Tradition ancestrale des fins d’après-midi britanniques, l’afternoon tea est bien souvent l’occasion de se retrouver en famille ou entre amis pour un moment de convivialité autour d’une tasse de thé (of course) et de pâtisseries. A deux pas de Russell Square, dans le bar du quintuplement étoilé hôtel Kimpton Fitzroy London, se déguste depuis le 1er novembre 2019 un menu “tout chocolat” élaboré par le chef pâtissier français Thibault Marchand.
Du haut de ses 27 ans, celui qui a remporté en juin dernier le concours culinaire du Great British Bake Off s’est depuis attelé à réinventer en profondeur son afternoon tea, en commençant par s’associer au chef barman, Sean Fennelly. Travaillant conjointement, les deux hommes ont ainsi mis sur pied une carte où le chocolat se niche (quasiment) partout en “suivant une lente progression” d’intensité. Le résultat est à venir découvrir – à jeun de préférence – du jeudi au dimanche de 12pm à 3pm.
Si le prix du menu (£65) et le prestige de l’établissement pourrait sembler quelque peu déconcertant de prime abord, le constat une fois attablé est tout autre. En effet, loin de se contenter de produits onéreux et fastueux, les chefs ont préféré miser sur la recherche et la découverte de saveurs souvent inédites. A noter également qu’une formule “sans alcool” est proposée à £45.
A la carte : Sitôt installé, un cocktail fait office de mise en bouche à base d’eau de vie, de jasmin, de citron, d’une infusion de chocolat blanc et d’une note de champagne. Vient alors le moment de choisir un thé ou une infusion parmi une quinzaine de propositions qui raviront tous les palais. A titre d’exemple, le thé noir Himalaya népalais révèle une certaine puissance et des saveurs affirmées tandis que le Sencha revêt quant à lui des notes florales et une plus grande légèreté.
La dégustation débute alors par un plateau de mini-sandwichs multicolores successivement au poulet tandoori, à la truite fumée ou encore au caillé de chèvre et à la confiture de figue. Le tout à marier avec un cocktail au goût fumé mêlant le mescal – un alcool mexicain obtenu à partir d’agaves – à un cacao pur à 66%.
Arrivent ensuite les fameux scones, en version classique et chocolatée. Une fois ouverts, ne reste qu’à les couvrir de confiture de myrtille, de fruit de la passion ou encore de la traditionnelle clotted cream (une sorte de crème fraîche épaissie très appréciée des Britanniques, ndlr). Une eau de vie à la cerise imprégnée de chocolat au lait parachève ce subtil mélange de saveurs.
Point d’orgue du menu, les pâtisseries du chef. Ces quatre créations enferment en elles leurs lots de surprises qu’il faut prendre le temps d’apprécier. A commencer par un chou mêlant chocolat noir, fève de tonka et citron. Suivi d’une tarte au café et d’une pièce au deux chocolats (noir et au lait) entre lesquels viennent s’intercaler mangue et fruit de la passion. Et enfin, un “petit gâteau” pour un grand délice lorsque le cassis rencontre un chocolat noir à 62%.
La conclusion s’opère autour d’un chocolat chaud un peu spécial puisque préparé à base de bière brune, de chartreuse, de crème de vanille et de safran.
Le must-eat : Si après avoir expérimenté tant de saveurs, il y a fort à parier que les avis divergeront, le coup de cœur de la rédaction revient à la tartelette deux chocolats, mangue et fruit de la passion. Chaque niveau de ce subtil empilement se laisse en effet découvrir dans un ensemble harmonieux et savoureux.
Le must-drink : Ici, le tout premier cocktail – à base d’eau de vie, jasmin, citron, chocolat blanc et champagne – remporte la palme pour son aspect soyeux, consensuel et rafraîchissant.
On peut faire l’impasse : A force de découverte, on en viendrait peut-être à ne plus les apprécier à leur jute valeur. Ainsi, le chocolat chaud à base de chartreuse pourra paraître superflu pour certains.
On y va : Le week-end, lors de grandes occasions ou tout simplement pour connaître une expérience culinaire raffinée, singulière et résolument moderne. Sur place, comptez au moins deux bonnes heures pour laisser à votre palais le temps de souffler entre les plats. A noter qu’il est impératif de réserver par téléphone avant de se rendre sur place.
Le + : Sans parler du contenu de l’assiette, le lieu vaut à lui seul le détour. Derrière d’épais rideaux se cache en effet une salle de bar pouvant accueillir une trentaine de convives. Confortablement assis sous une sorte de lit à baldaquin, l’atmosphère régnante est celle d’une bulle hors du temps. Une sensation qui se trouve renforcée par la lumière tamisée, l’ambiance musicale soignée et les peintures florales tantôt abstraites tantôt réalistes qui ornent les murs. Enfin, le service irréprochable vient parfaire ce ressenti, d’autant que deux des serveuses sont francophones.
La note de French Morning London : 5/5