français Charles de Gaulle de Londres s’est mobilisée devant l’établissement dans la matinée, juste avant le début des cours. Sous contrat local, ces employés, incluant professeurs mais aussi personnel encadrant, réclament depuis plusieurs mois une augmentation de salaire de 6,5%.
Selon le syndicat NEU, la vague de mécontentement est née lors de la proposition d’augmentation de salaire de 1% présentée aux employés en décembre 2023. « L’offre a été révisée fin février à 3%, suite aux actions du début de l’année et à la grève historique du 11 janvier avec 47% de grévistes, ainsi que la rétention des notes et les boycotts des examens blancs par les enseignants », explique le syndicat. Mais cette augmentation de 3% avait été jugée « insuffisante » et « inférieure à l’inflation et à la rémunération que les enseignants ont obtenue dans le secteur public au Royaume-Uni ». A cela s’ajouterait le fait que l’évolution annuelle des rémunérations était bien en-deçà de celle de l’inflation. « Au cours des cinq dernières années, nous avons constaté une perte de pouvoir d’achat de 18% », avancent les syndicats, « cela a une incidence disproportionnée sur le personnel le moins bien payé de l’école, comme le personnel de cantine, d’entretien, et les assistants d’éducation, qui font déjà face à d’importantes difficultés financières. »
Leur demande d’augmentation de 6,5% correspond à ce que les écoles publiques anglaises ont obtenu pour 2023-2024, après 5.4% en 2022-2023. « Si cette hausse était accordée, ce serait la première fois depuis huit ans que la revalorisation salariale au Lycée ne serait pas inférieure à l’inflation », soulignent les syndicats. Si elle est obtenue, cette revalorisation concernerait environ 380 employés.
Lors de la grève, d’autres revendications se sont ajoutées, cette fois-ci provenant des autres enseignants, dits “résidents” car employés sous contrat public français. Ces derniers exprimeraient également leur frustration face à la disparité entre leur indemnité de vie locale (ISVL) et celle de la direction (IRE). « L’indemnité de la direction demeure cinq fois plus élevée que la nôtre », avance un représentant des enseignants, « cet écart s’est encore agrandi lors de la récente augmentation de 9,92% de l’indemnité de résidence du personnel de direction en janvier 2024. »
De son côté, la Proviseure aurait communiqué aux représentants des personnels qu’elle n’avait pas le mandat pour décider elle-même des revendications. « Elle remonte à l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger) son avis et les demandes des représentants des personnels, et c’est l’AEFE qui décide de lui accorder une marge de manœuvre ou non », confie la NEU.
Pour John Friend, représentant régional de la NEU London, le combat, dont l’objectif « vise à corriger les disparités salariales et à garantir une rémunération équitable pour tout le personnel » doit donc continuer pour obtenir cette revalorisation. « Nous réclamons une augmentation qui soit une étape significative vers une revalorisation à long terme de la rémunération du personnel du Lycée Français Charles de Gaulle. » Il souhaite que la direction du lycée engage un « dialogue constructif pour parvenir à une solution équitable qui reconnaisse le dévouement et la contribution indispensable de tous les membres du personnel. »
De nouvelles journées d’actions sont prévues si l’établissement n’accepte pas les revendications formulées par les syndicats, prévient la NEU. Si rien n’est encore défini, les grèves pourraient avoir lieu, selon certaines sources, les mardi 26 et mercredi 27 mars, ainsi que les mardi 16, mercredi 17 et jeudi 18 avril prochains.