C’est une première historique, lance avec un grand enthousiasme Guillaume de Marcillac. Le patron de Travel Ski vient de signer début septembre un partenariat avec Eurostar pour relancer le “snow train”. La compagnie ferroviaire avait en effet annoncé début juillet 2020 la suspension de son train vers les stations alpines pour mieux se concentrer sur ses lignes principales. Une décision qui avait soulevé la colère des associations environnementales françaises, d’élus savoyards, mais aussi de consommateurs britanniques. “On s’est dit qu’il y avait alors quelque chose à faire”, raconte Guillaume de Marcillac, “Travel Ski, en tant qu’un des plus importants tour opérateurs de ski, avait tout son rôle à jouer”.
Surtout que l’entreprise, créée il y a une quinzaine d’années et qui appartient aujourd’hui au groupe la Compagnie des Alpes depuis 2018, ambitionnait déjà de poursuivre son développement européen. Et après le marché belge et néerlandais, c’est celui britannique que Travel Ski souhaitait conquérir, la clientèle anglaise étant importante et donc très stratégique pour les Alpes françaises. Les études menées depuis le printemps dernier n’ont fait que confirmer cette nécessité de relancer le très populaire “snow train”.
“Au départ, c’était un projet un peu fou”, reconnaît le patron de Travel Ski, “nous n’étions pas sûrs qu’Eurostar nous laisse opérer un train à notre compte”. Car jamais jusqu’ici un tour opérateur n’avait conclu un tel partenariat avec une compagnie ferroviaire. “Le modèle connu jusqu’à présent était par exemple de réserver 100 places sur 900 dans un train. Mais dans ce projet, on a pris la main sur la distribution du train”, explique Guillaume de Marcillac. En somme, le transport sera inclus dans le package proposé. Un package de 7 jours de ski comprenant également l’hébergement, les forfaits, la location de matériel et auquel il est possible d’ajouter des options de services complémentaires comme des assurances, des food packs ou encore des activités diverses en station.
Approché au printemps dernier, Eurostar a finalement été rapidement convaincu par le projet et l’accord a pu être été finalisé en septembre. La compagnie ferroviaire y gagne beaucoup, puisque l’entreprise, qui en profite pour relancer sans frais sa ligne existante, ne sera en charge que du check-in et du passage aux frontières des voyageurs, le reste de l’organisation étant la responsabilité de Travel Ski. Le tour opérateur, lui aussi, est gagnant, son ambition étant de ramener la clientèle britannique dans les Alpes françaises.
Ante-Covid, environ 1 million de voyageurs anglais se rendaient à la montagne chaque hiver. “C’est une clientèle fidèle, qui aime le grand ski et dont le pouvoir d’achat est élevé”, détaille le patron de Travel Ski. Sauf que la pandémie, et la saison noire 2020-2021 qui avait vu la fermeture des remontées mécaniques, ont créé, selon lui, “une forme d’inquiétude en France”. Les Anglais n’ayant pas pu se rendre comme à leur habitude dans les stations alpines pourraient alors ne pas vouloir revenir dans les stations alpines “à cause de la concurrence des destinations dites “soleil” ou d’autres pays de ski comme l’Autriche” qui tentent de les séduire.
Travel Ski croit donc en son concept, car l’offre est un produit clé en main et surtout “rien ne change pour les personnes qui auraient déjà pris ce snow train. C’est le même processus, la même rotation”, complète Guillaume de Marcillac avant d’ajouter, “c’est vraiment un service très adapté aux familles, avec un point de départ très pratique. Et puis, c’est aussi un produit Eurostar que les Français de Londres comme les Britanniques connaissent bien, avec des destinations vers de grandes stations qu’ils plébiscitent”.
Le départ se fera tous les vendredis soirs, entre Noël et la mi-avril, depuis la gare de Londres Saint Pancras. “On est actuellement en train de travailler sur l’accueil des passagers avant le check-in”, précise la patron du tour opérateur. Une fois le contrôle aux douanes effectué, les usagers pourront patienter dans la salle d’attente Eurostar avant l’embarquement. Le train de nuit (sans couchette) sera direct jusqu’à Moûtiers ou Bourg-Saint-Maurice. Les personnes ayant choisi le Standard Premier auront le droit à un dîner et au petit-déjeuner. Les autres classes pourront se rendre au wagon bar ou apporter leur casse-croûte.
Côté logistique, les voyageurs ne seront pas trop limités car ils pourront voyager avec deux grosses valises (de 85 cm de long maximum), ainsi que d’un petit bagage et de leurs skis ou de leur snowboard. “On prévoit de neutraliser des sièges pour faire un maximum de places pour accueillir les bagages”, précise Guillaume de Marcillac. L’arrivée se fera dans la matinée et le transfert sera là aussi pris en charge. Des bus seront mis à disposition : ceux à Moûtiers prendront la direction des stations de Méribel et des Ménuires et ceux de Bourg Saint-Maurice celles de Val d’Isère, Tignes, La Plagne et les Arcs. “Il sera possible pour les personnes d’aller skier directement après leur arrivée si elles le souhaitent”, ajoute le patron de Travel Ski. Le train retour partira le samedi suivant à 9h30 (pour une arrivée à 16h30 à Londres), et le transfert vers la gare sera également assuré depuis les stations.
Travel Ski a souhaité que cette offre soit accessible au plus grand nombre, c’est pourquoi un travail a été effectué sur la tarification. “Il y aura des offres hors périodes scolaires qui proposeront des tarifs attractifs”, détaille Guillaume de Marcillac, “par exemple pour une famille de 4, il faudra compter environ £5000 pour une semaine en février, mais entre £2 et 3000 en basse saison”.
Si ce partenariat “historique” a été seulement conclu pour la saison 2021-2022, en cas de succès, la collaboration pourrait continuer, mais prendre certainement une nouvelle forme. “On a une clause de revoyure, mais ce que nous souhaitons réellement c’est qu’Eurostar relance à terme son ‘snow train’”, confie le patron de Travel Ski. Il imagine, pourquoi pas, un mélange de deux offres. “On ne peut pas tout réinventer mais on peut imaginer d’autres trains sur d’autres destinations”.